dimanche 18 mai 2025

JURIShebdo Immobilier numéro spécial 45 du 9 avril 2013

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Au Sommaire :


Les analyses de Bernard Vorms, Guillaume Daudré, Lionel Carli, Philippe Pelletier, Claire Castela et Régis Hallard, Brigitte Bariol, Didier Ridoret,Patrick Doutreligne, Arnaud Dewachter,Charles-Henri de Marignan, Christian Louis-Victor, Olivier Mesmin et Christine Daric, Etienne Ginot et Jean-François Buet, l’ARC et Marie-Laure Decobert.

¦ Les grandes réformes de la politique du logement depuis 2000
Bernard Vorms, Directeur général de l’ANIL – Agence nationale pour l’information sur le logement page 2
¦ Dix ans d’application de la réglementation des changements d’usage : bilan et perspectives
Guillaume Daudré, Notaire assistant, Allez & Associés page 4
¦ Mettre l’humain et les usages au cœur du bâtiment
Lionel Carli, Président du CNOA – Conseil national de l’ordre des architectes page 6
¦ Favorisons le développement durable de la loi !
Philippe Pelletier, Avocat associé, Lefèvre, Pelletier et Associés page 8
¦ Chronique d’un loyer indexé
Claire Castela et Régis Hallard, Avocats associés du cabinet FIDAL page 10
¦ Du territoire administratif à l’intercommunalité démocratisée ?
Brigitte Bariol, Déléguée générale de la FNAU – Fédération nationale des agences d’urbanisme page 12
¦ Trop, c’est trop !
Didier Ridoret, Président de la FFB – Fédération française du bâtiment page 14
¦ Face aux addicts des aides fiscales, il faut revenir à l’intérêt général
Patrick Doutreligne, Délégué général de La Fondation Abbé Pierre page 16
¦ L’épargne immobilière au secours du logement
Arnaud Dewachter, Délégué général de l’ASPIM – Association française des sociétés de placement immobilier page 18
¦ Retour sur les incitations en faveur de l’investissement résidentiel
Charles-Henri de Marignan, Analyste senior, IEIF – Institut de l’épargne immobilière et foncière page 20
¦ Les gens modestes ne pourront plus s’offrir un logement
Christian Louis-Victor, Président de l’UMF – Union des maisons françaises page 22
¦ SIIC: 10 ans déjà !
Olivier Mesmin et Christine Daric, Avocats associés chez Baker & McKenzie page 24
¦ Pour une nouvelle loi Hoguet !
Etienne Ginot, président de l’UNIS et Jean-François Buet, président de la Fnaim
Union des syndicats de l’immobilier – Fédération nationale de l’immobilier page 26
¦ Vive la crise !
ARC, Association des Responsables de Copropriété page 28
¦ Le démembrement de l’immobilier d’entreprise
Marie-Laure Decobert, Ingénieur Patrimonial, Swiss Life Banque Privée page 30

500>Chaque semaine nous prenons la plumepour vous écrire. Cette fois-ci nous vousavons laissé la main.Grâce au travail de coordination réalisé parNathalie Levray, nous vous livrons aujour-d’hui ce numéro exceptionnel conçu àl’occasion du numéro500 de JurisHebdoImmobilier.Nous remercions vivement tous ceux quiont bien voulu se prêter à cet exercice,délaissant l’analyse ponctuelle de telle dis-position technique, pour prendre du reculsur l’évolution du droit.C’est pour nous l’occasion de vous remer-cier de votre fidélité, depuis la création deJurisHebdo Immobilier en 2000.>Bertrand DesjuzeurDirecteur de la rédactionLa médaille et son reversNous vous avions proposé, il y a quelques semaines,d’envoyer à la rédaction, comme un écho au travail de four-mi qui vous est proposé chaque semaine en synthèse et enanalyse, de vous laisser la plume. Il faut dire que ce n’était pasà n’importe quelle occasion, puisqu’il s’agissait de déposerdans le jardin du 500e numéro de Jurishebdo Immobilier vosdécryptages de dix ans d’évolution du droit immobilier. La mois-son est belle! Merci à vous, donc, qui avez sorti votre plume pourprendre un peu de recul et nous dire comment vous appréciez lepassé et comment vous entrevoyez le futur. Chacun, donc, a rele-vé ses joies, ses doutes, ses peines et ses espoirs dans le champ deson action. Voici les miens.Changement de siècle. Le passage de millénaire s’est réalisé àcheval sur dix années de hausse de prix dans l’immobilierentre1997 et2007, accompagné par des lois pour tenter de pro-téger le plus faible (SRU et DALO). Les constructions se réalisentavec des exigences européennes, citoyennes, environnementaleset financières grandissantes. Notre société a muté. L’invasionlégislative et normative est, selon les cas, nourrie ou contreba-lancée par l’imagination des uns et l’ingéniosité des autres.Changement d’angle. Les pouvoirs publics ont tourné le dos àune politique sociale du logement en favorisant les investisse-ments locatifs privés par des incitations fiscales (Robien, Scellier)sauf dans les zones urbaines sensibles où un programme nationalde rénovation urbaine (Borloo) est venu épauler le secteur dubâtiment sans vraiment réussir à mieux loger les pauvres.L’approche est plus dure, plus excluante et plus rémunératrice.Changement d’échelle. Les lois Chevènement et Voynet ontguidé les évolutions de nos territoires, nos villes et nos cam-pagnes. Les politiques publiques ont tenté de transcender lequartier et la commune pour venir s’étaler au niveau del’intercommunalité et de l’agglomération. Ce nouveau focusdégage de nouvelles perspectives, de nouveaux lotissements, denouveaux besoins.Changement de paradigme. Les Grenelle de l’environnementont tenté de fixer un cadre plus vert, plus sain, plus beau pour lut-ter contre la pollution, le gaspillage, le réchauffement clima-tique. Les acteurs de terrain jouent le jeu, inventant une nouvel-le vision, plus globale, plus durable et plus performante. Maisaussi plus coûteuse.Changement de monde. La crise, qui est là, pourrait êtrel’occasion de changer le monde. Plutôt que de chercher à savoirqui est responsable ou qui doit être désigné coupable, ne serait-il pas temps d’user de nos savoir faire, de mieux coopérer, demieux travailler? D’exiger un monde nouveau où les lois et lesnormes superfétatoires seraient remplacées par le bon sens etl’intérêt général? Un monde où les pouvoirs publics, les institu-tions, les acteurs économiques et sociaux, les consommateurs etles usagers, en un mot les citoyens, serviraient l’intérêt général,celui du modeste comme du nanti.Nathalie LevrayJURIShheebbddooLa lettre du droit immobilierpour les professionnelswww.jurishebdo.frNUMÉRO Spécial 459AVRIL 2013ISSN1622-141912EANNEEL’ESSENTIELNuméro spécial:500 numéros de JurisHebdo!..immobilier- 2 -Analyses-Les analyses de Bernard Vorms, Guillaume Dau-dré, Lionel Carli, Philippe Pelletier, Claire Castelaet Régis Hallard, Brigitte Bariol, Didier Ridoret,Patrick Doutreligne, Arnaud Dewachter,Charles-Henri de Marignan, Christian Louis-Vic-tor, Olivier Mesmin et Christine Daric, EtienneGinot et Jean-François Buet, l'ARC et Marie-Lau-re Decobert.- 32 -Sommaire détaillé-SOMMAIREEDITORIAL
Qu’y a-t-il eu en France de comparableà la financiarisation du logement dansles pays anglo-saxons ou à la transfor-mation du rôle du parc social, qu’ils’agisse du right-to-buy britannique oudu brutering des Pays-Bas? A-t-onconnu des bouleversements identiquesà la dérégulation de la constructibilitédes sols qui a eu lieu en Espagne ouencore à la réduction de la durée desbaux à six mois dans le parc privé enAngleterre?En 2000, la loi SRU est venue inscrirel’objectif de mixité sociale dans lestextes. L’obligation de disposer de 20%de logements sociaux dans les com-munes d’une certaine importancedevait permettre de dépasser leségoïsmes locaux, en écartantl’argument selon lequel il serait dérai-sonnable de construire des logementsHLM dans les villes riches car le fonciery est très cher. Initialement objet d’uneopposition très forte au sein du Parle-ment, ce texte n’est plus aujourd’huiremis en cause par personne oupresque, et le débat porte sur la façonde lui donner plus d’efficacité, en rele-vant le pourcentage de loge-ments sociaux de 20 à 25%et en augmentant la pénalitépour les communes récalci-trantes.La place prise par la question des plusdémunis dans la politique du logementconstitue également une évolution pro-fonde. Cette évolution est symboliséepar le magistère conquis avec talent parla Fondation Abbé Pierre. Le Droit auLogement Opposable en constitue letexte phare: réclamé depuis des annéespar les associations, le DALO a été votépar surprise en période électorale, parun gouvernement de droite, avec lesoutien unanime de députés majoritai-rement sceptiques. Le fait que sa miseen œuvre se heurte à l'insuffisance del’offre dans les zones tendues, etd’abord en région parisienne, là où leproblème se pose avec le plus d’acuité,met en lumière les limites du pouvoirde la loi et le caractère artificiel d’undébat national focalisé sur le déficitglobal de logements, alors que lesconditions d’accès au logement reflè-tent une différen-ciation géogra-phique de plus enplus accusée.Mais c’est encore lepoids des facteurs extérieurs qui auraeu l’influence la plus déterminante surla situation du logement: la surliquiditédu système financier mondial a provo-qué une baisse rapide des taux d’intérêt(supérieurs à 12% dans les années1980, inférieurs à 7% en 2000 et à 4%aujourd’hui). Associée à l’allongementde la durée des prêts, elle a contribuépour une forte part à la croissance rapi-de du prix des logements et débouchéaux États-Unis sur la crise des subprime.Ce n’est pas un hasard si dans la plupartdes pays développés, les préoccupationsliées au logement, voire le thème de lacrise du logement, ont pris simultané-ment une place croissante dans les pro-grammes politiques. En France, la partdes dépenses de logement dans laconsommation des ménages a progresséde façon particulièrement rapide, maissurtout cette progression a été beau-coup plus forte pour les ménagesmodestes que pour les catégoriessociales aisées. Les loyers n’ont pas évo-lué au même rythme que les prix, leurinertie dépend de fait très largementdu cadre réglementaire, mais le déficitd’offres dans les zones tendues et lahausse des prix contribuent à dresserdes obstacles considérables àl’installation des outsiders et d’aborddes jeunes. La tension se reflète dansl’écart entre les loyers HLM et les loyersde marché: faible dans les zones déten-dues, il va de 1 à 3 à Paris.En revanche, la crise, si elle s’est tradui-te par un effondrement du nombre detransactions et de constructions nou-velles en2008 et2009, n’a pas eu lesconséquences dramatiques pour lesaccédants que l’on a observées dansd’autres pays: le taux des défaillancesd’emprunteurs ne s’est pas accru et lenombre de saisies est resté anecdo-tique. Ceci s’explique par l’équilibre desstatuts d’occupation (58% de proprié-taires occupants en 2009, 24% de loca-taires dans le parc privé et 18 % delocataires dans le parc social) - qui fait9avril 20132JURIShheebbddooimmobilier••550000LAVIGUEURDUDÉBATPOLITIQUEAUTOURDUTHÈMEDELA“FRANCEDEPROPRIÉTAIRESRESTESTRICTEMENTRHÉTORIQUE“Les grandes réformes de la politique du logement depuis 2000”parBernard Vorms,Directeur généralde l’ANIL
qu’il n’est pas nécessaire d’être proprié-taire pour se loger -, le faible endette-ment des ménages, les caractéristiquesde la filière de crédit, et l’accent mis surla protection et l’information desemprunteurs. Et de fait, le plan derelance a pris appui à la fois sur laconstruction locative sociale, l’aide àl’accession sociale et une fiscalité favo-rable à l’investissement locatif, ce quicorrespond à une constante de la poli-tique française. La vigueur du débatpolitique autour du thème de la « Fran-ce de propriétaires » reste strictementrhétorique: elle n’a pas d’incidenceconcrète sur les dispositifs techniquesde la politique du logement: discoursde rupture et politique de continuité. Etde fait, ceci se reflète dans les réformessuccessives du prêt à taux zéro: aprèsavoir accompagné le plan de relance, ilse plie maintenant au nouvel environ-nement budgétaire de la politique dulogement et à la montée des préoccu-pations en matière de maîtrise del’énergie.Reste que l’efficacité du prêt à tauxzéro était inversement proportionnelleà la tension du marché etque ce ne seront probable-ment pas les métropoles quisouffriront le plus de ces res-trictions. Dans les zonesdenses qui concentrent l’activité, larichesse et aussi la grande pauvreté, lespolitiques de soutien de la demandetrouvent leurs limites lorsque leur effetest en partie annulé par la hausse duprix du foncier.Comment peser sur l’offre? Cette ques-tion n’est pas non plus spécifique à laFrance: malgré un environnementréglementaire très différent, les Londo-niens éprouvent pour se loger des diffi-cultés proches de celles rencontréesdans la région parisienne. Dès 2004, lerapport Barker pointait le malthusianis-me des maires anglais pour expliquer lafaiblesse de la construction britannique.C’est pourquoi, une importante réformeà venir pourrait avoir pour objet dedéplacer le droit de refuser les permisde construire, qu’il s’agisse de loge-ments sociaux ou de logements privés,pour l’éloigner de la proximité immé-diate de l’électeur.Cela ne signifieraitpas que ce pouvoirserait confié à uneinstance non élue,mais il serait situé àun niveau propre à dépasser le goût del’entre soi des habitants et leur volontéde préserver leur cadre de vie, préfé-rences dont les élus sont les interprètesfidèles. Il s’agirait de changementsimportants dans la gouvernance de lapolitique du logement, mais ce ne seraitpas les premiers: déjà l’État a transféréaux collectivités locales nombred’attributions qu’il n’était plus en mesu-re d’exercer ou pour lesquelles le cadrenational n’était pas pertinent. Mais lapolitique du logement ne pourra pasfaire qu’il soit aussi facile et aussi peucoûteux de se loger à Paris qu’à Berlin,ville surdimensionnée où l’offre excèdelargement la demande.Si toutes les mesures qui relèvent de lapolitique du logement n’ont pas lamême efficacité, encore faut-il qu’ellessoient connues de l’ensemble desacteurs et que l’on puisse évaluer leurseffets. C’est à quoi se sont attachéesl’ANIL et les ADIL, en dotant l’ensembledu territoire français d’un service indé-pendant d’information, qui permet auparticulier de tirer parti des opportuni-tés, de sécuriser ses projets et qui offreen retour aux élus et aux professionnelsdes observations objectives sur le fonc-tionnement du secteur.B. V.9avril 20133JURIShheebbddooimmobilier••550000LAPOLITIQUEDULOGEMENTNEPOURRAPASFAIREQUILSOITAUSSIFACILEDESELOGERÀPARISQUÀBERLIN
Ces dix dernières années aurontété particulièrement riches ennouveautés pour le contrôle del’usage des locaux d’habitation:nouveaux textes, nouveauxacteurs, nouvelles pratiques.Il y a dix ans: un dispositifobsolèteLe contrôle de l'affectation des locauxn'avait pas évolué depuis son instaura-tion en 1945. Désuet, et pour le moinsfolklorique aux yeux des investisseursétrangers, ce dispositif a bien failli dis-paraître lors du vote de la loi SRU du13décembre 2000. Sa survie n'a tenuqu'à son objectif, toujours d'actualité:maintenir, voire accroître, le parc deslogements existants dans les centresurbains où s'exerce une forte pressionpour transformer ceux-ci en bureaux,commerces ou cabinets de professionslibérales. Les praticiens, notamment dunotariat, appelaient de leurs vœux unerefonte totale des textes.La grande réforme de 2005Le 8juin 2005, après quinze ansd'efforts, a été signéel'ordonnance réformant lesarticles L631-7 et suivants duCode de la construction et del'habitation. Élaborée sur unebase consensuelle, la réforme apporteune réelle simplification. Elle a eu prin-cipalement pour objet:- de réduire le champ d'application auxvilles de plus de 200000 habitants etaux départements de la première cou-ronne parisienne,- de lister les locaux d'habitation dontle changement d'usage est soumis àautorisation,- d'abandonner la référence à 1945pour déterminer l'usage du local, etretenir l'année 1970 qui correspondait àla dernière révision générale des valeurslocatives,- d'accorder un caractère réel aux auto-risations accompagnées d'une compen-sation en nature (transformation enlogement d'un autre local), les autresautorisations n’ayant qu’un caractèrepersonnel,- d'habiliter les préfets à fixer les condi-tions de délivrancedes autorisations dechangementd'usage et détermi-ner les compensa-tions.Mieux informés de la situation deslocaux, bailleurs et locataires ont gagnéen sécurité juridique. A toutefois étéécartée la prescription acquisitive del'usage à l'issue d'une périoded'occupation trentenaire.En 2009, la décentralisationLa LME du 4août 2008 franchit unenouvelle étape. Pour agir au plus prèsdu terrain, le contrôle de l'usage esttransféré aux communes le 1eravril2009. La Ville de Paris a évidemmentété la première à définir dans un règle-ment sa propre politique d'affectationdes locaux. De grandes villes de provin-ce (Lyon, Marseille, Nice, Strasbourg, Lil-le…) et certaines communes de la petitecouronne lui ont emboîté le pas. Le sys-tème mis en place à Paris repose sur un"secteur de compensation renforcée"(couvrant seize arrondissements entotalité ou en partie), dans lequel toutmètre carré d'habitation transformédoit, sauf exception, être doublementcompensé (création de 2 m²d'habitation en compensation de latransformation de 1 m² d'habitation).En dehors de ce secteur, les compensa-tions s'effectuent à surfaces égales.Depuis 2009 on constate une baisse dessuperficies de changements d’usageautorisés (v. tableau).L'essor des compensations"sociales"Le règlement de Paris innove en réser-vant un traitement favorable aux com-pensations sous forme de surfaces delogement social:- ces compensations peuvent, par excep-tion, être de surfaces équivalentes àcelles transformées dans le secteur decompensation renforcée,- et, depuis la modification du règle-ment municipal en février2011, leslocaux des bailleurs sociaux proposés encompensation peuvent être situés dans9avril 20134JURIShheebbddooimmobilier••550000AVECLARÉFORMEDE2005, BAILLEURSETLOCATAIRESONTGAGNÉENSÉCURITÉJURIDIQUE“Dix ans d’application de la réglementation des changements d’usage:bilan et perspectives”parGuillaume Daudré,Notaire assistant,Allez & Associés
l'ensemble du secteur de compensationrenforcée, et non uniquement dansl'arrondissement de la transformationcomme l'exige le règlement pour lescompensations offertes sous forme delogements privés.Les bailleurs sociaux convertissent enlogements d’anciens locaux d’activités(qui leur sont donnés à bail emphytéo-tique par la Ville) et tirent des cessionsde commercialité une source complé-mentaire de financement de leurs tra-vaux, à côté des prêts et autres subven-tions. Le logement locatif social repré-sente une part croissante des compen-sations et la tendance devrait encores’amplifier.Les faits marquants de l'année2012De l'année 2012 on retiendra:- Le contrôle renforcé à Paris des loca-tions meublées de courte durée. Desbailleurs ont été condamnés par le Tri-bunal de grande instance et la Courd’appel de Paris à des amendes toujoursplus élevées, au motif que la locationmeublée saisonnière fait perdre aulogement son usaged'habitation et nécessite à cetitre une autorisation préa-lable de la Ville. Ces locationsconcerneraient environ 20000 loge-ments selon un rapport de l'APUR denovembre2011.- La jurisprudence n'est pas en reste. Ducôté des juridictions civiles, la Cour decassation a rejoint la position restrictivedu Conseil d'Etat sur les effets des déro-gations-compensations antérieures à laréforme de 2005 (Civ. 3e, 9mai 2012)tandis que la Cour d’appel de Paris semontre plus rassurante lorsqu’elleapplique la prescription quinquennale àl’action en nullitéd’un bail conclu enviolation des dispo-sitions de l’article L.631-7 (CA Paris,16mai 2012). Deson côté le Tribunal administratif deParis a rejeté une exception d'illégalitédu règlement municipal soulevée àl’encontre d'un refus d'autorisationdans le 8earrondissement (TA Paris, 29nov. 2012). En outre, des questions prio-ritaires de constitutionnalité dirigéescontre le contrôle de l’usage au motifd’une violation du droit de propriété,du principe d'égalité et de la libertéd'entreprendre ont été rejetées par lesdeux ordres de juridictions (CE, 8juin2012; TGI Paris, ord. 25 oct. 2012).Pistes d’évolutionQuelques possibilités d’évolution à venirpour 2013:- La maîtrise des meublés de tourismepose la question de leur encadrementlégislatif. Le rapport sur la modernisa-tion des rapports entre les bailleurs etles locataires remis en février2013 auMinistre de l'égalité des territoires etdu logement propose "d'exclure del'autorisation de changement d'usagetout bien meublé constituant la rési-dence principale ou secondaire dubailleur". Sur ce point on suivra avecintérêt le projet de loi Urbanisme etLogement.- Le règlement municipal parisien pour-rait être précisé, notamment pour clari-fier les étapes de la procédure, encorecomplexe, qui conduit à l'obtentiond'une autorisation soumise à compensa-tion (accord de principe, décision provi-soire, autorisation définitive). Il seraitutile de formaliser dans le règlement cequi existe déjà dans les faits, c’est-à-direun contrôle de la conformité des com-pensations réalisées.La jurisprudence aura très certainementà résoudre de nouvelles difficultés.L’année 2013 débute avec l’annulation,pour « erreur de fait », d’un refusd’autorisation motivé sur un défaut deconcomitance entre la compensation etle changement d’usage sollicité (TAParis, 4 févr. 2013). G. D.9avril 20135JURIShheebbddooimmobilier••550000LAMAÎTRISEDESMEUBLÉSDETOURISMEPOSELAQUESTIONDELEURENCADREMENTLÉGISLATIF2009201020112012Total des changements d'usage de locauxd'habitation en un autre usage (m²)Avec ou sans compensation37142278032759025652Total des compensations (m²)Dont surfaces de logement social (m²)137432974 (21%)121763694 (30%)131424296 (33%)100944032 (40%)Solde entre les transformations de locauxd'habitation et les compensations sousforme de logement (m²)- 23399- 15627- 14448- 15558Bilan 2009-2012 établi à partir des décisions personnelles et desautorisations définitivesen cas de compensationBibliographie- Changements d’usage des locauxd’habitation.De l’affectation à l’usage, la réfor-me de l’article L631-7 du CCHG. Daudré et P. WallutEd. Lexis Nexis, coll. Litec Profes-sionnels 2010. 390 pages- Cession de commercialité: uneopportunité à saisir?P. MorelRéflexions Immobilières 2012, n°60,p.54
Pour évoquer les évolutions marquantesdes dix dernières années dans la profes-sion d’architecte, il est évident que,dans la pratique quotidienne de notremétier, le surgissement des questionsliées au développement durable et à laperformance énergétique a eu unimpact considérable.Les architectes n’ont pas découvert cesthématiques hier, puisque déjà dans lesannées 70, beaucoup d’entre nous pra-tiquaient l’architecture bioclimatique.Mais les années 2000 ont fait réappa-raître cette thématique à l’occasion dela prise de conscience du réchauffementclimatique par nos sociétés.Les architectes ont voulu, très tôt audébut des années 2000, se positionnerau cœur de ces questions. L’Ordre arédigé une charte, fondatrice,d’engagement des architectes en faveurdu développement durable et a produitun ensemble de publications sur desretours d’expériences intéressantes, ouportant des préconisations tant auprèsdes architectes que de leurs maîtresd’ouvrage. Nous avons favorisé etobservé un engouement mas-sif des architectes pour lesformations professionnellesliées à ces questions. On peutdonc dire que collectivementcomme individuellement, les architectesont voulu anticiper et accompagner aumieux la transition vers une architectu-re durable et responsable.Toutefois cette évolution s’est aussi tra-duite par la création d’un ensemble trèsdivers de labels, normes et nouvellesréglementations thermiques, dont ladernière, la RT 2012 s’applique à tousles bâtiments neufs depuis le début del’année. Tout cela a contribué forte-ment à l’inflation normative queconnaît notre pays et dont le sommetde l’État semble commencer aujour-d’hui à se préoccuper sérieusement. Siaucune règle en tant que telle, et enpremier lieu la RT, ne pose de pro-blèmes aux architectes, en revanche,l’empilement des normes (pas seule-ment environnementales) complexifiefortement l’exercice. Nous demandons àce que les normes et les labels soientrestreints et/ou har-monisés.Les normes fixentdes planchers, desexigences souventminimales. Nous demandons de modi-fier les habitudes en raisonnant sur lesobjectifs et non sur les moyens. Une tel-le « philosophie » permet en outre defavoriser innovations et expérimenta-tions, dont la société a besoin et que lesarchitectes peuvent apporter.En outre, nous pouvons tous constaterune dérive « techniciste » de la ques-tion environnementale, trop souventréduite à des questions techniques, à telou tel équipement du bâti ou à tel outel de ses composants. Les architectesdéfendent une vision différente, globa-le et, disons-le, plus exigeante de ceque nous appelons l’architecture res-ponsable.Fondamentalement, l'architecte n'estpas un technicien mais d’abord un pro-fessionnel « généraliste », capabled'intégrer dans ses projets desapproches culturelles, économiques,environnementales et sociologiques, etcapable de coordonner les compétencesdiverses de la maîtrise d'œuvre et de laconstruction. Nous insistons sur le faitqu’il ne faut pas se limiter aux ques-tions d’économie d’énergie etd’isolation thermique. L’architectureresponsable, c’est avant tout mettrel’humain et les usages au cœur du dis-positif. L’architecte travaille sur lesbesoins des usagers et prévoitl’évolution de ces besoins. Nous incitonsà penser globalement le bâti.L’architecte donnera par exemple lapriorité à la qualité de l’enveloppe dubâtiment et à la réduction des besoinsen consommation d’énergie, sur la per-formance des systèmes techniquesembarqués. Ces systèmes doivent êtreréduits au minimum et considérés com-me les palliatifs qu’ils sont.Pour les bâtiments existants, nous mili-tons pour que les réhabilitations soientl’objet d’un diagnostic architectural glo-bal. Il serait catastrophique de limiter9avril 20136JURIShheebbddooimmobilier••550000NOUSDEMANDONSDEMODIFIERLESHABITUDESENRAISONNANTSURLESOBJECTIFSETNONSURLESMOYENS“Mettre l’humain et les usages au cœur du bâtiment”parLionel Carli,Président du conseilnational de l’ordredes architectes
un plan de réhabilitation énergétique àla seule question du remplacement desfenêtres ou de la chaudière. Il fautprendre en compte les impacts environ-nementaux globaux, les impacts sani-taires (de l’air intérieur par exemple),les impacts urbains et les impacts éco-nomiques. Une réhabilitation réussiedoit ajouter de la valeur au bâti,l’architecte est là aussi pour faire de larénovation une opération économiqueréussie.Il faut en outre penser l’échelle urbaine,ou au moins l’échelle du quartier, pouravoir une action pertinente du point devue de la construction durable. Un bâti-ment, et ses usages associés par les per-sonnes qui l’occupent, n’aura pas lemême impact écologique selon qu’il estplus ou moins bien inséré dans sonenvironnement, dans le territoire éco-nomique, dans un réseaud’infrastructures urbaines (transports,déchets, réseaux de chaleurs, d’eau,etc.). Il n’aura pas le même impact, nonplus, selon qu’il favorise ou non un bienvivre-ensemble, les mixités d’usages etde population, l’envie communiquéeaux habitants de s’approprieret d’entretenir au mieuxleurs lieux de vie.En conclusion, nous pouvonsnous réjouir que les préoccupationsenvironnementales se soient générali-sées. Les architectes travaillent à faireque l’architecture durable devienne lanorme. Le secteur de la constructiondoit collectivement chercher à innoverpour que cette transition se fasse à descoûts acceptables pour tous. L’Ordre,lui, travaille à améliorer la formationdes architectes, à leur donner les outilsnécessaires sur ces sujets.Nous sommes donc encore dans cemouvement et notre espoir est quenous irons bien au bout de ce phéno-mène de généralisation: pour passer dela « bonne performance thermique » àla « vraie qualité architecturale »; duseul « écoquartier labélisé » à la « villedurable » en entier; de la « réductionde la facture énergétique du loge-ment » au « confort d’usage » et au« bien vivre» pour tous. L. C.9avril 20137JURIShheebbddooimmobilier••550000LESARCHITECTESDÉFENDENTUNEVISIONQUENOUSAPPELONSLARCHITECTURERESPONSABLE
Quelques mutations significatives desmodes de confection de la règle dedroit marquent cette dernière décennie.J’en retiens trois: au premier chef, unsouci renforcé de concertation préa-lable, ensuite le développement denormes à contrainte allégée, enfin etdavantage qu’hier, la volonté inachevéede simplification du droit.I – La concertation préalableLa prise de conscience est là: il fautrechercher l’adhésion de la société civileau projet de réforme chaque fois quecela est possible. En somme, l’appareild’Etat a désormais compris quel’effectivité de la loi suppose son adé-quation à l’état de la société et sonappropriation par celle-ci. Cetterecherche d’un consensus sociétalautour d’un projet de loi revêt diversesformes qui se complètent utilement:la mission de proposition de la réformeconstitue une démarche qui, àl’expérience, s’avère féconde. Je l’aiexpérimentée depuis 2003 en propo-sant, sur commande publique, diversesréformes du droitimmobilier: les charges loca-tives (2003), les baux profes-sionnels et commerciaux(2004), les autorisationsd’urbanisme (2005), la sécurité del’habitat (2005), le permis de louer(2006), la rénovation énergétique desbâtiments existants (2008), etc. De cetravail, découlent deux principauxenseignements: les intérêts les plusdivergents peuvent se rassembler sur unprojet commun de réforme, etl’administration et le parlement finis-sent toujours, parfois avec un retard dequelques années, par tirer le fruit despropositions ainsi faites. Ces missions, sielles sont conduites en privilégiantl’écoute des forces en présence, ont ain-si une utilité sociale indéniable.les consultations parlementaires, lors-qu’elles ne restent pas académiques,présentent aussi un grand intérêt pourenrichir le projet et vérifier sa pertinen-ce, dès lors qu’ici encore, la volontéd’écouter et de comprendre est mani-feste. Que l’audition soit faite par lerapporteur du pro-jet, par un groupeparlementaire ou encommission, peuimporte: l’essentielest qu’un échanges’installe, qui permet d’enrichir le pro-jet.la méthode de la table ronde est la for-me la plus achevée de la concertation,mais sans doute la plus aventureuse.Deux manifestations récentes retien-nent l’attention en matièreénergétique: la conférence environne-mentale qui s’est tenue les 14 et 15sep-tembre 2012 a fixé des orientations etun programme de travail, secondée pardes conférences annuelles, qui doitconduire à des évolutions normatives.Le débat national sur la transition éner-gétique, lancé en novembre2012, susci-te à profusion une mobilisation de lasociété autour du sujet, du comitéd’experts au forum citoyen, organiséeselon une architecture complexe. Laconférence était clairement maîtriséepar le gouvernement; le débat nationalest confié aux acteurs de la société.Mais le mode exemplaire de la concer-tation efficace me semble être les tablesrondes du Grenelle de l’environnement(septembre-octobre 2007); les partici-pants avaient une feuille de routeclaire: aboutir à des engagements com-muns. Cette obligation partagée derésultat a sûrement assuré le succès dela démarche, qui a guidé le processusnormatif engagé depuis 2009. Quelleque soit la méthode retenue, le bilanest d’évidence positif chaque fois que lecorps social, associé étroitement à lapréparation des textes, peuts’approprier à l’avance le nouveau dis-positif normatif.II – La norme sans contrainteSi l’on peut déplorer l’abondance denos lois souvent trop bavardes, commela profusion de décrets d’application àl’utilité souvent incertaine, on peutsaluer cette forme nouvelle de normesinspirées de la soft law anglo-saxonne.La loi se contente de montrer le che-min, d’édicter la règle, mais elle se gar-9avril 20138JURIShheebbddooimmobilier••550000LESLOISDOUCESSONTAIMABLES“Favorisons le développement durable de la loi!”parPhilippe Pelletier,Avocat associé, Lefèvre,Pelletier et Associés
de de fixer la sanction de son défautd’application. Le législateur postule ensomme que la norme assure, par elle-même, son effectivité. Ainsi en va-t-il deces nombreuses obligations édictéesdans la foulée du Grenelle del’environnement, qui déterminent desactions à mener dans un calendrier pré-cis, sans que le manquement àl’obligation ne soit envisagé: afficher,dès la mise en vente ou en location, lediagnostic de performance énergétiquedu bien, annexer au bail commercialune annexe environnementale, inscrireà l’ordre du jour de l’assemblée généra-le des copropriétaires la réalisation d’unaudit énergétique de l’immeuble, réali-ser une rénovation énergétique desbâtiments tertiaires publics et privés,etc. Toutes ces obligations, fruit d’uneconcertation approfondie, n’ont pasbesoin d’une sanction légale pour êtremises en œuvre: elles s’inscrivent dansune évolution générale de la société et,si leur mise en œuvre devait êtredéfaillante, la sanction économique dumarché serait réputée suffisante.Ces lois douces sont aimables: ellescaractérisent une sociétémature où l’effectivité natu-relle des normes est juste-ment privilégiée.III – La simplification du droitQu’on y voit un serpent de mer, unmarronnier (au sens journalistique duterme) ou une illustration du mythe deSisyphe, le thème de la simplification dudroit traduit une nécessité: la limite esten effet largement dépassée, au-delàde laquelle il est illusoire de penser quenul n’est censé ignorer la loi…Il a été maintes fois montré la proliféra-tion de lois inutiles et trop souvent abs-conses pour que le chantier de la simpli-fication, au-delà des déclarations habi-tuelles de principe, devienne uneardente obligation.Un louable effort en ce sens a marquéla période récente, caractérisé par leslois successives dites Warsmann de sim-plification du droit. Le résultat restecependant mesuré car, si les textes nor-matifs sont amélio-rés, peu sont suppri-més et d’autres sonthélas créés. Si ladémarche est fécon-de, elle est insuffi-sante. Ne faudrait-il pas ouvrir en grandle chantier en édictant, par exemple letemps d’un semestre, un moratoirelégislatif et réglementaire? Neconvient-il pas de convenir pour l’avenird’une règle simple: pas une ligne de loinouvelle sans suppression simultanéed’une ligne de loi ancienne? C’est sansdoute à ce prix que l’on parviendra àréconcilier le pays avec ses lois et, au-delà, à faire que celles-ci accompagnentcroissance économique, progrès socialet vigilance écologique, c’est-à-dire par-ticipent du développement durable.Ph. P.9avril 20139JURIShheebbddooimmobilier••550000EDICTERUNMORATOIRELÉGISLATIFETRÉGLEMENTAIRE?
Dans un contexte de crise qui accentueles enjeux financiers de l’immobilierlocatif, l’indexation du loyer est deve-nue l’une des préoccupations majeuresdes acteurs de l’immobilier. Cette situa-tion a pour principale origine une aug-mentation exponentielle de l’Indice duCoût de la Construction (ICC) qui aatteint 36% en 9 ans (comparaison del’indice du 2etrimestre 2012 avec celuidu 2etrimestre 2003) et déjà plus de11% sur les trois dernières années sil’on compare l’indice du 2etrimestre2009 et celui du 2etrimestre 2012. Cetteévolution, qui a fortement impacté lemontant des loyers usuellement indexéssur l’ICC, a conduit le législateur, sousl’impulsion des acteurs du marché loca-tif, à créer successivement deux nou-veaux indices: l’Indice des Loyers Com-merciaux (ILC), issu de la loi dite« LME » n°2008-776 du 4août 2008,pour les activités commerciales et artisa-nales, et l’Indice des Loyers des ActivitésTertiaires (ILAT), résultant de la loin°2011-525 du 17mars 2011, pour lesactivités dites « tertiaires » qui recou-vrent notamment les activités des pro-fessions libérales et celles exploitéesdans des entrepôts logis-tiques. Ces deux nouveauxindices sont censés évoluerde manière moins irrégulièreet moins importante quel’ICC dès lors qu’ils sont des indices com-posites constitués pour partie del’indice des prix à la consommation(pour le 2etrimestre 2012, la variationannuelle de l’ICC s’établit à 4,58% alorsque celle de l’ILC et de l’ILAT ressort res-pectivement à 3,07% et 3,17 %).Bailleur et locataire peuvent désormaisopter pour l’ILC ou l’ILAT, pour autantque l’activité du preneur y soit éligible,ce qui n’est pas toujours simple à déter-miner compte tenu des lacunes rédac-tionnelles des décrets définissant lechamp d’application de ces nouveauxindices (décret n°2008-1139 du4novembre 2008 et décret n°2011-2028 du 29décembre 2011).Les locataires n’ont pas attendul’intervention du législateur pour réagirà l’évolution de l’ICC. D’aucuns ontredécouvert les vertus du mécanisme dela révision légale du loyer prévue àl’article L145-39 duCode de commerce,qui permet de fairefixer le loyer encours de bail à lavaleur locative, dèslors qu’il a évolué de plus 25% par lejeu de la clause d’indexation, etd’obtenir ainsi une réduction du loyer,notamment sur des sites à la commer-cialité déclinante ou pour des marchésdirectement impactés par la crise éco-nomique (bureaux). D’autres ont remisau goût du jour les dispositions duCode monétaire et financier et en parti-culier son article L112-1, qui répute nonécrite toute clause d’indexation pré-voyant la prise en compte d’une pério-de de variation de l’indice supérieure àla durée s’écoulant entre chaqueindexation. La sanction est lourde deconséquences pour le bailleur qui peutse retrouver privé de la possibilitéd’indexer le loyer et devoir rembourserau preneur un trop versé de loyer surles cinq dernières années. Sur la base deces dispositions qui sont d’ordre public,des locataires n’ont pas hésité às’attaquer à la validité des clausesd’indexation comportant un indice debase immuable que l’ont trouve dansde nombreux baux de bailleurs institu-tionnels. Cette clause qui consiste à cal-culer l’indexation chaque année en pre-nant toujours comme indice de basecelui en vigueur au jour de la prised’effet du bail a en effet pour consé-quence de retenir, dès la deuxièmeannée d’indexation, une période devariation de l’indice supérieure à ladurée s’écoulant entre chaque indexa-tion. La question de la validité de cetteclause a donné lieu à un abondantcontentieux et à un vif débat doctrinal.Un premier courant jurisprudentiel s’estfait l’écho des contestations des loca-taires en jugeant non écrit ce type declause (TGI Paris, 18ech. sect.1, 5janvier2010, RG n°08/13645; TGI Paris, 18ech.sect. 2, 27mai 2010, RG n°09/9345). Unsecond courant plus récent tend à pré-server la validité d’une telle clause (CAParis, Pôle 5, 3ech. 4avril 2012, RGn°10/23391; CA Paris, Pôle 5, 3ech.,12septembre 2012, RG n°10/19195),pour autant qu’elle ne crée pas effecti-vement une distorsion que la loi prohi-9avril 201310JURIShheebbddooimmobilier••550000DESLOCATAIRESNONTPASHÉSITÉÀSATTAQUERÀLAVALIDITÉDESCLAUSESDINDEXATIONCOMPORTANTUNINDICEDEBASEIMMUABLE“Chronique d’un loyer indexé”parClaire Castela etRégis HallardAvocats associésdu cabinet FIDAL
be, notamment dans l’hypothèse où leloyer aurait été modifié en cours de bailpar avenant sans que l’indice de baseait été adapté (CA Paris, Pôle 5, 3ech.,4avril 2012, RG n°11/01173). Dansl’attente d’un arrêt de principe de laCour de cassation, le sujet n’est pas clos,mais le serait-il que l’on voit déjà appa-raître les prémisses d’un nouveaucontentieux susceptible d’invalider lesclauses d’indexation limitant les effetsde la variation de l’indice à la hausse(TGI Grasse, 1ech. sect. A, 5avril 2011,RG n°09/01658), tant au regard del’article L112-1 du Code monétaire etfinancier que de l’article L145-39 duCode de commerce. L’ingéniosité desplaideurs n’a d’égal que l’imaginationdes rédacteurs d’actes. Il n’est d’ailleurspas exclu qu’en cette périoded’agitation judiciaire, des tribunauxviennent sanctionner les clauses de pla-fonnement de la variation du loyer (oude « capage » du loyer) auxquelles lesacteurs du marché locatif ont eurecours pour atténuer l’évolution indi-ciaire. Certains se plaindront sans doutede la sévérité de telles décisions au nomdes sacro-saints principes del’autonomie de la volontédes parties et de la sécuritéjuridique. D’autres y verrontau contraire la manifestationde la richesse créative dudroit. Plus concrètement, les aléasconsécutifs aux risques d’une sanctionjudiciaire doivent conduire les bailleursà la plus grande vigilance pour la rédac-tion des clauses d’indexation. Les loca-taires, quant à eux, continueront descruter avec attention leurs baux dansla perspective d’y trouver de nouveauxmotifs de contestation leur permettantd’aboutir à un réaménagement duloyer. Le sujet est encore loin d’êtretotalement épuisé…C.C et R.H.9avril 201311JURIShheebbddooimmobilier••550000ILNESTPASEXCLUQUEDESTRIBUNAUXVIENNENTSANC-TIONNERLESCLAUSESDEPLAFONNEMENTDELAVARIATIONDULOYER(“CAPAGEDULOYER)
Les agences d’urbanisme sont des outilsd’ingénierie parapublique mutualisée.Travaillant au quotidien avec les collec-tivités locales sur leurs politiques terri-toriales et urbaines, elles offrent à tra-vers leur perception locale et leurréseau national, un thermomètre desévolutions du champ de l’urbanisme dela décennie écoulée.Le cadre législatif et réglementairenational est-il un vecteur déterminantpour orienter les évolutions territorialeset urbaines? Il n’est pas inutile d’ouvrircette question alors qu’est en prépara-tion une série de nouvelles lois: acte 3de la décentralisation, loi urbanisme ethabitat… Il est surtout intéressant devoir de quelle manière les acteurs desterritoires se saisissent des injonctionsnationales (et européennes) pour lesadapter à leurs stratégies. Au début desannées 2000 le «LA» avait été donnépar trois lois: loi sur l’intercommunalité(Chevènement), celle surl’aménagement du territoire (Voynet)et la loi Solidarité et RenouvellementUrbain (SRU). Après une dizained’années de recul on s’aperçoit que cetriptyque a fait évoluer forte-ment les pratiques territo-riales.Les deux lois surl’aménagement du territoire et solidari-tés renouvellement urbain du début desannées 2000 étaient toutes les deuxbasées sur le principe: «un territoire,un projet, un contrat». Les projetsd’agglomération et les projetsd’aménagement et de développementdurable du SCOT (PADD) ont invité lesacteurs locaux à se projeter dans unedémarche prospective, négociée et indi-rectement à construirel’intercommunalité et les solidarités àtravers le «projet de territoire» deve-nu un cadre d’interconnaissance etd’apprentissage du travail commun, unlieu de dialogue entre collectivitésurbaines et collectivités périurbaines etrurales, catégories devenues plus flouesdans un monde où les pratiques desindividus ou des entreprises se dévelop-pent dans des territoires de plus en plusvastes qui se jouent des limites adminis-tratives.Les années 2000 ontété les années de la«reconquête descentres» pour lesagglomérations:reconquête des quartiers centraux,patrimoines urbains et friches indus-trielles, mixité des opérations de loge-ments et activités, reconquêtes desberges des fleuves, développement destramways comme vecteurs de requalifi-cation des espaces publics, développe-ment des modes doux et notammentdes vélos en libre service… L’enjeu cli-matique et énergétique a très forte-ment infléchi les politiques territorialesavec le Grenelle de l’Environnement et,pour la décennie à venir, la transitionénergétique et la révolution numériqueseront les marqueurs de l’urbanisme etde la construction. La mutation énergé-tique du parc bâti existant tant de loge-ments, que de bureaux etd’équipements publics, sera le «chan-tier majeur» de construction de ladécennie. L’équation difficile de maîtri-se de la consommation foncière, durenouvellement urbain et d’une produc-tion plus ambitieuse de logements,appelle également des approches pro-fondément renouvelées sur le foncier,basées sur l’anticipation et une chaînemaillée de l’action foncière depuisl’anticipation jusqu’à la refonte d’unefiscalité permettant de réduire les diffé-rentiels entre foncier de renouvelle-ment et foncier d’extension.Si la décennie écoulée a vu émerger etreconnaître le «fait urbain», la décen-nie à venir sera celle du «fait métropo-litain» et la construction des projetspour les grands territoires: des métro-poles intégrées, mais aussi des systèmesmétropolitains plus vastes maillant desréseaux de villes grandes et moyennesavec des espaces de pleine nature etruraux. Initié par loi Réforme des Col-lectivités Territoriale de 2010, un outiltrès simple: le pôle métropolitain, syn-dicat mixte réunissant plusieurs inter-communalités autour de coopérationssouples à géométrie variable, connaîtun succès certain pour élaborer en com-mun des projets de mise en réseaud’équipements structurants, de déplace-9avril 201312JURIShheebbddooimmobilier••550000LADÉCENNIEÉCOULÉEAVURECONNAÎTRELEFAITURBAIN”…“Du territoire administratif à l’intercommunalité démocratisée?”parBrigitte Bariol,Déléguée généralede la FNAU
ments… Les années 2000 ont vul’émergence de l’inter-territorialité, lanégociation et coopération territorialeentre les différentes collectivités: com-munes, intercommunalités, départe-ments, régions, et ce dialogue territo-rial est un fondement du nouveau pro-jet de loi décentralisation (conférenceterritoriale, pacte territorial, etc.) soute-nue par une philosophie de «sur-mesu-re territorial» et d’adaptabilité de larègle aux différents contextes locaux.La construction intercommunale estdevenue une réalité tangible: les com-munautés urbaines, plus anciennes, etles communautés d’agglomération etde communes issues des années 2000,sont devenues en une petite quinzained’années les véritables « briques institu-tionnelles » du territoire français. Ellesdétiennent aujourd’hui les clefs despolitiques publiques qui organisent lavie des citoyens, mais aussi déterminentune part déterminante del’investissement public: habitat, dépla-cements, développement économique,environnement. Toutefois cette respon-sabilité reste encore peu visible pour lecitoyen du fait de l’électionau second degré de leursreprésentants, avec un véri-table décalage entre pouvoirréel et mode électif. Le « flé-chage » des élus communautaires prévupour les élections municipales de 2014devrait être un premier pas pour queles campagnes municipales deviennentaussi des campagnes intercommunales,avant, à horizon de 2020, une possibleélection au suffrage universel directpour les intercommunalités. Pour ladécennie à venir, un enjeu est de« démocratiser l’intercommunalité».B. B.9avril 201313JURIShheebbddooimmobilier••550000… LADÉCENNIEÀVENIRSERACELLEDUFAITMÉTROPOLITAIN
Le Bâtiment, après une crise grave dansles années 1992 à 1997, a connu unepériode de forte croissance, ininterrom-pue ou presque, de 1998 à 2012. Quin-ze ans, c’est long, très long pour unephase positive du cycle. Une telle pério-de de croissance s’explique par laconjonction de plusieurs phénomènesqui se sont succédé. Le crédit abondantet peu cher apparaît, néanmoins, incon-testablement comme le phénomènemajeur.L’amélioration des conditions finan-cières, avec la baisse des taux qui a ren-du possible l’allongement de la duréedes prêts, a, dans le même temps, géné-ré dans notre pays une envolée specta-culaire et durable des prix del’immobilier, en général, et dans lesmétropoles, en particulier. Mais il fauttout de suite noter que ce fut aussi lecas, du moins jusqu’en 2007-2008, dansla plupart des pays de l’OCDE, àl’exception notable de l’Allemagne dufait principalement d’un cycle décalé liéà la réunification.Cette phase de croissance a surtout per-mis de développer l’offredans de fortes proportions,tant en secteur résidentielqu’en secteur non-résidentiel.Ce fut un important facteurde développement de la croissance, del’emploi et de la richesse. Pourtant,contrairement à deux idées trop large-ment répandues, à des périodes diffé-rentes mais toujours avec constance,cette croissance fut largement saine.1. L’accroissement de la productionen bâtiments n’a pas été une sour-ce de gâchis, mais une réponse àdes besoins, sauf situations marginalesici ou là, situations largement médiati-sées au demeurant. Mais aussi et sur-tout, du fait d’une sagesse commune etd’une attitude prudente des banques,cette croissance s’est faite sans sinistrali-té. Les exemples du Royaume-Uni, del’Espagne, des États-Unis ou de Chypresuffisent à souligner le fossé qui noussépare de ces pays en ce domaine. Pour-tant, les mêmes bons experts qui fontaujourd’hui de l’immobilier la causepremière de notre perte de compétitivi-té étaient lesmêmes, en périodede croissance, à stig-matiser la frilositéde nos banquiers etencenserl’hypothèque rechargeable!2. Les aides au logementne sontque très marginalement respon-sables du mouvement haussier desprix. Un récent rapport du CAE(1)recon-naît d’ailleurs en partie cela, en indi-quant que les aides, d’une part, ne sont« responsables » que des hausses inter-venues depuis 2007. Il faut y voir,d’abord, la reconnaissance qu’elles n’ysont pour rien sur les années anté-rieures puis la tentative désespéréed’expliquer pourquoi, dans cette pério-de de crise économique, les prix del’immobilier logement ne baissent pas,ou si peu, dans notre pays.Or, je crois que l’on peut tirer de ceséléments un enseignement essentiel.Notre pays souffre d’une insuffisance del’offre, certes pas partout, et pas pourtous les biens. Mais ces insuffisanceslocalisées et spécifiques perturbent lemarché et génèrent des effets négatifsen cascade. Il faut donc produire plus.Cela est techniquement possible.L’appareil de production Bâtiment, il l’aprouvé, sait s’adapter à l’augmentationdes capacités. Il lui faut, certes un peude temps pour y parvenir, trouver descollaborateurs, les embaucher, les for-mer, etc. Mais son dynamisme, malgréles craintes largement évoquées jus-qu’en 2007, ne peut être contesté. Etc’est peut-être notre principale fierté,cette croissance a permis, depuis 1997, à220000 personnes de trouver un emploistable, dans un secteur où il fait bontravailler comme l’illustrent bien toutesles enquêtes réalisées en ce domaine.Cette croissance s’est faite égalementsans accroissement de la sinistralitécomme l’attestent également leschiffres de l’assurance construction.Il reste, pour compléter ce tableau, àévoquer un sujet douloureux, celui del’évolution des prix du Bâtiment. Sur lapériode, ces derniers auraient crû plusvite, en particulier à partir de 2004-2005, que dans les autres pays sous les9avril 201314JURIShheebbddooimmobilier••550000NOTREPAYSSOUFFREDUNEINSUFFISANCEDELOFFRE“Trop, c’est trop!”parDidier Ridoret,Président de la FFB
effets conjugués de l’inefficacité del’appareil de production et del’explosion des marges.Les chiffres sont têtus! Alors que nosmarges (au sens de l’Excédent brutd’exploitation ou EBE) s’établissaient à1% du chiffre d’affaires en 1998, ellesse sont redressées aux alentours de 5%en 2007, avant de retomber à 3% en2010 sous les effets de la crise et duralentissement d’activité. Aucun chiffrerécent n’est disponible pour les années2011 à 2013, mais un niveau comprisentre 1 et 3% au mieux apparaît com-me raisonnable. Avec de tels niveaux,difficile d’incriminer ce poste pourexpliquer une progression des prix etdes coûts de constructions de 60% surles quinze dernières années.Ce point dépasse l’anecdote, car il sou-lève l’enjeu majeur des prochainesannées. Notre appareil de productionvoit ses coûts croître en lien avec larevalorisation des salaires (qui s’enplaindra?), la hausse du prix des maté-riaux et la multiplication des normes. Cedernier facteur, pour de moult bonnesraisons, joue de plus en pluset pèse sur nos prix. En pério-de de croissance, une telledonne paraît supportable.Mais au moment où lesclients peinent, où les entreprises souf-frent et où les prix chutent jusqu’àdéstabiliser tout l’appareil de produc-tion, il serait criminel de ne pas faireune pause en ce domaine et attendredes jours meilleurs. Ce n’est pas unsimple vœu, c’est une exigence totale.D. R.9avril 201315JURIShheebbddooimmobilier••550000ILSERAITCRIMINELDENEPASFAIREUNEPAUSEDANSLAMULTIPLICATIONDESNORMES(1)Document de travail du Conseil d’Analyse Écono-mique, « Le prix de l’immobilier et les politiquesinflationnistes » d’Alain Trannoy et Etienne Was-mer, février2013.
>Quel regard portez-vous surl’évolution législative relative aulogement depuis 2000?Pour tirer un bilan de ces dix dernièresannées, je dirais que ce qui a été fait,va à l’encontre d’une vision sociétale. Lapolitique générale du logement a étécatastrophique.Particulièrement depuis 2002, quandtoutes les mesures prises prônaient unlaisser faire du marché, avec retrait del’État. Et quand il est ré-intervenu, celaa contribué à accélérer la dérégulationet la déréglementation. Les lois Robien,Borloo et Scellier en sont une parfaiteillustration. Des avantages financiers oufiscaux énormes ont été accordés à despromoteurs ou à des investisseurs sansaucune contrepartie pour l’intérêtgénéral. Il s’est simplement agi demettre en œuvre le concept de l’aide àla construction de logement par desincitations qui sont devenues de plus enplus déraisonnables. Aucune vision deterrain n’a été développée. Le summumde la déraison économique et budgétai-re a été atteint avec le Scellier version1, qui offrait un remboursement de25% de l’investissement.L’immobilier s’est imprégnéd’une vision extrêmementlibérale, selon laquelle lemarché devait réguler lui-même le secteur. Le résultat en est unedérégulation de plus en plus forte, unproblème du logement de plus en plusprégnant. Cela nous a enfoncés dans lacrise.>Vous attribueriez la crise du loge-ment à ces lois?Ces lois ont été désastreuses pourl’immobilier mais c’est surtout le posi-tionnement dogmatique de la politiquedu logement qui est la cause du problè-me actuel. Prenez l’exemple del’accession à la propriété à tout prix.L’objectif était d’atteindre les taux de68 / 70 % de propriétaires relevés dansd’autres pays européens, l’Espagne et laGrèce par exemple. Le score français de57% paraissait ridicule... Le slogand’une « France propriétaire » a plu maisles mesures prises pour y parvenir, com-me la déductibilité des intérêtsd’emprunts, ontcréé des effetsd’aubaine sansentraîner laconstruction delogement supplé-mentaire. Le pourcentage de proprié-taires n’a pas bougé. Heureusement, lacrise a stoppé net tout ceci. Grâce auxfaillites de JP Morgan et de LehmanBrothers, les Français ont échappé àl’emprunt basé sur la valeur future deson bien immobilier pour acheter etnon en proportion de ses ressources.>Ne voyez-vous rien de bon alorsdepuis 2000?Si. Un épisode important est la loi sur ledroit au logement opposable. C’est uneloi ambitieuse avec une réelle visionsociétale. Mais la difficulté, et c’estnotre analyse depuis le début, c’est lemanque de logements. Aujourd’hui, leDALO se résume à gérer une filed’attente. Même reconnues prioritaires,les personnes ne peuvent pas se loger.Le DALO ne peut être efficient que s’ils’accompagne de construction immobi-lière. Mais le phénomène est intéres-sant à regarder. Sous la pression del’opinion publique, le président prometun 31décembre 2006 un droit au loge-ment opposable. Hormis un rapport duhaut comité qui en avait parlé, le dos-sier était vide. Il a fallu sortir une loi encatastrophe. Un cadeau empoisonnélaissé aux successeurs, un texte inappli-cable.Autre texte majeur, la loi relative à lasolidarité et au renouvellement urbainsvotée fin 2000 qui produit ses effetspleins à partir de 2004. Sur les 70000logements sociaux construits il y a enco-re quatre ans, la moitié l’a été en raisonde la SRU! Le plan de cohésion socialede Jean-Louis Borloo a eu un impactbénéfique également. Il faut se souve-nir que, hors les mesures Besson de1997, le tableau était catastrophiquedepuis 1992-1993. La conjonction de cesdeux textes a été favorable et la reprisedu logement social a donné un réel bold’air au secteur entre2005 et2009. Ilaurait fallu poursuivre l’effort cinq ansde plus.9avril 201316JURIShheebbddooimmobilier••550000LESUMMUMDELADÉRAISONÉCONOMIQUEETBUDGÉTAIREAÉTÉATTEINTAVECLESCELLIER“Face aux addicts des aides fiscales, il faut revenir à l’intérêt général”parPatrick Doutreligne,Délégué général deLa Fondation Abbé Pierre©Séb!Godefroy
>Vous pensez que le gouvernementdoit reprendre le volet « loge-ment » du plan de cohésionsociale?Après s’être plaint des mesures prisesjusqu’à présent, il lui faut proposer duconcret pour le logement. Les nouvellesdispositions pour renforcer le dispositifSRU sont satisfaisantes. Il aurait fallusystématiser les sanctions plutôt quelaisser le choix aux préfets, mais lavolonté d’élargissement est un signepositif. Ensuite, nous attendons desmesures de relance à hauteur des ambi-tions de campagne. La catastrophe estannoncée mais le pays a les moyens del’éviter. Par exemple, en inscrivant lelogement comme une des trois grandespriorités nationales, comme l’éducationet la police. C’est exigeant en termesfinanciers mais le secteur représente unfacteur économique de relance. Unatout pour s’en sortir. Le logement,c’est construire en France. Nous sommesn°1 dans le béton, n°1 dans le plâtre,n°1 dans le verre. Produire du loge-ment, c’est produire français, avec desmatériaux français et une main-d’œuvrevivant en France. Aucuneexternalisation. Même LouisGallois regrette d’avoir omisde parler du logement dansson rapport.>Quelles mesures concrètes atten-dez-vous pour l’avenir?L’enjeu fondamental est de produire dulogement et de libérer du foncier. L’Etatdoit réguler comme le fait l’Allemagne,rationnelle en la matière: elle régule lesprix du loyer et son interventionpublique. Nous attendons le respect dela promesse de construire 150000 loge-ments sociaux. Mais ce n’est pas suffi-sant. Il reste encore 350000 demandes àsatisfaire. Le marché produit 200 /250000 logements, il en faut 100 /150000 de plus. Aider le premier achatet faciliter l’accession des personnes decondition modeste sont de bons outils.Les avantages fiscaux, s’il y en a, doi-vent servir l’intérêt général pour quetout le monde s’y retrouve. Prospecteret trouver des terrains, donner la possi-bilité aux collectivités locales d’acquérirdu foncier dans debonnes conditionsest essentiel. Sur cepoint, la fiscalité àl’envers est intéres-sante: plus vousgardez longtemps votre terrain, plusvous payez d’impôt. Une loi foncièrequi change la vision sur le fonciers’avère indispensable. La bataille dulogement va se gagner avecl’application de la SRU, un foncier dis-ponible et un engagement financier àla hauteur de l’enjeu.Propos recueillis par Nathalie Levray9avril 201317JURIShheebbddooimmobilier••550000UNELOIFONCIÈREQUICHANGELAVISIONSURLEFONCIERSAVÈREINDISPENSABLE
On ne dénombre plus les rapports etétudes qui font état des coûts directsou induits supportés par la populationdu fait de la crise du logement queconnaît structurellement la France. Cet-te crise n’est pas « la faute del’immobilier ». C’est essentiellement lefruit de déséquilibres persistants, tantaux plans politique, économique quesocial. Parmi les facteurs explicatifs d’unphénomène d’une telle ampleur etd’une telle complexité, on citera le défi-cit chronique d’offre de logements parrapport à une demande soutenue parnotre dynamique démographique (lesFrançais ont une natalité qui les placeau 3e rang des Etats de l’Union euro-péenne), les facteurs sociologiques(décohabitation) et les réalités contras-tées dans l’attractivité économique desdifférents territoires.Ayant dressé ce même constat, les pou-voirs publics ont conçu différents outilsdestinés à soutenir la construction,notamment en drainant l’épargne desménages pour la financer. La solution aconsisté à offrir un avantage fiscal(amortissement des revenus ou réduc-tion d’impôt) à tout investis-seur s’engageant à faireconstruire un logement misen location pendant unedurée minimale. Presquetrente ans après le lancement du pre-mier dispositif « Méhaignerie », le bilandes mesures qui se sont succédé faitl’objet de débats. Remarquons que lacherté du « résidentiel » persiste,notamment pour les candidats à la« primo-accession » et les locatairesdans les « zones tendues ». Par ailleurs,il apparaît que les pouvoirs publics sontdésormais réticents à persister dans lerecours à l’outil budgétaire tant l’étatdes finances publiques compliquedésormais toute largesse supplémentai-re.En 2013, nous en sommes donc à lacroisée des chemins. Dans l’attente demesures de soutien au secteur, les pro-moteurs ont relâché leur activité deconstruction et le gouvernement et leParlement cherchent des solutions,notamment en incitant au retour desinvestisseurs institutionnels au bénéficede la constructionde logements neufs.Ce contexte est dif-ficile. Il est doncintellectuellementstimulant et il incombe notamment auxprofessionnels de l’immobilier de for-muler des propositions imaginatives.Parmi ces derniers, l’ASPIM, qui regrou-pe les gestionnaires de SCPI et d’OPCI,peut se targuer du bilan élogieux desSCPI « Logement » qui ont accompagnéleurs investisseurs dans le long terme etprocédé à des constructions dans deszones aux besoins locatifs durablementsoutenus. Le tout en faisant bénéficierles souscripteurs des vertus de l’épargneintermédiée. Dans le champ du « savoirfaire » de nos gestionnaires de fondsimmobiliers, nous avons engagé uneréflexion sur la constitution d’un fondsd’épargne immobilière concentré sur les« zones tendues » et le logement inter-médiaire (sachant que le logementsocial est le domaine du mouvementHLM et que le secteur libre fonctionnede manière autonome). Tel est l’objetdu Livre Blanc « 10 idées pour le loge-ment » récemment publié par l’ASPIM(téléchargeable sur www.aspim.fr).A l’heure où les Français, à commencerpar les plus modestes, prennentconscience des limites du régime derépartition, en dépit des modificationsqui lui sont de temps à autre apportées,nous pensons judicieux de concevoir unprojet de fonds d’épargne, constitutifd’un complément de revenus sur le longterme, conformément à ce que les SCPI« Immobilier tertiaire » proposentaujourd’hui, constitué d’actifs tangibleset dont la valeur n’est pas corrélée auxmarchés financiers.Comment parvenir au succès de ce pro-duit d’épargne en termes de collecte?Par le biais d’une rémunération suffi-sante, ce qui pose question quand onsait les taux que l’on peut tirer d’unlogement neuf dans le secteur intermé-diaire où les loyers sont contraints. Cerendement se détermine par les revenuslocatifs divisés par les coûts de produc-tion des logements, ces derniers étantconstitués par l’addition du prix du fon-9avril 201318JURIShheebbddooimmobilier••550000NOUSAVONSENGAGÉLARÉFLEXIONSURLACONSTITUTIONDUNFONDSDÉPARGNEIMMOBILIÈRECONCENTRÉESURLESZONESTENDUESETLELOGEMENTINTERMÉDIAIRE“L’épargne immobilière au secours du logement”parArnaud Dewachter,Délégué généralde l’ASPIM
cier, des coûts de construction, des fraisfinanciers et de la rétribution du pro-moteur. Parmi les observationsqu’appelle l’évolution de ces différentspostes et que nous pourrions volontierspartager avec nombre de nos confrèresde l’industrie immobilière (le surcoût dûaux normes, les recours abusifs etc.),notre réflexion porte essentiellementsur le sujet du foncier et son poids dansl’équation finale qui peut représenterjusqu’à 40% en Ile-de-France. Assurerun rendement attractif à ce fondsnécessite dès lors de « partager » lacharge de l’acquisition de la propriétéimmobilière entre le foncier (détenupar une entité publique) et le bâti (pro-priété du fonds d’investissement quifinancerait ces constructions avecl’épargne collectée auprès desménages). Les solutions juridiques exis-tent déjà: on évoquera ici l’emphytéoseou le bail à construction et l’on pourraéventuellement viser l’appropriationprogressive du terrain par le fondsd’investissement. Plus la durée de laconvention est longue, plus elle rendcet effort d’acquisition foncière suppor-table. Sa contrepartie réside dans unfonds ouvert, offrant uneliquidité satisfaisante à sesinvestisseurs. Des aménage-ments législatifs pourrontêtre avancés si les pouvoirspublics retiennent nos orientations.Nous mesurons les nombreuses ques-tions qu’il nous reste à éclaircir avantde parvenir à une solution satisfaisante.Il nous faudra en particulier trouver despartenaires publics disposés à « jouer lejeu » du portage du foncier sur le longterme, à l’heure où les collectivitéslocales, elles aussi à la recherche immé-diate d’argent frais, seraient plusenclines à la réalisation d’une plus-value sur la cession de leurs terrainsconstructibles.La mobilisation de tous les acteurs, Etat,collectivités et établissements publics etprofessionnels paraît indispensablepour parvenir aux solutions qui permet-tront au pays de sortir de cette crise. Sicette dernière ne saurait être imputéeau monde de l’immobilier, ses acteurspourraient se porter au secours du loge-ment. Cette inter-vention ne peutfonctionner qu’auprix d’une concerta-tion étroitementmenée avec les pou-voirs publics.A. D.9avril 201319JURIShheebbddooimmobilier••550000ASSURERUNRENDEMENTATTRACTIFNÉCESSITEDEPARTAGERLACHARGEDELACQUISITIONDELAPROPRIÉTÉ
Des bailleurs privés qui ont prisle relais des institutionnelsDepuis 1984, les incitations fiscales àl’investissement locatif dans le loge-ment neuf sont utilisées par les pou-voirs publics comme instruments derelance de la construction de loge-ments.Des résultats contrastés.Les dispositifs les moins contraignantss’avèrent, sans surprise, les plus effi-caces: réduction d’impôt Méhaignerie(1984), amortissement Périssol (1996) etRobien (2003-2006) première généra-tion. Les dispositifs à caractère social, enrevanche, ont été moins bien reçus, enraison des plafonds de loyers sensible-ment inférieurs et des contraintes por-tant sur les ressources du locataire qu’ilsimposent: réduction d’impôt Quilès-Méhaignerie et Super-Quilès, amortisse-ments Besson (1999-2003). Les disposi-tifs Robien recentré et Borloo populai-re, qui ont pris la suite du premier dis-positif Robien en 2006 se sont soldéspar un demi-succès.Le dispositif Scellier, introduitpar la Loi de finances rectifi-cative pour 2008 et envigueur depuis le 1erjanvier2009, a rencontré un succèsimmédiat en raison de sa « relative »simplicité et de son attractivité. Avec, àl’origine, une réduction d’impôt étaléesur 9 ans et égale à 25 % du prixd’acquisition plafonné à 300000 euros,un contribuablepeut réduire le mon-tant de son impôtde 8333 euros pen-dant neuf années desuite. De quoirendre une majorité de contribuablesnon imposables pendant tout ce temps!Mais raboté en 2011 puis en 2012, il aprogressivement perdu une partie deson attractivité. Le dispositif Scellier adéfinitivement disparu au 31mars 2013.A partir du 1erjanvier 2013, une nouvel-le incitation, le dispositif Duflot a pris lerelais. Il ne concerne que les logementsneufs à basse consommation et situésdans certains secteurs. Il permet desréductions d’impôt de 18 % sur 9 ans.Le succès des dispositifs d’incitation àl’investissement locatif a été immédiatet s’est amplifié avec la mise en œuvredu Périssol. Selon la Fédération des pro-moteurs immobiliers, 48000 logementsen ont bénéficié en moyenne chaqueannée depuis 1995. L’engouement a étéparticulièrement vif au cours desannées récentes sous les régimes Robienet Scellier, avec plus de 60000 ventespar an depuis 2004, à l’exception del’année 2008, marquée par la criseimmobilière. 2012 apparaît comme uneannée noire. Selon la FPI, les ventes en2012 devraient atteindre leur plus basniveau depuis 15 ans (entre 68000et72000 unités). La nécessité de recourir àde nouveaux acteurs apparaît commenécessaire.9avril 201320JURIShheebbddooimmobilier••550000LESDISPOSITIFSLESMOINSCONTRAIGNANTSSAVÈRENTLESPLUSEFFICACES“Retour sur les incitations en faveur de l’investissement résidentiel”parCharles-Henri deMarignan,Analyste senior,IEIFMise en chantier de logements en France métropolitaine(en milliers de logements ordinaires)
De nouvelles incitations pourfaire revenir les institutionnelssur le résidentielParallèlement, les institutionnels se sontdésengagés du logement. En 20 ans, lapart des institutionnels dans le parc pri-vé est tombée de 25 % dans les grandesvilles à moins de 4 % aujourd’hui. Lacrise du logement est actuellementd’une gravité telle que les simples inci-tations fiscales ne suffisent pas à larésorber et amène l’État à relancer ladynamique des institutionnels. Le gou-vernement souhaite effectivementinverser la tendance et rendre le loge-ment à nouveau attractif pour ces der-niers.Pour ce faire, de nouvelles incitationssont mises en place:Ainsi, depuis le 1erjanvier 2012, un nou-veau régime (article210 F du CodeGénéral des Impôts) a été voté. Il pré-voit la taxation à un taux réduit desplus-values de cession des biens immo-biliers à usage professionnel à destina-tion des sociétés foncières et de toutessociétés soumises à l’IS dans le seul casoù l’acquéreur s’engage à transformerle bien en habitation au plustard au 31décembre de latroisième année suivant sonacquisition.En parallèle, à destinationdes seuls assureurs, le gouvernementenvisage d’inclure un compartimentlogement au sein des contratsd’assurance-vie classiques. L’assurancevie subit actuellement une forte décol-lecte, le rendement ayant baissé, aupoint de devenir inférieur à celui de lapierre. Le principe serait de retenir lesépargnants en proposant, au sein descontrats d'assurance-vie classiques, uncompartiment logement, dédié àl'immobilier résidentiel neuf qui offri-rait la sécurité de la pierre et un rende-ment garanti de 3 % à 3,5 % net.Reste à savoir si les principaux intéressésvont se laisser à nouveau séduire. Lafaiblesse des rendements dans le rési-dentiel et les réglementations peu favo-rables aux propriétaires (relèvement dela taxe annuelle sur les logementsvacants, blocage des loyers, droit depréemption du locataire) ainsi que descoûts de gestionélevés risquent depeser lourd dansleurs décisions.Néanmoins, l’aspectcontra cyclique parrapport aux autres classes d’actifsimmobiliers, sa relative liquidité et lesplus-values réalisées par le passé peu-vent inciter les institutionnels à réintro-duire du logement pour un meilleuréquilibre de leur portefeuille d’actifs.C.H. M.9avril 201321JURIShheebbddooimmobilier••550000LAPARTDESINSTITUTIONNELSDANSLEPARCPRIVÉESTTOMBÉEDE25% ÀMOINSDE4%
Comme j’ai eu l’occasion de le déclarerrécemment, la crise du logement vacontinuer à s’aggraver en 2013 et j’aiannoncé une tendance de - 25% surles ventes de maisons individuellespour cette année. 126600 maisons ontété vendues en 2012 soit une baisse de– 16% des ventes par rapport au douzemois précédents (1).Plus inquiétant encore est la forte bais-se de l’accession sociale à la propriétéqui va entraîner un encombrement plusgrand du marché locatif et gripperdavantage le parcours résidentiel. Eneffet, pour la seule primo accessionsociale, c'est-à-dire les accédants ayantentre 1700 et 2300euros de revenusnets mensuels, la chute des ventes estde 32% sur les 12 derniers mois, doncnettement supérieure à la moyenne de16% tous segments confondus.Je m’inquiète aujourd’hui car il est àcraindre que les accédants modestes nepuissent plus s’offrir un logement. Lacrise a en effet donné un coup de freinà la progression du niveau de vie desFrançais. Les derniers chiffres de l’Inseele confirment: en 2009 « le niveau devie médian augmente modes-tement, de 0,4% en eurosconstants, contre +1,4% paran de 1996 à 2008 ». Leniveau de vie médian (parta-geant la population en deux partségales) s'est établi en métropole à19080euros par an, soit 1590euros parmois. Le niveau de vie moyen s'est, lui,stabilisé à 22140euros.Ces chiffres rappellent ceux de 2008-2009 mais la crise actuelle a desracines plus structurelles. Les pertesde parts de marché sont fortes pour lesaccédants modestes, qui subissent desproblèmes de financement de leuraccession en raison de la crise. La sur-abondance des normes et le coût dufoncier rendent impossibles un ajuste-ment et une resolvabilisation par unebaisse des prix du logement neuf. Lesprojections conduisent à estimer que lenombre de mises en chantier atteindramoins de 320000 logements en 2013,point bas des vingt dernières années.Les constructeurs sont conscients que lasituation écono-mique est tendue.La zone euroconnaît une périodede turbulence trèsforte et les banquesrencontrent des problèmes de liquiditébancaire. Toutefois, la situation desfinances publiques ne doit pas conduireà un retrait de la politique du loge-ment, sauf à aggraver les difficultés desFrançais, à mettre un frein brutal àl’activité économique et à détruire denombreux emplois. Avec 200000à235000maisons construites selon laconjoncture, les constructeurs de mai-sons sont les premiers acteurs du sec-teur du logement et ce rôle majeur sedécline en trois points:- ils sont de bons élèves du développe-ment durable. Ils ont mis en place desnormes NF et la profession s’est respon-sabilisée sur ce sujet. La certification desouvrages, la qualité des hommes et desproduits sont autant d’orientation enphase avec celles du Grenelle.- au plan économique, ils sont directe-ment créateurs d’emplois non délocali-sables et assurent une production surl’ensemble du territoire.- les constructeurs sont par excellenceun outil de relance de la croissance. Ilssont immédiatement réactifs aux aidesà l’accession, le délai entre l’aide et lalivraison étant d’un an.Dès la mise en place d’instruments puis-sants et adaptés (en 2008, le double-ment du PTZ), il y a une extrême réacti-vité du marché et les effets sont quasiimmédiats dans les trois mois qui sui-vent en termes de production etd’emplois.Si la ministre veut tenir la promesseprésidentielle des 500000 logements, leplus efficace est de jouer sur le levieraccession en maison qui depuis 1975représente plus de 50% des mises enchantier et des surfaces construites.Enfin, l’accession en maison estl’équation économique la plus perfor-mante: entre 160000et 200000 eurosfoncier compris soit environ de 1600à 2000euros du m2foncier compris9avril 201322JURIShheebbddooimmobilier••550000LACRISEDULOGEMENTVACONTINUERÀSAGGRAVEREN2013“Les gens modestes ne pourront plus s’offrir un logement”parChristian Louis-Victor,Présidentde l’Union des maisonsfrançaises
alors que le logement promoteur sort à3000euros minimum.J’aime terminer sur une touche optimis-te, trouvée dans le baromètre IFOP denovembre2012. En effet,l’attraitpour les maisons se renforceencore,et concerne aujourd’hui 48% des per-sonnes ayant un projet immobilier(contre 40% l’an passé). Synonyme desécurité, de valeurs familiales et de«cocooning», la maison constitue unlieu de vie privilégié.C. L.-V.9avril 201323JURIShheebbddooimmobilier••550000SILAMINISTREVEUTTENIRLAPROMESSEDES500000LOGEMENTS, LEPLUSEFFICACEESTDEJOUERSURLELEVIERACCESSIONENMAISON(1)source Markémétron, février2013
Les belles endormies…c'était le nomdonné aux Unibail, Gecina, et autresfoncières cotées avant la création durégime des Sociétés d'investissementsimmobiliers cotées ("SIIC"). Ces sociétésétaient propriétaires d'un portefeuilled'actifs immobiliers, souvent acquis audébut du siècle dernier, qui recélait desplus-values latentes colossales entraî-nant un gel de leurs actifs et une déco-te sur leurs titres très importante. Leursprincipaux concurrents, les fondsd'investissements étrangers, avaientquant à eux la possibilité de se structu-rer de manière à éviter l'imposition surles plus-values de cession de leurs actifsou, s'agissant des compagniesd'assurances, de réduire leur masseimposable via la dotation de provisionsréglementées venant en représentationde leurs engagements face à leurs assu-rés. Les foncières avaient besoin d'êtreréveillées et la fédération des sociétésimmobilières et foncières (FSIF) l'a fait!Parti de ce constat, et avec l'appui despouvoirs publics qui ont compris l'enjeuvertueux de créer un outil de dyna-mique immobilière permettant dedoper l'épargne dirigée vers ce secteur,le régime des SIIC est né parla loi de finances pour 2003du 30décembre 2002.Transparence fiscale: l'idée aété de créer un outil permettant deprélever l'impôt sur les revenus non pasau niveau du véhicule d'investissementmais au niveau de l'investisseur, permet-tant ainsi à chacun d'être imposé enfonction de sa propre situation fiscale.Volontairement simple, le régime s'estinspiré de certains exemples étrangers,notamment les Real Estate InvestmentTrusts de droit américain créés dans lesannées 60 aux Etats Unis.En résumé, le régime s'applique suroption aux sociétés cotées et leursfiliales dont l'activité principale est dedétenir ou construire des immeubles envue de les louer. Le régime consiste enune exonération d'impôt sur les sociétéss'agissant principalement des revenuslocatifs et plus values immobilières, les-quels revenus exonérés font l'objetd'une obligation de distribution de85% et 50% de leur montant respecti-vement. Ces revenussont imposés entreles mains des action-naires sans possibili-té d'exonération. Leprincipe consistedonc à déplacer la charge de l'impôt dela société vers ses actionnaires. De cefait, la société peut librement arbitrerses actifs sans que la perspective depayer un impôt sur une plus value his-torique et donc substantielle ne viennecontrarier sa stratégie. Libérées del'impôt tout en étant soumises à uneobligation de distribution, ces sociétésversent un dividende substantiel à leursactionnaires ce qui les a rendues attrac-tives aux yeux du marché. Il faut toute-fois préciser que l'option pour le régimen'est pas sans conséquence financièrepour les sociétés concernées. Elles doi-vent en effet s'affranchir à cette occa-sion de l'impôt sur les plus-valueslatentes afférentes à leurs actifs immo-biliers. Le taux de cet impôt, connu sousle nom d'"exit tax", avait été fixé àl'origine à 16,5% et augmenté à 19%depuis le 1erjanvier 2009. L'année2003, première année d'application durégime, était une année où la valeurdes immeubles était au plus haut, desorte que l'instauration du régime n'apas été une mauvaise affaire pour leTrésor qui a engrangé au titre de cetteseule année 2003 plus de 1400millionsd'euros de recettes fiscales.Près d'une cinquantaine de sociétés ontopté pour le régime depuis son entréeen vigueur, dont des sociétés paneuro-péennes. La capitalisation boursière desSIIC françaises est passée de 11milliardsd'euros début 2003 à près de 51mil-liards d'euros à fin 2011. Pour la pre-mière fois, une société foncière, UnibailRodamco, qui a opté pour le régimeSIIC dès 2003, fait partie du CAC 40. Cerégime a donc permis la création enFrance de grandes sociétés foncièresdynamiques et le compartiment immo-bilier de la bourse s'en est trouvé ren-forcé.Le succès du régime français a inspiréd'autres pays européens. Ainsi,l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uniont adopté un régime similaire en 2007,9avril 201324JURIShheebbddooimmobilier••550000LACAPITALISATIONBOURSIÈREDESSIIC FRANÇAISESESTPASSÉEDE11MILLIARDSDEUROSDÉBUT2003 ÀPRÈSDE51MILLIARDSDEUROSÀFIN2011“SIIC: 10 ans déjà!”parOlivier Mesmin etChristine Daric,Avocats associéschez Baker & McKenzie
suivis par l'Espagne et la Finlande en2009. Il est rare de voir qu'un régimefiscal français inspire nos partenaireseuropéens et cet événement mérited'être souligné.Par ailleurs, il faut rappeler que sousl'impulsion de la FSIF et des pouvoirspublics, le régime des SIIC a su évoluerdepuis sa création. Ainsi chaque annéeou presque depuis 2003, le législateurest venu compléter le régime. Unapport remarqué a été celui du disposi-tif provisoire dit "SIIC 3" qui a permis,du 1erjanvier 2005 au 31décembre2011, aux grands utilisateursd'externaliser leur patrimoine immobi-lier en le cédant à des SIIC, ou d'autresacteurs immobiliers faisant appel publicà l'épargne ou encore soumis aucontrôle des autorités de marché, dansdes conditions fiscalement attractives.Durant ces 7 années, le dispositif SIIC 3a animé le marché des grosses transac-tions immobilières contribuant à géné-rer des recettes fiscales en matière dedroits d'enregistrement et d'impôt surles sociétés. D'autres aménagements durégime ont eu pour objet d'en élargir lechamp d'application maisaussi de lutter contre cer-taines dérives. Ainsi, la loi definances pour 2008 a-t-elleinstauré un prélèvement spé-cifique de 20% en cas de distributionde dividendes à des actionnaires per-sonnes morales non soumis à l'impôt oùà un impôt comparable à l'impôt fran-çais afin de lutter contre la déperditionde masse imposable en cas de distribu-tion de dividendes à certains action-naires, notamment étrangers, nonimposables. La même loi de finances aégalement introduit une condition deflottant minimum et une autre de pour-centage de détention maximum par unmême actionnaire ou grouped'actionnaires agissant de concert afinde limiter la création de SIIC captives.Notons enfin qu'en France, le régimedes SIIC a inspiré celui des OPCI dont lerégime fiscal est très proche, contri-buant ainsi à moderniser le secteur desfonds immobiliers et à rendre la Franceplus attractive pour les investisseurs.En conclusion, lerégime des SIIC asans conteste été unsuccès. Il a profon-dément modifié lepaysage du secteurimmobilier coté en France et a été sour-ce d'inspiration pour nos partenairesétrangers. L'Etat y a également trouvéson compte avec un montant d'"exittax" de plus de 2,5milliards d'euros.Pour reprendre une expression souventutilisée par Dorian Kelberg, le déléguégénéral de la FSIF, faisant le bilan durégime dix ans après son introduction:"le régime SIIC aura été un régimegagnant gagnant".O. M. et C. D.9avril 201325JURIShheebbddooimmobilier••550000LESUCCÈSDURÉGIMEFRANÇAISAINSPIRÉDAUTRESPAYSEUROPÉENS
Les dix années passées ont étérévolutionnaires pour l’exercicedes métiers de l’immobilier engénéral. Il est temps d’adapter laloi du 2janvier 1970. Le projet deloi en gestation au sein du minis-tère devrait se situer dans lalignée de nos propositions.L’intermédiation immobilière en Francec’est, au quotidien, 48000 entreprisesqui administrent 7millions de lots encopropriété, 2millions de biens engérance et qui réalisent plus de 400000transactions sur logements anciens.Avec 170000 emplois et un chiffred’affaires de 18milliards d’euros pourles activités d’agent immobilier etd’administrateur de biens, elle contri-bue à hauteur de 13% de la valeurajoutée de l’ensemble des activités éco-nomiques du pays.Cette réussite réside pour une grandepart dans la capacité d’une profession,fidèle à ses valeurs d’origine, à innoverau fil du temps en faveur d’une qualitéde services toujours pluspoussée. Les structures fami-liales et autres agences patri-moniales d’après-guerre ontprogressivement cédé la pla-ce à de véritables entreprises, commeen témoignent l’explosion du nombred’entrepreneurs indépendants,l’émergence des groupes et des fran-chises.La loi Hoguet de 1970 n’est pas étran-gère à cette réussite. Le développementde l’intermédiation immobilière a eneffet été garanti par la moralisation dela profession et le respect de troispiliers fondamentaux plébiscités par lesprofessionnels eux-mêmes: un cadrelégislatif strict des compétences d’accèsà la profession, une obligationd’assurance de responsabilité civile pro-fessionnelle, et une garantie financièredès lors que le professionnel détient desfonds au nom et pour le compte de saclientèle.Dans ce contexte, ceux qui viendraients’opposer à la raison d’être de la profes-sion et à son aptitu-de à servir les inté-rêts des clients seheurteraient à laréalité des chiffres:les agents immobi-liers ont depuis gagné 40% de parts demarché du particulier à particulier,60% des transactions sur logementsanciens sont réalisées par les agentsimmobiliers contre 20% en 1970, et90% des immeubles en copropriétésont gérés par des syndics profession-nels, les enquêtes d’opinions révélantque 85% des Français apprécient le ser-vice rendu par leur syndic de coproprié-té.Pour autant, si depuis 40 ansl’architecture de la loi Hoguet n’a pasévolué, on peut se poser la question desavoir si elle est en mesure de faire faceaux évolutions qui ont marqué le débutdu XXIesiècle.Il va sans dire que les conditionsd’exercice des métiers se sont complexi-fiées. De la loi de la jungle, on est passéà la jungle des lois: multiplicité destextes, renforcements des codes de laconsommation, de la construction et del’habitation, du commerce ou encoretransposition de directives européennesconduisent chaque jour les profession-nels à acquérir toujours plus de compé-tences juridiques, techniques, comp-tables, commerciales…Les besoins de la clientèle ont évolué.Sur fond de pressions consuméristes ettechnologiques, « tout ou presque » estaccessible en ligne: offre globale à lavente et à la location, argus des prix,visites virtuelles, conseils juridiques, dia-gnostics, simulateurs et comparateursde financement, de devis… En quelquesclics, la clientèle s’improviserait presqueagent immobilier, juriste, comptable,voire même syndic! C’est irréaliste, maisune chose est sûre, le consommateur estdevenu de plus en plus exigeant.Le rôle de l’agent immobilier a changéaussi puisqu’il doit, outrel’intermédiation habituelle, entre-prendre toutes les démarches utilespour le compte de ses clients: recherche9avril 201326JURIShheebbddooimmobilier••550000ILAPPARAÎTPRIMORDIALDAPPORTERDENOUVELLESGARANTIESAUXCONSOMMATEURS“Pour une nouvelle loi Hoguet!”parEtienne Ginot,président de l’UNISetJean-François Buet,président de la Fnaim
de diagnostiqueurs, de plans de finan-cement, démarches administratives, ser-vices à la personne… L’administrateurde biens devient un véritable conseilleren gestion de patrimoine, et le syndic,au-delà de veiller à la réglementationen vigueur et à la gestion des partiescommunes, endosse un rôle social,d’animateur de la collectivité, voired’arbitre, acteur incontournable au seinde la copropriété.Malheureusement des marchés« d’opportunité » se développent sousl’impulsion de certains acteurs cupidesqui considèrent l’immobilier comme unjob et non comme un métier. L’exercicedes métiers, exacerbé par la concurren-ce, devient propice à la pratique du« low-cost » au détriment du devoir deconseil nécessaire à la sécurisation destransactions. La profession n’est-elleplus en mesure de préserver les intérêtsde la clientèle? N’est-elle plus capablede répondre à ses attentes? La profes-sion mérite-t-elle de voir son imagesouillée dans les médias ou dans l’espritdu législateur? Certes non. Il apparaîtseulement primordial d’apporter denouvelles garanties auxconsommateurs.Comment? Avec ambition, ens’appuyant sur la force dudiagnostic et en se posant les bonnesquestions. Les règles fixées par la loiHoguet, qui rappelons-le régissent lesconditions d’accès à la profession etd’exercice des métiers, fournissent-elletoujours un cadre adapté au développe-ment des entreprises et à la préserva-tion de l’emploi? Définissent-elles enco-re un standard de qualité de servicesadapté à la sécurisation des consomma-teurs et à la transparence? Constituent-elles toujours un remède pour protégerle consommateur des abus de certainsprofessionnels?Les Etats Généraux des ProfessionsImmobilières ont permis à la Fédérationnationale de l’immobilier (FNAIM) et àl’Union des syndicats immobiliers (UNIS)de répondre à ces questions. À l’issued’une large concertation, elles sont par-venues à l’émergence d’un consensuspour réviser les conditions d’accès auxprofessions immobi-lières et d’exercicedes métiers adap-tées au développe-ment des entre-prises et à la préser-vation de l’emploi, garantir un standardde qualité de services adapté à la sécu-risation des projets de la clientèle et àla transparence et lutter contre les pra-tiques illicites et l’amateurisme afin deprotéger le consommateur des abus.À la prochaine loi-cadre sur le logementd’entériner ce formidable consensus !E. G. et J.-F. B 9avril 201327JURIShheebbddooimmobilier••550000A LISSUEDUNELARGECONCERTATION, LAFNAIM ETL’UNIS SONTPARVENUESÀLÉMERGENCEDUNCONSENSUS
La crise est là et la copropriété est encrise.La crise c’est à la fois une expériencetrès dure pour tous, mais c’est aussi sansdoute le seul moyen d’avancer et detraiter les problèmes en apparence inso-lubles qui empoisonnent la vie descopropriétés et des copropriétairesdepuis des années.Il y a trois séries de problèmes plus pré-occupants que les autres, en particulier.Et nous voudrions les passer en revueen indiquant ensuite comment - selonnous - la crise est déjà en train de nousaider à les résoudre et nous permettred’aller au-delà du miroir.....I. Les gros travaux et la rénova-tion énergétiqueLe premier problème, c’est le blocageformidable des copropriétés en termede gros travaux et de travaux de réno-vation énergétique.Alors que le Grenelle 1 (ndlr: loi n°2009-967 du 3août 2009 de program-mation relative à la mise en œuvre duGrenelle de l'environnement) a fixé unebaisse des consommations énergétiquesdans le résidentiel à moins38% pour 2020, nous attein-drons sans doute à peinemoins 10%.Une catastrophe.Pendant le même temps, les gros tra-vaux d’entretien indispensables dans lestrois à cinq millions de logements encopropriété concernant les immeublesvieillissants ne sont pas faits ou sontfaits très partiellement.Comment faire pour éviter l’inévitablecatastrophe?II. Les syndics de copropriétéLe deuxième problème est le problèmedes syndics et leur formidable incapaci-té à « gérer » les copropriétés dans debonnes conditions: transparence, effica-cité, proximité, maîtrise.Au lieu de cela, concertation et finan-ciarisation, deux mots qui expliquent lespathologies qui frappent le secteur. Etleurs conséquences, des gestionnairessurchargés, dépassés, justes capablesd’assurer le minimum pendant que lesfinanciers desgroupes font debelles et dange-reuses affaires,URBANIA qui a faillivoler en éclat, FON-CIA racheté par un fondsd’investissement, CITYA qui renoue avecla croissance externe mortifère pour lescopropriétés...Là aussi, comment faire pour empêcherle désastre?III. Les copropriétés fragiles eten difficultéLe troisième problème est encore plusangoissant, c’est le défi des coproprié-tés dites fragiles et en difficulté, phéno-mène en accélération vertigineuse.Dérive des charges, impayés en aug-mentation, dévalorisation financièreaccélérée de certaines zones, précarisa-tion d’une partie croissante des copro-priétaires (retraités, primo-accédants,chômeurs), tout pousse au désastre.Mais comment faire?Crise des travaux et du gros entretien,dérapage des charges, crise des syndics,crise des copropriétés fragiles et en dif-ficulté.Tout ceci donne envie de refermer laporte et d’aller voir ailleurs.Et pourtant c’est peut-être de cettemulti-crise que vont finir par émergerles solutions.Les oppositions s’apaisent, des partena-riats se nouent, des solutions combinéesse mettent en place, les uns écoutentenfin les autres.Il y a peu le Président de l’ARC, FernandChampavier, le Président de l’UNIS,Étienne Ginot et le Président de laFNAIM, Jean-François Buet pouvaientenvisager ensemble des réunions de tra-vail sur des sujets pourtant complexeset, il y a peu encore, polémiques.Rare.Pour montrer que l’anti-crise est enmarche, nous faisons le tour de cesactions communes de partenariales déjàengagées ou qui vont démarrer bientôt.9avril 201328JURIShheebbddooimmobilier••550000TROISPROBLÈMESQUELACRISENOUSAIDEÀRÉSOUDRE“Vive la crise!”parL’ARC,Association des Respon-sables de Copropriété
a) Premier chantier: pour contrerl’inertie en matière de gros travaux etde rénovation, il va FALLOIR mettreen place de façon généralisée desdémarches et des méthodes nouvelles,des outils innovants.Nous les connaissons déjà, ils sont encours de construction ou de mise enœuvre:- c’est le fonds travaux obligatoire déjàrepris dans le projet de loi Duflot;- c’est le B.I.C. (Bilan Initial de Copro-priété) développé par Planète Copro-priété et déjà utilisé par de nombreuxacteurs;c’est l’audit global partagé qui associearchitecte et thermicien;- c’est le « Quatre-quarts » pour bouclerdes plans de financements im-po-ssi-bles et associant CEE, fonds travaux,prêts collectifs, aides individuelles oucollectives;- c’est les SEM régionales d’assistance;- c’est la mobilisation des PME;- c’est l’« étiquette charges »;- c’est l’épargne collective avec le P.E.C.(Plan d’Épargne Copropriété);etc.À l’ARC, nous voulons travaillerensemble avec tous ceux quil’acceptent et ils sont nom-breux: les banquiers, les opé-rateurs, les syndics, les archi-tectes, les entreprises, lesthermiciens, les associations diverses detous horizons, les collectivités. Forcé-ment nous allons trouver. Forcément.b) Deuxième chantier: pour régulerla profession et les pratiques dessyndics, il VA FALLOIR, comme chacunle sait, mettre en place des instancesparitaires de contrôle, de discipline,d’encadrement, de formation, de déon-tologie.Ce dont les professionnels ne voulaientpas entendre parler il y a encore deuxans devient aujourd’hui audible poureux:- des Hauts Conseils intégrant les repré-sentants des usagers;des instances paritaires de conciliationdépartementales;des commissions régionales discipli-naires;la mise en place de référentiels profes-sionnels définis avec les usagers;des comptes séparéssans dérogation;la rédaction decodes de déontolo-gie concertés;Nous faisons le pariqu’avant la parution des décrets de laloi DUFLOT des instances expérimen-tales seront déjà en place pour per-mettre de lancer le travail.c) Troisième chantier: enfin pourpré-venir les difficultés et guérir lescopropriétésil faut - là aussi - desméthodes, des compétences, des parte-nariats nouveaux.Ceux-ci sont en train d’émerger. Descollectivités territoriales, des opéra-teurs, des associations, des réseauxsociaux, des syndics, des agences d’Étatcomme l’ANAH mettent en place despropositions innovantes etpartenariales:- un groupe de travail sur le syndic deredressement va se mettre en place ain-si que sur l’identification et le dévelop-pement des compétences des manda-taires ad hoc;- des outils nouveaux pour redresser lescopropriétés en difficulté vont êtreexpérimentés (contrat de requalifica-tion; coopérative de reconstruction...) ;- les Observatoires locaux des coproprié-tés poussent comme des champignons;des outils nouveaux d‘intervention ycompris des Observatoires locaux descharges pour maîtriser les charges semettent en place avec les collectivités;des dispositifs d’accompagnement - dèsle début de la conception ou de la miseen route des immeubles - sont en gesta-tion.Là encore « nécessité fait loi », « néces-sité rend ingénieux » et force à trouverles voies d’un traitement partenarialefficace.La crise? Pas seulement, aussi un champd’inventions et de développement derelations multi-partenariales inespéré.Un renouveau. Un espoir.Et, pour nous, surtout la fierté d’« enêtre ».Vive cette dynamique de crise. Et qu’onen sorte vite et renouvelé.9avril 201329JURIShheebbddooimmobilier••550000ILVAFALLOIRMETTREENPLACEDESOUTILSINNOVANTS,NOUSLESCONNAISSONSDÉJÀ
Le mode de détention de l’immobilierdans lequel est exploitée l’entreprise estune question fréquente pour le diri-geant d’entreprise. La problématiqueréside principalement autour d’unealternative: acquisition par la sociétéd’exploitation soumise à l’impôt sur lessociétés ou acquisition à titre personnel,en direct ou via une société soumise àl’impôt sur le revenu. Chacune de cessolutions présente des avantages maisaussi des inconvénients. Revenons briè-vement sur chacune de ces optionsavant d’évoquer le démembrement del’immobilier d’entreprise.Si le bien est détenu par la sociétéd’exploitation, il constituera pour elleune immobilisation corporelle amortis-sable, réduisant ainsi son résultat fiscalglobal. En cas de cession du bien, laplus-value dépendra de sa valeur nettecomptable et sera intégrée au résultatexceptionnel de l’année. Cette inscrip-tion au bilan de l’entreprise étaitconseillée à une certaine époque carelle était un gage de solvabilité pour lescréanciers. En revanche, cette stratégiea un point faible conséquent lorsque ledirigeant souhaite céder sasociété puisqu’il devra alorstrouver un acquéreur intéres-sé non seulement parl’activité opérationnelle, maiségalement par les murs qui y sont atta-chés.L’autre stratégie consiste à détenir lesmurs à titre personnel, en direct ou parl’intermédiaire d’une structure soumiseà l’impôt sur le revenu. Dans ces deuxhypothèses, un bail est conclu entre lepropriétaire de l’immeuble, personnephysique ou société civile selon le cas,et la société d’exploitation. Pour cettedernière, le loyer constituera une char-ge déductible de son résultat et pour lebailleur, un revenu foncier. Le bien nepourra pas être amorti mais sa cessionbénéficiera du régime des plus-valuesimmobilières des particuliers (applica-tion d’un abattement pour durée dedétention au-delà de la 5e année,conduisant à une exonération après 30ans). En cas de cession de l’exploitation,le bien pourra être conservé et consti-tuera une source de revenus complé-mentaires pour ledirigeant retraité. Leprincipal inconvé-nient réside dans lataxation importantedes revenus fonciers.Pour limiter ces handicaps, une opéra-tion consiste à céder l’usufruit tempo-raire de l’immeuble à la sociétéd’exploitation. Concrètement, cette der-nière acquiert un droit réel surl’immeuble, juridiquement plus confor-table qu’un bail et peut, de par sonrégime fiscal, en amortir l’acquisition.Le dirigeant cédant, quant à lui, perçoitle prix de cession de l’usufruit temporai-re, calculé selon une valeur écono-mique, et peut le placer à sa guise. Auterme fixé de l’opération, il retrouve lapleine propriété de l’immeuble sans enavoir perdu l’antériorité fiscale. Ainsi,en cas de cession ultérieure de la pleinepropriété, la durée de détention est cal-culée depuis l’acquisition d’origine. Cet-te opération est d’autant plus optimalelorsqu’elle porte sur les parts de lasociété civile, soumise à l’impôt sur lerevenu, propriétaire du bien. Toutd’abord, cette dernière, pendant ladurée de l’usufruit, peut pratiquer dece fait un amortissement du bien. Ensui-te, la société acquéreuse amortiral’usufruit de ces parts.Cette stratégie était considérée commetrès attractive pour les chefsd’entreprise qui la mettaient en place.Mais, depuis la 3e loi de finances rectifi-cative pour 2012, à effet rétroactif au14novembre 2012, cela n’est plus lecas. En effet, jusqu’à cette date, la ces-sion de l’usufruit temporaire généraitune imposition dans la catégorie desplus-values immobilières, généralementplus avantageuse que l’imposition desrevenus fonciers. Dorénavant, le produitde cette cession est imposé dans la caté-gorie des revenus qui lui sont substi-tués, c’est-à-dire ici les revenus fonciers.L’opération de cession d’usufruitdevient de facto moins attractive pourle dirigeant propriétaire en direct. Ledémembrement de l’immobilierd’entreprise peut toujours être oppor-tun en fonction des objectifs recher-chés, par exemple, dès l’acquisition et9avril 201330JURIShheebbddooimmobilier••550000LACESSIONTEMPORAIREDUSUFRUITESTMOINSATTRACTIVEDEPUISLA3ELOIDEFINANCESRECTIFICATIVEPOUR2012“Le démembrement de l’immobilier d’entreprise”parMarie-LaureDecobert,Ingénieur PatrimonialSwiss Life Banque Privée
peut également s’avérer une excellentesolution pour sortir un bien du biland’une société d’exploitation. Revenonssur ces deux cas de figure.Dès l’acquisition du bien, la sociétéd’exploitation peut se porter acquéreurde l’usufruit et le dirigeant de la nue-propriété. La question est de savoircomment sera traitée l’opération pourle cédant s’il cède isolément des droitsdémembrés ou globalement la pleinepropriété à deux acquéreurs distincts.L’enjeu est ici important car il se verraitimposé différemment: dans la premièresolution, l’usufruit temporaire serait fis-calisé selon ce nouveau régime dans lacatégorie des revenus fonciers et lanue-propriété dans celle des plus-valuesimmobilières; dans la seconde hypothè-se, dans la catégorie des plus-valuesimmobilières pour la globalité. Les avissont différents sur cette question quidevrait être tranchée rapidement parl’administration fiscale.Enfin, le recours au démembrementpeut être une excellente opportunitépour sortir à terme un bien inscrit aubilan de la société. Concrètement, lasociété conserve l’usufruit pour unedurée déterminée et se« libère » de la nue-propriétéau profit du dirigeant.L’impact fiscal de la plus-value de sortie de bilan estainsi réduit car seule la nue-propriétéest cédée. Une première solution consis-te en l’acquisition à titre onéreux par ledirigeant de la nue-propriété. Mais cedernier devra toutefois en trouver lesmodalités de financement et, par consé-quent les ressources nécessaires au rem-boursement d’une dette non génératri-ce de revenus immédiats. Deux autressolutions plus originales peuvent êtreenvisagées: une distribution de divi-dendes en nature pouvant s’étaler surplusieurs années ou une réduction decapital en nature lorsqu’elle est pos-sible, c’est-à-dire si les actionnairesréunis en assemblée générale extraordi-naire l’autorisent à l’unanimité.M.-L. D.9avril 201331JURIShheebbddooimmobilier••550000LERECOURSAUDÉMEMBREMENTRESTEUNEEXCELLENTEOPPORTUNITÉDANSCERTAINSCAS
9avril 201332JURIShheebbddooimmobilier••SSOOMMMMAAIIRREEQuinze analysesJURIShebdo168, avenue Marguerite Renaudin 92140 Clamart Téléphone: 0146457769 Fax: 0146457786site internet: jurishebdo.frDirecteur de la rédaction: BertrandDesjuzeur Mél: bertrand.desjuzeur@jurishebdo.fr Secrétariat: Sabine Petit A coordonné ce numéro: Nathalie Levray JURIShebdo est une publication de la Société de Presse du Breil (SPB), SARL depresse au capital de 10000euros constituée en août2002 pour 99 ans. Siège social: 168, avenue Marguerite Renaudin 92140 Clamart RCS Nanterre 443034624000 17APE 5813Z Actionnaires:Bertrand Desjuzeur, Roseline Maisonnier Numéro de commission paritaire: CPPAP n°0214 I 80129Dépôt légal: à parution Prix de vente au numéro: 17 TTC (16,65HT) Abonnement pour 1an (41 nos +5 nos spéciaux): 769 TTC (753,19 HT) Directeur de la publication: Bertrand DesjuzeurImpression: Com-Copie Clamart Gestion des abonnements: logiciel Loïc Lavoine550000Les grandes réformes de la politique du logement depuis 2000Bernard Vorms, Directeur général de l’ANIL - Agence nationale pour l'information sur lelogementpage2Dix ans d’application de la réglementation des changements d’usage: bilan etperspectivesGuillaume Daudré, Notaire assistant, Allez & Associéspage4Mettre l’humain et les usages au cœur du bâtimentLionel Carli, Président du CNOA - Conseil national de l’ordre des architectespage6Favorisons le développement durable de la loi!Philippe Pelletier, Avocat associé, Lefèvre, Pelletier et Associéspage8Chronique d’un loyer indexéClaire Castela et Régis Hallard, Avocats associés du cabinet FIDALpage10Du territoire administratif à l’intercommunalité démocratisée?Brigitte Bariol, Déléguée générale de la FNAU - Fédération nationale des agences d'urbanismepage12Trop, c’est trop!Didier Ridoret, Président de la FFB - Fédération française du bâtimentpage14Face aux addicts des aides fiscales, il faut revenir à l’intérêt généralPatrick Doutreligne, Délégué général de La Fondation Abbé Pierrepage16L’épargne immobilière au secours du logementArnaud Dewachter, Délégué général de l’ASPIM - Association française des sociétés de placement immobilierpage18Retour sur les incitations en faveur de l’investissement résidentielCharles-Henri de Marignan, Analyste senior, IEIF - Institut de l'épargne immobilière et foncièrepage20Les gens modestes ne pourront plus s’offrir un logementChristian Louis-Victor, Président de l’UMF - Union des maisons françaisespage22SIIC: 10 ans déjà!Olivier Mesmin et Christine Daric, Avocats associés chez Baker & McKenziepage24Pour une nouvelle loi Hoguet!Etienne Ginot, président de l’UNIS et Jean-François Buet, président de la FnaimUnion des syndicats de l'immobilier - Fédération nationale de l'immobilierpage26Vive la crise!ARC, Association des Responsables de Copropriétépage28Le démembrement de l’immobilier d’entrepriseMarie-Laure Decobert, Ingénieur Patrimonial, Swiss Life Banque Privéepage30