lundi 4 août 2025

JURIShebdo Immobilier n° 565 du 1er juillet 2014

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Au sommaire :


– 2 – Jurisprudence –
Baux commerciaux : Calcul des intérêts sur le montant des arriérés de loyer / Forme du congé / Exigence d’immatriculation
Droit de propriété : Empiétement Vente : Constructibilité du terrain remise en cause par le retrait du permis de construire
Construction : Erreur d’implantation de la construction
Marchés publics : Le PDG de la Sovafim condamné
– 4 – Projets –
La ministre du logement, Sylvia Pinel, présente 50 mesures de simplifi-
cation et 4 priorités
Le ministre de l’économie, Arnaud Montebourg présente en conseil des
ministres un projet de loi de simplification de la vie des entreprises
– 6 – Baux commerciaux –
Multiples difficultés d’application de la loi Pinel : Club Pierre d’Herbert
Smith
– 7 – Nominations – Au fil du J.O. –
– 8 – Interview –
Denys Brunel (Chambre des propriétaires) : “Il faut un pacte de confiance
entre l’État et les propriétaires”.

La Cour de cassation s’est prononcée surle délai au-delà duquel il n’est plus possibled’engager un recours contre l’architecteencas d’erreur d’implantation de la construc-tion (p.3).Un arrêt de la Cour de cassation a statuéle 18juin sur la validité d’un congéadressépar huissier mais reprenant les termes d’uncongé adressé préalablement par lettrerecommandée (p.2).Le Conseil d’État a rendu le 18juin 2014deux avis précisant les modalités d’entréeen vigueur des règles de l’ordonnance du18juillet 2013 relative au contentieux del’urbanisme(p.7).Jean-Marc Peryron (avocat, Herbert Smith)estime que le nouveau régime de lissage dudéplafonnement des loyers commerciauxpourrait faire l’objet d’une question prioritairede constitutionnalité (p.6). La loi Pinel n’a eneffet pas été soumise au Conseil constitution-nel avant sa publication (voir p.6).L’ICC du 1ertrimestre 2014 est en haussede +0,12%. Même tendance pour l’ILATqui augmente de +0,27% alors que l’ILCrecule très légèrement, de -0,03% (p.7).Le projet de loi relatif à la simplification dela vie des entreprises présenté en conseil deministres le 25juin comporte une série demesures visant à faciliter les constructions. Ilest prévu par exemple une réduction des exi-gences que le PLU peut fixer en matière deplaces de stationnement(voir p.5).Bruno Parentest nommé directeur géné-ral des finances publiques et Bruno Bézard,directeur général du Trésor (p.7).Changement de ton, rue de VarenneChangement de ton au ministère du logement, rue de Varen-ne, à l’égard des professionnels de l’immobilier. Des efforts sontfaits en leur direction pour relancer une dynamique deconstruction. La présentation par Sylvia Pinel le 25juin de 50mesures de simplification témoigne d’une volonté de prendreen compte des demandes des professionnels pour simplifier lesexigences réglementaires de la construction qui freinent les travauxet augmentent le coût de construction. Le Président de la Chambredes propriétaires, Denys Brunel, confirme ce changement de ton(p.8). Le président de l’UMF, Christian Louis-Victor, note avec satis-faction la volonté de relancer une accession à la propriété “très gra-vement atteinte” et voit dans ces mesures, qui demandent à êtreaffinées, un signal très positif pour enrayer le marasme de laconstruction. Pour le SNAL, Roger Bélier salue la volonté affirméede rééquilibrer les territoires. Il approuve également la simplifica-tion des normes et la relance de l’accession sociale. Le président dela FPI d’Ile-de-France, Christian Terrassoux, salue également l’initia-tive du Premier ministre pour relancer l’immobilier. Il souhaite tou-tefois que les aménagements annoncés de la loi Duflot intervien-nent rapidement pour éviter que les investisseurs cessent toute acti-vité dans l’attente de leur entrée en vigueur.En matière de financement, les avis sont plus réservés. Ainsi In&FiCrédits estime que le Gouvernement joue “petit bras” en prévoyantpour l’ancien des exigences de travaux et une localisation orientéesur les centres-villes de zones rurales. Philippe Taboret (Cafpi) esti-me également que la réflexion est arrêtée au milieu du gué:ancrant ce PTZ sur les zones rurales, le ministère laisse de côté leszones tendues.Dans l’ensemble, les professionnels obtiennent donc une réorienta-tion d’un ensemble de mesures qui devraient contribuer à fairebaisser les coûts de construction et à accélérer les projets. La satis-faction est donc de mise même s’il faut bien sûr du temps pour queles mesures aient un impact concret sur les chantiers.Les textes nouveaux suscitent toujours des questions d’interpréta-tion, comme le montre parfaitement l’exemple de la loi Pinelpubliée le 19juin. Les travaux du Club Pierre organisé ce 26juin parle cabinet Herbert Smith montraient très nettement l’abondancedes questions ouvertes sur l’application de la réforme des baux com-merciaux. C’est le cas notamment sur la mise en œuvre du nouveaumécanisme de lissage de la hausse de loyer applicable lors d’undéplafonnement des loyers. Mais c’est aussi vrai pour l’indexationdes loyers avec la suppression de l’ICC du code de commerce ou l’en-trée en vigueur du nouveau mécanisme d’encadrement des chargesqui sont répercutables sur le locataire. A suivre. BDJURIShebdoLa lettre du droit immobilierpour les professionnelswww.jurishebdo.frNUMÉRO 5651ERJUILLET 2014ISSN1622-141914EANNEEL’ESSENTIEL..immobilier- 2 -Jurisprudence-Baux commerciaux: Calcul des intérêts sur le montant des arriérésde loyer / Forme du congé / Exigence d’immatriculationDroit de propriété: EmpiétementVente: Constructibilité du terrain remise en cause par le retrait dupermis de construireConstruction: Erreur d’implantation de la constructionMarchés publics: Le PDG de la Sovafim condamné- 4 -Projets-La ministre du logement, Sylvia Pinel, présente 50 mesures de simplifi-cation et 4 prioritésLe ministre de l’économie, Arnaud Montebourg présente en conseil desministres un projet de loi de simplification de la vie des entreprises- 6 -Baux commerciaux-Multiples difficultés d’application de la loi Pinel: Club Pierre d’HerbertSmith- 7 -Nominations - Au fil du J.O.-- 8 -Interview-Denys Brunel (Chambre des propriétaires): “Il faut un pacte de confianceentre l’État et les propriétaires”.SOMMAIREEDITORIAL
1erjuillet 20142JURIShebdoimmobilier••BAUXCOMMERCIAUXBaux commerciauxCalcul des intérêts sur le montantdes arriérés de loyer(Civ. 3e, 18juin 2014, n°801, FS-P+B+I, cassationpartielle, pourvoi n°13-14715)Un locataire avait sollicité le renouvellementde son bail le 15janvier 2009 à compter du1eravril suivant. Le bailleur avait accepté le10avril 2009 le principe du renouvellementtout en demandant un loyer déplafonné.Après échange de mémoires, le locataireavait assigné son bailleur devant le juge le21juillet 2010. Le bailleur avait notifié sonmémoire en réponse le 10septembre 2010.L’arrêt qui avait condamné le locataire àpayer des intérêts sur le montant des arriérésde loyers, calculé à partir de la date de lademande en fixation du nouveau loyer, estcassé:“Vu l’article 1155 du code civil […]Attendu […] que pour condamner la sociétéM. [locataire] à payer à M. R. les intérêtslégaux sur le montant des arriérés des loyers,judiciairement fixés, à compter du 10avril2009, l’arrêt retient que les intérêts mora-toires, attachés au loyer courent, en l’absencede convention contraire, du jour de lademande en fixation du nouveau loyer, enl’espèce le 10avril;Qu’en statuant ainsi, alors que les intérêts dussur la différence entre le nouveau loyer dubail renouvelé et le loyer provisionnel cou-rent à compter de la délivrance de l’assigna-tion introductive d’instance en fixation duprix, lorsque le bailleur est à l’origine de laprocédure, et à compter de la notification dupremier mémoire en défense lorsque c’est lepreneur qui a saisi le juge, la cour d’appel aviolé le texte susvisé”.L’arrêt est donc cassé.Observations:Comment calculer les intérêtsde retard sur la différence entre le nouveauloyer du bail renouvelé et le loyer qui a étéfixé par provision par le juge?La Cour de cassation distingue suivant que lademande a été introduite par le bailleur oupar le locataire.- Si la demande émane du bailleur, il fautcalculer les intérêts à compter de la délivran-ce de l’assignation introductive d’instance enfixation du prix.- Si la demande provient du locataire, il fauttenir compte de la notification du premiermémoire en défense.Cette question a donné lieu à de nombreuxarrêts (voir comm. dans code Dalloz sous art.L 145-57). La Cour de cassation avait fixécomme point de départ des intérêts du nou-veau loyer la date d’effet du renouvelle-ment (Civ. 3e, 23mars 1988, ou 12 déc.2006). D’autres arrêts avaient retenu la datedu jour de l’assignation, conformément àl’article 1155 du code civil (Civ 3e, 14mars1969, CA Paris, 4 nov. 2009).Ce nouvel arrêt qui retient la date de lal‘assignation, si le bailleur est à l’origine de laprocédure, est donc plus favorable au loca-taire que dans la solution qui retenait ladate du renouvellement du bail, qui estantérieure. De même lorsque le preneurprend l’initiative, comme en l’espèce, si onretient la date du mémoire en réponse dubailleur (10septembre 2010).Forme du congé (Cass. Civ. 3e, 18juin 2014, n°833, FS-P+B, rejet,pourvoi n°13-18369)Les parties à un bail commercial étaientconvenues le 29juin 2007 que le bail resteraiten vigueur jusqu’au 31décembre 2008, maisque le preneur pourrait y mettre fin de façonanticipée à tout moment par avec deux moisde préavis. Le locataire avait adressé uncongé par LR avec AR le 29janvier 2010. Lebailleur en ayant contesté la validité, le loca-taire avait fait signifier par huissier le 31mars2010 la lettre de congé. Était en débat la vali-dité de cette signification. La cour d’appelavait jugé le congé valable et portant effet au31mai 2010. La Cour de cassation confirme ladécision:“Mais attendu qu’ayant relevé que l’acteextrajudiciaire intitulé “signification de lettremissive” précisait à la SCI que lui était signifiéun courrier l’informant de la résiliation dubail pour le 31mars 2010 et lui recommandaitde lire avec attention la lettre jointe datée du29janvier 2010 portant la référence: “résilia-tion du bail du 30avril 1998”, la cour d’appela exactement retenu que cette significationconstituait un congé valable dont l’effetdevait être repoussé au terme du préaviscontractuel”.Le pourvoi est donc rejeté.Observations:L’article L 145-9 du code decommerce, avant sa modification par la loiPinel du 18juin 2014 imposait la délivrancedu congé par acte extrajudiciaire. La Cour decassation fait ici une appréciation souple del’exigence de l’acte d’huissier en admettantque cet acte peut reprendre les termesd’une LR préalablement adressée aubailleur. L’acte d’huissier du 31mars 2010, àeffet du 31mai 2010, et qui mentionnait lestermes de la LR du 29janvier, est validé.L’article L 145-9 est respecté en ce qu’il exigeun acte d’huissier mais l’arrêt autorise l’acteà faire mention d’un courrier antérieur quine respectait pas le formalisme légal.La question est désormais réglée par la loinouvelle qui autorise le congé par lettrerecommandée.Exigence d’immatriculation(Cass. Civ. 3e, 18juin 2014, n°835, FS-P+B, cassa-tion, pourvoi n°12-20714)Un bailleur avait assigné la fille de son loca-taire décédé, pour obtenir l’expulsion. Celle-ciavait alors revendiqué la propriété commer-ciale, ce que contestait le bailleur au motifqu’elle n’était pas immatriculée au registredu commerce et des sociétés. La cour d’appelavait considéré que devant le tribunal d’ins-tance, à l’audience du 6septembre 2007, ellen’était pas immatriculée puisque son inscrip-tion datait du 20septembre suivant. L’arrêtest cassé:“Vu l’article 843 du code de procédure civileen sa rédaction antérieure au décret du1eroctobre 2010, ensemble l’article L 145-1 ducode de commerce dans sa version antérieu-re à la loi du 4août 2008; […]Attendu […] qu’en statuant ainsi, alors que lepreneur qui revendique le statut des bauxcommerciaux doit justifier d’une immatricula-tion à la date de sa demande en justice etqu’en procédure orale, une demande en jus-tice présentée dans un écrit n’est valablementformée que lorsqu’elle est oralement soute-nue à l’audience des débats, la cour d’appel,qui a constaté que MmeW. [locataire] n’avaitsoutenu oralement sa demande que le6décembre 2007, a violé les textes sus-visés;Par ces motifs: casse”.Observations:C’est à la date de la demandeen justice que le locataire doit être immatri-culé au RCS, pour pouvoir prétendre à lapropriété commerciale. S’agissant d’une pro-cédure orale, la demande du bailleur avaitété soutenue le 6décembre seulement,même si elle était représentée par son avo-cat à l’audience du 6septembre précédent.C’est donc le 6décembre qu’il fallait appré-cier si la locataire était immatriculée, ce quiétait le cas, et non le 6septembre, date àlaquelle elle n’était pas immatriculée.Droit de propriétéEmpiétement(Cass. Civ. 3e, 18juin 2014, n°828, FS-P+B, cassa-tion, pourvoi n°13-10404)Un propriétaire avait assigné France Télé-com pour obtenir l’enlèvement d’unechambre téléphonique et d'un poteauimplantés sur sa propriété. La cour d’appelqui avait condamné France Télécom à desdommages-intérêts mais sans accorder l’en-JURISPRUDENCE
lèvement, voit son arrêt cassé:“Vu l’article 2 du code civil, ensemble l’article1er-1 de la loi du 2juillet 1990 modifiée par laloi du 26juillet 1996; […]Attendu que pour condamner la sociétéFrance Télécom à payer à M. D. des dom-mages-intérêts pour emprise irrégulière, l’ar-rêt retient que ces installations étant desouvrages publics lors de l’introduction del’instance, le litige devait être examiné auregard de ce caractère et que M. D. ne pou-vait se plaindre d’un empiétement sur sa pro-priété pour obtenir l’enlèvement des installa-tions;Qu’en statuant ainsi, alors que par l’effet dela loi du 26juillet 1996 ces installationsavaient perdu leur caractère d’ouvragespublics, la cour d’appel, qui a constatéqu’elles empiétaient sur la propriété de M. D.,a violé les textes susvisés;Par ces motifs: casse”.Observations:Les équipements litigieuxétaient des ouvrages publics à l’origine, lorsde leur installation en 1976. La cour d’appelavait relevé que ces équipements étaientdevenus des ouvrages privés en applicationde la loi de 1996 qui avait transféré ces biensà l’entreprise nationale France Télécom. Lacour d’appel avait considéré que, lors de l’in-troduction de l’instance, ces biens étaientencore de droit public, ce qui empêchaitd’ordonner leur enlèvement. La Cour de cas-sation fait au contraire application immédia-te de la loi nouvelle. En conséquence, le pro-priétaire doit pouvoir obtenir l’enlèvementdes équipements.VenteConstructibilité du terrain remiseen cause par retrait du PC(Cass. Civ. 3e, 12juin 2014, n°793, FS-P+B, rejet,pourvoi n°13-18446)Un contrat de vente du 27novembre 2008portait sur un terrain destiné à la constructiond’une maison. Un permis de construire avaitété délivré aux acquéreurs le 13octobre 2008mais il avait été retiré le 5janvier 2009 en rai-son de la suspicion de présence d’une cavitésouterraine. Les acquéreurs avaient alors assi-gné le notaire et les vendeurs en annulationde la vente. Ils avaient obtenu gain de causeet la Cour de cassation confirme la décision:“Mais attendu qu’ayant relevé que laconstructibilité immédiate du terrain était unélément déterminant du consentement desacquéreurs et constaté que le risque lié à laprésence d’une cavité souterraine existait à ladate de la vente, la cour d’appel a pu endéduire que la décision de retrait du permisn’avait fait que prendre en compte la réalitéde ce risque empêchant les acquéreurs deconstruire et que la vente était nulle;D’où il suit que le moyen n’est pas fondé;Par ces motifs: rejette”.Observations:Les acquéreurs contestaient lavalidité de la vente du terrain sur le fonde-ment du vice du consentement de l’article1110 du code civil. Cet article n’admet l’an-nulation de la vente pour erreur que si elletombe sur la substance même de la chosequi en est l’objet. Pour un immeuble, ledéfaut de contenance devient une qualitésubstantielle s’il rend l’immeuble impropre àla destination, connue des parties, en vue delaquelle il a été acquis (Civ. 23 nov. 1931).Un arrêt de 1983 (Civ. 1e, 1erjuin 1983, n°82-10945) avait jugé qu’il importe peu qu’aumoment de la vente, le terrain se présentecomme constructible dès lors que le certifi-cat d’urbanisme, par suite de son annulationpostérieure, est réputé n’avoir jamais existé.L’arrêt rapporté est dans le même sens. Leterrain vendu se présentait comme construc-tible puisqu’il lui était attaché un permis deconstruire. Mais celui-ci ayant été retiré et leretrait ayant un caractère rétroactif, le per-mis est réputé n’avoir jamais été accordé.ConstructionErreur d’implantation de laconstruction(Cass. Civ. 3e, 12juin 2014, n°754, FS-P+B, cas-sation, pourvoi n°13-16042)Après avoir acquis un terrain pour y construi-re une maison, une personne avait fait appelà un architecte et un géomètre. Une erreurd’implantation avait été commise et consta-tée par procès-verbal d’infraction et la mai-son avait dû être détruite; il n’y avait aucunepossibilité de réaliser une autre opération enraison de la modification des règles d’urba-nisme. L’acquéreur avait alors engagé unrecours contre les intervenants. Il se posait laquestion de la prescription.“Vu l’article 1147 du code civil […]Attendu que pour rejeter les demandes [enindemnisation], l’arrêt retient que l’actematériel porté à la connaissance de M. L.étant la notification du procès-verbal faite le16mai 1990, l’action, diligentée plus de dixans après cette notification, était prescrite;Qu’en statuant ainsi, sans rechercher, commeil le lui était demandé, si la démolition de lavilla pour méconnaissance des règles d’urba-nisme n’avait pas été ordonnée par le jugepénalmoins de dix ans après l’assignationenréféré du 12septembre 2003, la cour d’appeln’a pas donné de base légale à sa décision;1erjuillet 20143JURIShebdoimmobilier••VENTE- CONSTRUCTIONJURISPRUDENCEMarchés publics: la SovafimcondamnéeLe PDG de la Sovafim est condamné à uneamende de 1500 par la Cour de disciplinebudgétaire et financière.Il est reproché à la Sovafim d'avoir fait appelà des prestataires extérieurs pour remplir sesmissions sans aucune publicité préalable etsans mise en concurrence préalable. Lesprestations en cause ont été assurées parPerformance Consulting (assistance à maîtred'ouvrage pour 1,8 M), LDC Conseil(conseil en relations institutionnelles pour517 K), Accenture (réalisation de plan stra-tégique pour 725 K), Rotschild (conseilfinancier pour 1,4 M), Atisreal (commercia-lisation 386 K) et Jones Lang Lasalle (com-mercialisation pour 1,7 M).La question était de savoir si la Sovafim étaitsoumise à l'obligation de mise en concur-rence et de publicité préalable en applica-tion de l'ordonnance du 6 juin 2005. LaCour apporte une réponse positive à laquestion au motif que la Sovafim disposed'une personnalité juridique autonome,qu'elle est en relation de dépendance étroi-te à l'égard du pouvoir adjudicateur (capitaldétenu par l'Etat) et qu'elle concourt à lasatisfaction d'un besoin d'intérêt généralayant un caractère autre qu'industriel etcommercial. Ce dernier point résulte notam-ment du fait que la Sovafim constitue uninstrument de la politique immobilière del'Etat et a pour objet d'accélérer avec desprocédures dérogeant au droit commun, lavalorisation et la cession de biens détenusnotamment par RFF. Le cabinet CliffordChance avait dès 2007 alerté le PDG sur lefait que l'ordonnance de 2005 devait êtreappliquée.La Cour juge cependant que le PDG bénéfi-ce de circonstances atténuantes pour avoirappliqué l'ordonnance depuis 2009.(Arrêt du 17juin 2014 de la Cour de disciplinebudgétaire et financière du 17juin 2014, J.O.du 21juin, p.10269).Par ces motifs: casse”.Observations:La cour d’appel avait retenuque le PV d’infraction ayant été notifié aupropriétaire en 1990, ce qui marquait lamanifestation du dommage puisque lechantier avait été arrêté, et que l’action d’in-troduction d’instance en référé datait de2003, le délai de prescription de dix ans étaitdépassé.L’auteur du pourvoi soutenait au contraireque le délai de dix ans devait se calculer àcompter de la décision de justice ayantordonné la démolition. Cet argument aemporté la cassation.C'est donc à compter de la décision ordon-nant la démolition qu’il faut calculer le délaide dix ans de prescription de l’action en res-ponsabilité à l’encontre de l’architecte.
1erjuillet 20144JURIShebdoimmobilier••La ministre du logement a présenté le25juin 50 mesures de simplification afinde relancer la construction de logements.Sylvia Pinel expose son plan en 4 priorités.1. Favoriser l’accession à la propriété.Le prêt à taux zéro est la première mesureévoquée par la ministre. Il doit faire l’objetde deux modifications :- extension aux zones moins tendues etrelèvement de plafonds. Ce “recentrage”doit entrer en vigueur le 1eroctobre 2014.- élargissement aux logements anciens àréhabiliter. L’objectif est de soutenir la revi-talisation des territoires ruraux. Son entréeen vigueur est prévue au 1erjanvier 2015. Il est prévu par ailleurs d’augmenter lesplafonds du prêt accession sociale (PAS) etde les aligner sur ceux du PTZ.Ces réformes devraient permettre unehausse de 60% du nombre de prêts distri-bués, qui passeraient de 44000à 70000par an.2. Sylvia Pinel souhaite simplifier les règlesde constructionsans diminution des exi-gences de qualité. La ministre indique queles 50 mesures présentées sont issues d’untravail collaboratif avec les professionnels.Elle a insisté sur la révision des normesélectriques afin de distinguer ce qui relèvede la sécurité, qui reste obligatoire, de cequi relève du confort, qui doit être faculta-tif. Certaines normes doivent être suppri-mées: obligation de précision d’arrêt desascenseurs, certaines règles de la RT 2012pour l’extension des petits logements,l’exigence de sas obligatoire entre des toi-lettes et un séjour.Certaines mesures concernent l’accessibili-té. Suppression de l’obligation d’accessibili-té pour l’étage en cas de logements super-posés.Sylvia Pinel a annoncé la prochaine instal-lation du Conseil supérieur de la construc-tion qui sera chargé d’évaluer l’impact desnouvelles réglementations de la construc-tion. Il est prévu un appel à manifestationd’intérêt par l’Ademe pour développer destechniques de construction innovantes.Bertrand Delambre, président du CSTB, estnommé “ambassadeur du numérique dansle bâtiment”.Dans le cadre du projet de loi de simplifi-cation de la vie des entreprises (présentéen conseil des ministres le 25juin) il estprévu de nouvelles règles de consultationdu public et un plafonnement des obliga-tions de construction de parking (notam-ment pour les résidences étudiants ou depersonnes âgées).3. Pour la construction, il faut amplifierLAMINISTREDULOGEMENTVEUTSIMPLIFIERRENCONTRE50 mesures de simplification et 4 priorités pour Sylvia PinelSimplifier les règles et normes existantes1. Sécurité incendie1. Supprimer l’interdiction de l’usage du bois en façade qui existe pour lesgrands bâtiments2. Lever les autres restrictions anciennes de la réglementation incendie pourpouvoir utiliser des matériaux innovants, avec le même niveau de sécurité 3. Adapter la réglementation incendie pour mieux tenir compte des spéci-ficités constructives ultramarines4. Réviser les règles de désenfumage2. Confort intérieur5. Supprimer le sas entre le cabinet de toilettes et le séjour ou la cuisine6. Améliorer la lisibilité des exigences liées à la réglementation sur la ven-tilation3. Risques sismiqueset technologiques7. Exonérer d’exigences parasismiques les éléments ne présentant pasd’enjeux pour la sécurité des personnes.8. Revoir la réglementation sismique applicable à l’ajout ou au remplace-ment d’éléments qui ne font pas partie de la structure du bâtiment9. Définir les travaux à réaliser au vu des objectifs de performance fixésdans les règlements des plans de prévention des risques technologiques4. Électricité etréseaux de communi-cation10. Réviser la norme électrique pour séparer ce qui relève de la sécurité,d’application obligatoire, de ce qui relève du confort, d’application volon-taire11. Réduire les exigences d’équipements électriques prévus par la normepour correspondre aux usages constatés5. Lutte contre lestermites12. Revoir le périmètre d’application des mesures de prévention pour lalutte contre les termites, en passant d’un maillage départemental à unmaillage communal6. Performance ther-mique13. Relever le seuil d’application de la RT 2012 pour les extensions de bâti-ments existants14. Autoriser un bonus de constructibilité pour les opérations plus perfor-mantes que la RT 2012, sans renvoi à un label réglementaire15. Simplifier les conditions d’obtention des agréments de projets spéci-fiques pour la RT 201216. Adapter les obligations relatives aux surfaces vitrées qui pénalisentnotamment les petits logements collectifs17. Proportionner l’exigence de consommation maximale d’énergie primai-re à la taille des maisons de petite et très petite surface18. Proportionner l’exigence de consommation maximale d’énergie primai-re à la taille des bâtiments tertiaires (vestiaires sportifs…)19. Préciser les conditions d’installation des systèmes de mesures ou d’esti-mation des consommations d’énergie prévus par la RT 20127. Outre-mer20. Lancer la révision de la RT, acoustique et aération DOM pour faciliterson application21. Pendre en compte la spécificité des sites très isolés pour l’applicationde la réglementation sur les équipements électriques et de communication8. Adapter les règlesd’accessibilité pourmieux répondre auxbesoins22. Dans le cas de 2 logements superposés, ne plus exiger l’accessibilité auxpersonnes à mobilité réduite du logement situé à l’étage23. Supprimer les dispositions pour l’accessibilité aux personnes en fau-teurs roulants aux étages non accessibles24. Autoriser les travaux modificatifs de l’acquéreur qui garantissent lavisitabilité du logement et l’adaptabilité du cabinet d’aisances25. Pour les logements à occupation temporaire, prévoir qu’un quota delogements soient accessibles, mais non la totalité26. Élaborer une réglementation spécifique pour les ERP existants alors quela même réglementation que pour les ERP neufs s’applique aujourd’hui27. Mettre en cohérence les possibilités de rendre accessible l’intérieurd’un bâtiment avec la topographie28. Autoriser l’installation des rampes amovibles pour la mise en accessibi-lité des ERP existants29. Autoriser l’installation d’un élévateur au lieu et place d’un ascenseurjusqu’à une hauteur correspondant à un niveau30. Mettre en cohérence la réglementation et la norme pour la mesure dela ligne de foulée dans un escalier tournant31. Autoriser les chevauchements entre débattements de portes et cerclede rotation du fauteuil roulant dans certaines pièces32. Faire référence aux largeurs de passage plutôt qu’aux largeurs nomi-nales de portes33. Réviser l’obligation d’accessibilité des fenêtres situées en hauteur dansles pièces humides34. Simplifier la réglementation relative à l’éclairage dans les parties com-munes35. Réviser la règle d’accessibilité relative aux places de stationnementdans les parcs de stationnement qui comportent plusieurs étagesLes mesures visant à simplifier les normes existantes sont réparties en 10 catégories. S’y ajoutentquelques mesures en faveur de la lisibilité de nouvelles règles :
1erjuillet 20145JURIShebdoimmobilier••PROJETSNouveau président pour l’UNISChristophe Tanay, administrateur de biens, associé du cabinet KST à Parisa été élu président de l’UNIS pour 3 ans. Il succède à Etienne Ginot.et pour l’UCVL’Union du grand commerce de centre-ville (UCV) sera présidéepar Stéphane Maquaire(président du groupe Monoprix), qui remplacePhilipe Houzé(Galeries Lafayette).8. suite36. Revoir l’obligation de la 2e rampe dans les escaliers tournants37. Permettre l’installation de rampe discontinue dans les escaliers à angle38. Circonscrire l’accessibilité des chambres d’hôtel non-adaptées à la lar-geur de la porte d’entrée des chambres9. Ascenseurs39. Confirmer la suppression de l’obligation de travaux de précisiond‘arrêt40. Instaurer un moratoire sur l’obligation de travaux de protectioncontre la vitesse excessive en montée41. Intégrer la prise en compte du coût induit pour le maître d’ouvragedans tout document normatif visant à dimensionner le nombre d’ascen-seurs dans les programmes immobiliers10. Divers42. Revoir la réglementation pour faciliter l’installation de prises derecharge pour les véhicules électriques43. Étendre les possibilités de réalisation d’un espace de stationnementpour les vélos à l’extérieur des bâtiments, lorsque celui-ci est obligatoire44. Supprimer l’obligation d’installer un conduit de fumée dans les mai-sons individuelles équipées d’un système de chauffage électrique45. Préciser la réglementation applicable à l’aménagement des espacesdestinés aux transports de fonds46. Supprimer l’obligation de taux de bois dans la construction au profitde mesures opérationnelles en faveur de l’utilisation du bois47. Faciliter l’utilisation de matériaux bio-sourcés en façade, en ne per-mettant pas aux documents d’urbanisme de les interdireAgir pour la qualité et la lisibilité des nouvelles normes et réglementationsGouvernance et asso-ciation des acteurs dela construction48. Réformer le processus d’élaboration des normes pour en réguler leflux et mieux associer tous les professionnels concernés49. Mettre en place le conseil supérieur de la construction50. Mettre en place un véritable service après vote des réglementationsl’effort de construction de logementssociaux.L’État sera vigilant pour assurer lerespect des obligations de construction delogements sociaux et les préfets sont char-gés de suivre les projets de construction delogements sociaux que les nouveaux élusissus des élections municipales ont l’inten-tion de remettre en cause.Un appel à projet est prévu pour créer desnouveaux PLAI très sociaux avec un objec-tif de 3000 logements par an.Logement intermédiaire et ajuste-ment du régime DuflotAfin de développer l’offre de logementsintermédiaires en zones tendues (l’ordon-nance du 20février 2014 doit faire l’objetd’un projet de loi de ratification déposéavant le 21juillet 2014 au Parlement), ilest prévu de fixer les plafonds (ressources,loyers et prix) par décret dès cet été. Lezonage A, B, C doit être revu d’ici l’été etfavoriser ainsi l’investissement locatif dansles agglomérations de Lille, Lyon et Mar-seille par exemple.La réduction d’impôt Duflot (18% du prixavec engagement de louer pendant 9 ans)sera modifiée pour inciter le bailleur àpoursuivre la location. Si la location estpoursuivie jusqu’à 12 ans, la réductiond’impôt serait majorée d’un pour cent parannée.4. La ministre entend par ailleurs accélérerla mobilisation du foncier public.Simplification de la vie desentreprisesArnaud Montebourg a présenté en conseildes ministres le 25juin un projet de loi “rela-tif à la simplification de la vie des entre-prises”. Le texte comporte plusieurs articlesd’habilitation à légiférer par ordonnancespar exemple (art. 3) pour développer lechamp d’application du rescritou supprimercertains régimes d’autorisationpréalable etde déclaration pesant sur les entreprises (art.4). L’article 5 réduit le nombre de commis-sion localescompétences en matière d’amé-nagement du territoire.L’accélération des projets de constructionfigure à l’article 7. Son objectif est double:lutter contre l’étalement urbain et réduireles délais d’instruction. Elle passe par plu-sieurs mesures:- De nouvelles modalités alternatives à l’en-quête publiquepour certaines décisions depermis de construire ou d’aménager.- Une modification de l’article L 123-5-1 ducode de l’urbanisme relatif à la facultépour les communes de déroger aux règlesde surélévations, de retrait par rapport auxlimites séparatives et aux travaux d’agran-dissement de la surface des logements.Ce texte sera applicable, non seulementaux communes relevant de l’article 232 duCGI mais aux communes où s’applique leblocage des loyers. Le champ d’applicationsera élargi aux dérogations liées aux règlesde distance par rapport aux tiers(et passeulement aux règles de gabarit).- Une réduction des exigences que le PLUpeut fixer en matière de places de station-nement, lorsque le projet de constructionest situé à moins de 500m d’une gare oud’une station de transport collectif guidé.- La faculté donnée au PLU de fixer unbonus de constructibilitéaux projets deconstruction situé dans les zones à domi-nante commerciale, quand les conditionsde desserte par les transports publics lepermettent. Cela vise à favoriser une mixitédes fonctions urbaines en permettant laconstruction de logements au sein d’unbâtiment commercial.A noter enfin, parmi les autres articles, uneréforme du droit des marchés publics partranspositions de deux directives euro-péennes (art. 27).Les préfets seront chargés de rechercherles projets ciblés pour que des mises enchantiers soient programmées rapidement.La présidence de la Commission nationaled’aménagement foncier et d’urbanismeest confiée à Thierry Repentin.En Ile-de-France, un établissement publicfoncier régional devra voir le jour avant lafin de l’année.Et la loi ALUR?Interrogée sur l’avenir la loi ALUR, laministre a indiqué que pour prendre les200 mesures d’application de la loi ALUR, ilfallait du temps. La préparation des textesd’application sera donc priorisée en fonc-tion de leur impact sur le pouvoir d’achat.L’encadrement des loyers fait partie desmesures prioritaires. Il sera mis en placerapidement à Paris, qui dispose déjà d’unobservatoire des loyers agréé.Quant à la GUL, il s’agit d’une “intentionlouable” mais la responsabilité du Gouver-nement est d’expertiser ce qui peut êtrefinancé. Le coût de cette mesure est de400 à 500millions d’, il faut donc exami-ner sa faisabilité financière…
Jean-Marc Peyron (avocat, Herbert Smith)souligne que les diverses mesures de réfor-me des baux commerciaux de la loi Pineln’entrent pas en vigueur à la même date:certaines sont d’application immédiate(20juin), d’autres au 1erseptembre 2014.En principe, les contrats en cours ne sontpas soumis à la loi nouvelle. En revanche,la loi s’applique pour les nouveaux baux etpour les renouvellements de baux. Toute-fois, certaines mesures sont d’applicationimmédiate: l’obligation d’état des lieux (siun état des lieux d’entrée a été établi) etla faculté de notifier un congé par lettrerecommandée avec AR, au lieu de l’acted’huissier.Les baux fermes proscritsS’agissant de l’interdiction des bauxfermes, la loi a désormais interdit au loca-taire de renoncer à sa faculté de donnercongé, sauf pour les baux conclus pourplus de 9 ans, les locaux monovalents, lesbureaux et les entrepôts. La règle s’ap-plique pour les baux conclus depuis le20juin 2014. Mais Jean-Marc Peyronobserve que pour un immeuble qui com-porte principalement des bureaux mais ungarage au rez-de-chaussée, le bail fermene sera plus possible, sauf à conclure unbail pour une durée de 10 ans parexemple.Laurent Campredon (directeur juridiqued’Altarea Cogedim) observe qu’il est fré-quent, lorsque le bailleur accompagne lelocataire dans l’aménagement des locaux,qu’il lui demande en contrepartie une sta-bilité dans les lieux pour au moins 6 ans…la loi met à mal ce dispositif.Quant à l’allongement de la durée maxi-male des baux précaires, qui passe de 2 à 3ans, son intérêt n’est pas manifeste pour lelocataire, qui peut donner congé en fin depériode triennale d’un bail statutaire. Lamesure est en revanche favorable aubailleur.À la fin du contrat, le bailleur devait jus-qu'à présent adresser au locataire unemise en demeure de quitter les lieux avantla fin du bail; il lui suffit désormais de lefaire dans le délai d’un mois qui suit la findu bail.Laurent Campredon qui, en tant quebailleur, était rigoureux dans la délivrancedes mises en demeure, indique qu’il le seradoublement, dans l’attente de l’interpréta-tion que fera la jurisprudence du silencedu bailleur. Quant à Christophe Bouillon(Directeur des opérations, Allianz RealEstate France), il indique qu’il poursuivra lamise en demeure avant la fin du bail, pouréviter des contentieux.Les clauses contraires aux règles d’ordrepublic étaient jusqu'à présent frappées denullité. Elles sont désormais réputées nonécrites. Jean-Marc Peyron précise que lelocataire pouvait donc invoquer la nullitépendant deux ans mais que désormais, ilpourra le faire sans limite de durée. Cetterègle s’applique aux baux conclus après le20juin; Christophe Bouillon critique cetteréforme qui fait peu de cas du “droit àl’oubli”.La réforme des clauses de garant (obliga-tion d’information du cédant et limitationde son effet à trois ans après la cession)n’est pas d’ordre public, indique Jean-MarcPeyron. Il sera donc possible d’y déroger.Laurent Campredon reconnaît que laréforme risque de neutraliser le fonction-nement de cette clause et qu’il est difficileen pratique d’adresser une LR au cédant,dès que le cessionnaire a quelques jours deretard de paiement.Quant à la suppression de l’ICC dans lestextes du code de commerce, Jean-MarcPeyron confirme que le code monétaire etfinancier comportant toujours la référenceà l’ICC, indexer un loyer sur cet indice restepossible. En revanche, l’application de larévision légale ou de la fixation du loyerrenouvelé ne pourront plus faire référenceà cet indice. De plus, si on ne souhaite pasfaire usage de l’ICC, il reste une “zone gri-se” entre l’ILAT et l’ILC car certains locauxne relèvent ni de l’un ni de l’autre de cesindices (interrogation que partagent Chris-tophe Bouillon et Laurent Campredon).Une QPC sur le plafonnement dudéplafonnement?La nouvelle mesure de plafonnement dudéplafonnementsuscite plusieurs ques-tions. Des points de certitude: Elle s’ap-plique aux nouveaux baux conclus à comp-ter du 1erseptembre 2014. Il est possibled’y déroger contractuellement. D’autresquestions sont incertaines: le dispositif est-il applicable aux loyers binaires? La loi uti-1er juillet 20146JURIShebdoimmobilier••BAUXCOMMERCIAUXRENCONTREMultiples difficultés d’application de la loi PinelLe “club Pierre” d’Herbert Smith de ce 26 juin mettait en lumière les diffi-cultés techniques de mise en œuvre de la réforme des baux commerciaux.lisant le terme de loyer “acquitté” pour lecalcul de la hausse de 10%, que faire encas d’impayé du locataire ?Quant à la perspective de cumuler les10% avec l’indexation, elle doit être écar-tée selon Jean-Marc Peyron.L’avocat indique que cette loi n’ayant pasété soumise au contrôle du Conseil consti-tutionnel, elle sera sans nul doute l’objetde question prioritaire de constitutionnali-té. On peut par exemple soutenir que l’ap-plication par palier de 10% de la haussede loyer joue en faveur du locataire, alorsque l’application immédiate et totaled’une baisse de loyer fonctionne au détri-ment du bailleur. Cette situation crée doncune distorsion dans le traitement des deuxparties qui pourrait être critiquée…S’agissant del’obligation d’information dulocatairepar le bailleur, il est prévu de l’in-former en cours de bail des charges ouimpôts nouveaux. On ne voit pas exacte-ment la pertinence de cette mesure. Si ellevise les dépenses à charge du bailleur, celaa peu d’intérêt pour le locataire, si elle visedes dépenses à charge du preneur, celasuppose son accord pour compléter la listedes dépenses récupérables…Jean-Marc Peryon ajoute que le délai derégularisation de charges devra être fixépar voie réglementaire. La clé de réparti-tion des charges entre différents locatairesest celle de la “surface exploitée”. LaurentCampredon s’interroge sur le point desavoir si cette nouvelle règle va interdireau bailleur de fixer des coefficients depondération en fonction de la taille deslots (des grandes surfaces bénéficiant dedécote). Des incertitudes existent aussi surla faculté de récupérer les charges relativesaux parties communes.Selon Jean-Marc Peyron, le nouveau régi-me proscrit la pratique des charges forfai-taires. Le décret qui doit fixer la liste desdépenses non récupérables sera d’ordrepublic.De façon générale, Laurent Campredonconsidère que ce nouveau texte comportedes effets pervers: il va inciter les bailleursà donner congé avec refus de renouvelle-ment, pour ajuster les loyers à la hausse…ce qui n’est pas favorable au petit com-merce.S’agissant enfin du nouveau droit de pré-emption accordé au locataire en cas devente des locaux qu’il loue, s’il comportenombre cas d’exclusion, Laurent Campré-don en appelle à la vigilance car la sanc-tion du défaut de respect de ce droit est lanullité de la vente.
1erjuillet 20147JURIShebdoimmobilier••NOM:PRÉNOM:FONCTION:SOCIÉTÉ:ADRESSE:TÉL:FAX:MÉL:N° TVAINTRACOM.:SIGNATURE:OFFREEXCEPTIONNELLERéservée auxnouveaux abonnés20%de réductionsur l’abonnementJURIShebdoimmobilierNOMINATIONSCabinets ministérielsJustice: Jean-François Boutetquitte sesfonctions de conseiller spécial au cabinetde Christiane Taubira.(Arrêté du 16 juin 2014, J.O. du 17 juin, @).Commerce, artisanat, consommation etéconomie sociale et solidaire: Sont nom-més au cabinet de Carole Delga:Isabelle Amaglio-Terisse(directrice ducabinet), Catherine Joly(directrice adjointedu cabinet), Corentin Segalen(conseillerparlementaire, chef de cabinet adjoint).Sont nommés conseillers: Jean-Philippe Espic(artisanat et du com-merce), Thomas Boisson(économie socialeet solidaire), Gilles Rabin(entreprenariat),Takfarinas Chabane(attractivité et touris-me), Etienne Chantrel (consommation) etDavid Parlongue (financement des entre-prises).(Arrêté du 12 juin 2014, J.O. du 18juin, @).Culture: Robert Lacombeest nomméconseiller spécial au cabinet de la ministred'Aurélie Filippetti.(Arrêté du 12 juin 2014, J.O. du 18juin, @).Budget: Etienne Fallouquitte ses fonc-tions de conseiller budgétaire au cabinetde Christian Eckert.(Arrêté du 19juin 2014, J.O. du 20juin @).Administration centraleAdministration centrale du ministère desfinances: Bruno Parent est nommé direc-teur général des finances publiques et Bru-no Bézard, directeur général du Trésor.(Décret du 19juin 2014, J.O. du 20juin, @)Organismes publicsCommission des infractions fiscales:Monique Liebert-Champagne, Jean-Fran-çois Maryet Olivier Japiot(conseillersd’État) sont nommés membres titulaires.(Décret du 18juin 2014, J.O. du 20juin,p.10173).Conventions collectivesGardiens, concierges et employés d'im-meubles: il est envisagé l'extension de l’ac-cord du 6décembre 2013 portant sur lesrégimes de prévoyance et frais de santé.(Avis publié au J.O. du 22juin, p.10314).Travaux près des réseauxUn décret du 17juin 2014 est relatif auxtravaux effectués à proximité des réseauxde transport et de distribution.Ce décret entre en vigueur le 1erjuillet2014 sauf la réduction du délai de réponseaux déclarations d'intention de commen-cement de travaux (DICT) qui entre envigueur le 1eravril 2015.Le texte vise à améliorer l'efficacité du gui-chet unique « reseaux-et-canalisations.gouv.fr ».certaines règles sont modifiées. Exemple:les travaux d'entretien ordinaire le longdes réseaux aériens ou souterrains peuventêtre dispensés de déclaration préalable sil'exploitant et le responsable de projet ontsigné une convention.(Décret n°2014-627, J.O. du 19juin, p.10124).Contentieux de l’urbanismeLe Conseil d’État a rendu le 18juin deuxavis relatifs à l’entrée en vigueur de l’or-donnance du 18juillet 2013 sur les recoursabusifs.L'article L 600-5-1 du code de l'urbanis-me résultant de l'ordonnance du 18juillet2013 permet au juge, s'agissant d'un vicesusceptible de régularisationde surseoir àstatuer pendant un délai qu'il fixe pourpermettre au pétitionnaire d'obtenir unPC modificatif.L'ordonnance est entrée en vigueur le19août 2013 (un mois après sa publica-tion, en application de son article5). Maisle texte ne précise pas son application auxinstances en cours. Le Conseil d’Étatindique que, faute de précision législative,ce texte est d'application immédiate. Règlede procédure, l'article L 600-5-1s'appliqueaux instances en cours, y compris enappel. Il appartient alors au juge qui faitusage de cette procédure de constaterqu'aucun autre moyen n'est fondé.La règle de l'article L 600-1-2 du code del'urbanisme (définition des personnesayant un l'intérêt à agir) et celle de l'articleL 600-1-3 (date d'appréciation de l'intérêtà agir) affectent la substance du droit deformer un recours contre une décisionadministrative. Elles sont applicables auxrecours formés contre les décisions inter-venues après leur entrée en vigueur.Les règles de l'article L 600-5 (faculté pourle juge de prononcer une annulation par-tielle de permis), de l'article L 600-7 (facul-té pour le juge d'accorder des dommageset intérêts au pétitionnaire en cas de pré-judice excessif) sont des règles de procédu-re. Elles sont d'application immédiate, fau-te de précision législative expresse, ellespeuvent être appliquées pour la premièrefois en appel.(Avis du Conseil d’État n°376760 et n°376113du 18juin 2014, J.O. du 21juin, p.10267).BULLETINDABONNEMENT«PRIVILÈGE»OUI, je souhaite bénéficier de l’offre de souscription àJURIShebdo qui m’est réservée soit un an d’abonnement (41numéros de la lettre + 5 numéros spéciaux consacrés au droitimmobilier) au prix de 599 TTC (soit 586,68 HT + 2,1% deTVA) au lieu de 779 TTC, soit 20% de réduction.Ci-joint mon chèque de 599 TTC à l’ordre de JURIShebdoJe recevrai une facture acquittée dès paiement de ma souscriptionÀ RETOURNER A JURISHEBDO 168, AVENUE MARGUERITE RENAUDIN, 92140 CLAMARTjhi 565UNE PUBLICATION DE LA SOCIETE DE PRESSE DU BREIL, SARL DE PRESSE AU CAPITAL DE 10000EUROS, RCS 443 034 624 00017 NANTERREAU FIL DU J.O. Indices de loyersIndice du coût de la construction L'ICC du 1ertrimestre 2014 s’établità 1 648. Il progresse de + 0,12% en un an+ 6,05 % en 3 ans+ 29,76 % en 9 ans Indice des loyers des activités ter-tiaires. L'ILAT du 1ertrimestre 2014est fixé à 107,38.La hausse annuelle est de + 0,27 % Indice des loyers commerciaux. L'ILCdu 1ertrimestre 2014 s'établit à :108,50.Il est en baisse de -0,03 %en un an.(J.O. du 20 juin 2014, p. 10189).Chiffres
1erjuillet 20148JURIShebdoimmobilier••PRÉSIDENTDELACHAMBREDESPROPRIÉTAIRES>La Chambre des propriétaires quittel’UNPI. Pourquoi cette décision?Denys Brunel: “La Chambre des proprié-taires a quitté l’UNPI en octobre2013 pourdeux raisons principales. D’abord pour unedivergence d’appréciation sur la loi ALUR.J’étais très opposé à la GUL qui déresponsa-bilise le locataire et qui crée une chargefinancière à l’égard de la collectivité ainsiqu'à un certain nombre d'autres mesures dela loi ALUR. L’UNPI, qui représente majori-tairement les propriétaires bailleurs de pro-vince dont certains ne parviennent pas àlouer leurs logements, était au début enfaveur de la GUL. Ensuite, j’estime qu’il fautdans une fédération un minimum de règlesde cohérence, pour que chaque représenta-tion ait une légitimité vis-à-vis des pouvoirspolitiques locaux.”>Vous changez donc de nom?D.B.: “Nous prenons le nom de “Chambrenationale des propriétaires”. Nous regrou-pons actuellement 12000 adhérents, dont80% sont implantés dans le grand bassinparisien (120 kms autour de Paris). Notreobjectif est de nous développer progressive-ment dans les principales régions françaises.Notre mission est de défendre la propriété,d’apporter informations et services à nosadhérents et de développer des partenariatsavec des entreprises pour nos adhérents(assureurs, Caisse d’Épargne d’Ile-de-Fran-ce…). Nous allons faire acte de candidatureaux instances officielles nationales de repré-sentation des propriétaires.”>Vous jugez donc que vous serez plus utile à la défense de la propriété hors del’UNPI?D.B.: “Alors que la décision de quitterl’UNPI avait été prise par mon prédécesseur,j’avais considéré, avant l’adoption de la loiALUR, que nous devions être unis pour ladéfense de la propriété. Une action commu-ne engagée avec les dix principales organi-sations de l’immobilier aurait dû être l’occa-sion de défendre ensemble notre secteurdans une volonté commune de préservationdes emplois et de lutte contre l’excès de fis-calité. Mais cette opportunité d’union n’apas eu le succès escompté…”>Quel regard portez-vous aujourd’hui surla loi ALUR?D.B.: “Cette loi comporte quelques mesurespositives visant par exemple à lutter contreles recours abusifs ou à favoriser les surélé-vations. Mais la plupart des dispositionssont négatives. S’agissant de la GUL, nousespérons qu’elle ne sera pas mise en œuvre.Nous avions proposé un autre système,pour régler la situation de la moitié des loca-taires qui souffrent de difficultés de paie-ment en raison d’accidents de la vie (chôma-ge, maladie, séparations). Une contributiond’environ 1,5% du loyer, prise en charge parmoitié par le locataire et le bailleur auraitpermis de régler l’essentiel des problèmes.Le Gouvernement de l'époque n’en a pasvoulu, attaché à l’universalité du dispositif.Nous sommes aussi, bien entendu, opposésà l’encadrement des loyers. Diminution dela rentabilité, disparition de la plus-value ettaxation supplémentaire, tel est le messageenvoyé au propriétaire. Cela explique quel’investisseur ait déserté le marché. Alorsqu’on s’accorde à considérer qu’il faut500000 logements par an, on ne construiraen 2014 pas plus de 290000 logements, soitmoins qu’en 1954!La loi ALUR a aussi pour effet d’alourdir lespromesses de vente, allongeant les délais etaugmentant l’insécurité juridique, dans l’at-tente des signatures de contrat. Elle va aussifaire augmenter les honoraires de syndicsqui invoquent l’accroissement de leur char-ge de travail. Plutôt que d’imposer le comp-te bancaire séparé, il aurait été moins coû-teux et plus efficace d‘imposer une garantieprofessionnelle solide et obligatoire. Sansjuger le bien-fondé ou non des augmenta-tions de tarifs, j’estime qu’il faut faire jouerla concurrence pour maîtriser les haussesdes honoraires, et nous conseillons nosadhérents pour y parvenir.”>Comment voyez-vous laconjoncture?D.B.: “La rentrée 2014 vaêtre très difficile, pour les professionnels, lesartisans…”>Que préconisez-vous?D.B.: “Il faut élaborer un pacte de confian-ce entre l’État et les propriétaires pour relan-cer l’investissement locatif. Cela passe parun toilettage de la loi ALUR, une baisse descoûts de construction (simplification desnormes, lutte plus forte contre les recoursabusifs…) et par un signal fiscal. Il peuts’agir de mesures en faveur de l’accession(réduction d’impôt sur les intérêts d’em-prunt), mais aussi pour les bailleurs (aug-mentation du plafond de 10700€ de reportdu déficit foncier sur le revenu global, quin’a pas été augmenté depuis 14 ans, haussedu plafond du micro-foncier de 15000€). Ilfaut aussi revoir l’imposition des plus-values sur les terrains, en diminuant ladurée de 30 ans exigée pour atteindre uneexonération d’impôt sur la plus-value et enprévoyant une taxation allégée pendantdeux ans. On peut aussi développer l’acqui-sition séparée du foncier et du bâti notam-ment en admettant que ce schéma, pour lescommunes qui acquièrent le foncier pour lemettre à disposition pour 60 ou 70 ans, soitcomptabilisé au titre des 25 % de logementssociaux. Mais surtout, il faut assurer de la visibilité etde la stabilité aux règles, notamment fis-cales.”>Y a-t-il du nouveau depuis le change-ment de ministre du logement?D.B.: “Depuis le changement de ministre, jesens un climat très différent. Il y a chez nosgouvernants une vraie préoccupation pour larentrée, tant en matière de recettes fiscalesque d’emploi. Il y a un état d’esprit plus favo-rable à l’investissement immobilier, ce qui estun élément positif, mais nous restons trèsvigilants sur la rédaction des décrets d’appli-cation de la loi ALUR et sur les réformesurgentes dont nous venons de parler. “Denys Brunel: “Il faut un pacte de confiance entre l’État et les propriétaires”Le président de la Chambre des propriétaires explique ce qui l’a conduit à quitter l’UNPI; il présente son analysede la loi ALUR et indique pourquoi il préconise un pacte de confiance entre l’État et les propriétaires.JURIShebdo168, avenue Marguerite Renaudin 92140 Clamart Téléphone: 0146457769 Fax: 0146457786site internet: jurishebdo.frDirecteur de la rédaction: BertrandDesjuzeur Mél: bertrand.desjuzeur@jurishebdo.fr Secrétariat: Sabine Petit JURIShebdo est une publication de la Société de Presse du Breil (SPB), SARL de presse au capital de 10000euros constituéeen août2002 pour 99 ans. 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