mardi 13 mai 2025

JURIShebdo Immobilier n° 785 du 2 décembre 2019

AccueilAnciens numérosJURIShebdo Immobilier n° 785 du 2 décembre 2019
Au sommaire :

– 2 – Jurisprudence –
Vente : DPE erroné : quel recours de l’acquéreur ?
Architecte : Quelle responsabilité pour une mission limitée ?
Construction de maison individuelle : Réception judiciaire
Servitude de passage : Qui peut s’en prévaloir ?
Chemin d’exploitation : Un usage exclusivement destiné à la communication entre les fonds
Autorisation d’urbanisme : Demande excessive de pièces complémentaires
– 4 – Rencontre –
Immoweek décerne les 10e trophées Logement & Territoires
– 6 – Congrès –
Avec la création d’un insigne, le congrès de la FNAIM valorise l’image des professionnels
L’UNIS et Mickaël Nogal à couteaux tirés
– 8 – A l’Assemblée –
Les députés votent le PLF pour 2020
Contrôle fiscal / Révision du Pinel / Sous-indexation des APL / Plus-values immobilières / Taxe de séjour / Maintien du PTZ
– 9 – Nominations – Au fil du J.O. –
ANCT / Cotisation CGLLS

jugé>Un simple occupant ne peut pas se préva-loir d’une servitude de passage(Civ. 3e, 14nov. 2019, p.2).>Pour refuser une autorisation d’urbanisme,l’administration ne peut pas se prévaloird’une pièce qui ne figure pas dans la listelimitative prévue par les textes (CE,13novembre 2019, p.2).>Diagnostic: l’indemnisation de l’acquéreurliée à une erreur sur le DPEest fonctionde laperte de chance de négocier une baisse deprix (Civ. 3e, 21 nov. 2019, p.3).analysé>Les prix des logements à Paris sont-ilsannonciateurs d’une bulle spéculative?Ingrid Nappi-Choulet, professeur à l’Essec,n’écarte pas cette analyse (p.6).publié>Un décret relatif à l’Agence nationale dela cohésion des territoires a été publié le19novembre (p.9).voté>Les députés ont adopté le projet de loi definancespour 2020 avec une série d’ajuste-ments des incitations fiscales pour le logement,du PTZ au dispositif Pinel, en dépit des réti-cences du Gouvernement. La sous-indexationdes APL est fortement critiquée mais votée.invités>Mickaël Nogaldéfend les propositions de sonrapport devant les professionnels de l’UNIS,tandis que Jean-Luc Lagleizedéfend les siennesdevant les adhérents de la FNAIM (p.6).honoré>Hugues Perinet-Marquet, professeur à ParisII et président du CNTGI, a reçu un trophéelors de la remise des trophées Logement &Territoires d’Immoweek le 27novembre.Échos des débats, p.4.Agent immobilier: un métier enmutation Le sud-ouest a la cote. Deux députés de Haute Garonne, Mic-kaël Nogal, et Jean-Luc Lagleize, après avoir remis chacun un rap-port au Premier ministre, sont sous les feux de l’actualité immobi-lière. Jean-Luc Lagleize a défendu devant les congressistes de laFNAIM son idée de nouvelle forme de démembrement de propriété,pour faciliter l’accession, avec un bail emphytéotique dont le droitserait rechargeable. Nous reviendrons la semaine prochaine sur sa pro-position de loi, votée le 28 novembre. Le ministre a annoncé que leplan pluriannuel de travaux, dont l’idée n’a pas été reprise dans l’or-donnance sur la copropriété, serait proposé lors du projet de loi deratification. L’annonce a réjoui les professionnels qui tiennent beau-coup à son instauration.Le président de la FNAIM, Jean-Marc Torrollion, a par ailleurs présentéle nouvel insigne de la profession qui a vocation à orner les devanturesd’agence. Assorti de l’emblème “Lucere defendere”, il met l’accent surl’éclairage du client et sa défense, ce qui est de nature à conforter laprofession. Ce type de présentation n’est pas sans rappeler celui desnotaires et des huissiers. Bien que les agents immobiliers, administra-teurs de biens et syndics ne soient pas constitués en ordre profession-nel, la mise en place de cet insigne est un pas de plus vers la recon-naissance publique des leurs métiers. Le ministre a réservé sa réponsesur une reconnaissance officielle de ce symbole.Il faut signaler aussi l’unanimité des avis sur le travail mené par HuguesPerinet-Marquet à la présidence du CNTGI. Alors que des doutess’étaient exprimés sur l’efficacité de cette instance, les travaux qui ensortent montrent la qualité tant du travail qui y est mené que de laréalité de la concertation. C’est donc ici un point très positif à mettrenotamment au crédit de son président.Quant à Mickaël Nogal, il était présent au congrès de l’UNIS, mais nonà celui de la FNAIM il était pourtant attendu. Il veut aider les pro-fessionnels à devenir des tiers de confiance. Sur ce point, il peut comp-ter sur le soutien des intéressés. Mais sur l’idée de consigner les dépôtsde garantie auprès d’un organisme public, l’opposition est vive, car lesagents immobiliers tiennent à conserver la maîtrise de cette garantieet redoutent la lourdeur du recours à un nouvel intermédiaire.Mais c’est surtout le risque de remise en cause de leur modèle écono-mique qui semble inquiéter les professionnels. S’ils sont conduits à pro-poser de façon systématique une garantie totale de paiement desloyers à leurs mandants, ils devront être eux-mêmes garantis et ilsredoutent d’être inféodés aux compagnies d’assurances.Les débats actuels montrent aussi l’échec du système du permis delouer. Il n’est demandé que par ceux qui doivent logiquement l’obte-nir et n’est pas demandé par ceux à qui il serait refusé. Exemple typede la fausse bonne idée, comme le relève Jean-Luc Lagleize. BDJURIShebdoLa lettre du droit immobilierpour les professionnelswww.jurishebdo.frNUMÉRO 7852 DECEMBRE 2019ISSN1622-141920EANNEEL’ESSENTIEL..immobilier- 2 -Jurisprudence-Vente: DPE erroné: quel recours de l’acquéreur?Architecte: Quelle responsabilité pour une mission limitée?Construction de maison individuelle: Réception judiciaireServitude de passage: Qui peut s’en prévaloir?Chemin d’exploitation: Un usage exclusivement destiné à la com-munication entre les fondsAutorisation d’urbanisme: Demande excessive de pièces complé-mentaires- 4 -Rencontre-Immoweek décerne les 10etrophées Logement & Territoires- 6 -Congrès-Avec la création d’un insigne, le congrès de la FNAIM valorise l’image desprofessionnelsL’UNIS et Mickaël Nogal à couteaux tirés- 8 -A l’Assemblée-Les députés votent le PLF pour 2020Contrôle fiscal / Révision du Pinel / Sous-indexation des APL / Plus-valuesimmobilières / Taxe de séjour / Maintien du PTZ- 9 -Nominations - Au fil du J.O.-ANCT / Cotisation CGLLSSOMMAIREEDITORIAL
2décembre20192JURIShebdoimmobilierllVENTE- ARCHITECTE- CONSTRUCTIONVenteDPE erroné: quel recours de l'acquéreur?(Civ. 3e, 21 nov. 2019, n°983, FS-P+B+I, rejet,pourvoi n°18-23251)Après avoir acquis une maison, un coupleavait constaté que le DPE était erroné. Lebien classé D par le diagnostiqueur aurait être classé F pour la consommation éner-gétique selon l'expert judiciaire. Le coupleavait donc engagé un recours contre leursvendeurs et le diagnostiqueur en résolutionde la vente.La cour d'appel avait jugé que l'informationerronée sur la qualité énergétique du bienavait constitué un préjudice constitué par laperte de chancede négocier une réductiondu prix de vente. Elle avait évalué le préju-dice à 15000 pour un prix de vente de300000.Les acquéreurs reprochaient à la décision dene pas avoir jugé que le préjudice était lecoût de l'isolationnécessaire pour satisfaireà la performance énergétique annoncée.La Cour de cassation ne l'a pas admis etconfirme la décision: « Mais attendu que, selon le II de l’article L.271-4 du CCH, le DPE mentionné au de cetexte n’a, à la différence des autres docu-ments constituant le dossier de diagnostictechnique, qu’une valeur informative;qu’ayant retenu que M. G. avait commisune faute dans l’accomplissement de sa mis-sion à l’origine d’une mauvaise apprécia-tion de la qualité énergétique du bien, lacour d’appel en a déduit à bon droit quelepréjudice subi par les acquéreurs du fait decette information erronée ne consistait pasdans le coût de l’isolation, mais en une per-te de chance de négocier une réduction duprix de vente;D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ».Observations:La loi (art. L 271-4 du CCH)énonce que le DPE n'a qu'une valeur infor-mative. C'est cette indication qui fondel'arrêt de la Cour de cassation. L'arrêtadmet que l'erreur de diagnostic puisseengager la responsabilité du diagnosti-queur et se prononce sur l'étendue de saresponsabilité: perte de chance de l'acqué-reur de négocier un meilleur prix.Ajoutons que la loi Elan (art. 179) a modi-fié la portée des informations contenuesdans le diagnostic. Le nouveau texte pré-voit que les « recommandations » conte-nues dans le DPE ont une valeur informati-ve. A contrario, il en résulte que les autresinformations deviennent opposables. Cettemodification doit entrer en vigueur le1erjanvier 2021.A retenir:L'indemnisation de l'acquéreurliée à une erreur sur le DPE est fonction dela perte de chance de négocier une baissede prix.ArchitecteQuelle responsabilité pour unemission limitée?(Civ. 3e, 21novembre 2019, n°985, FS-P+B+I,rejet, pourvoi n°16-23509)Un architecte avait reçu d'une SCI la missiond'établir et de déposer un permis deconstruire un hangar. La SCI assurait elle-même les remblais sur le terrain. À la suited'un soulèvement du sol et des fissures surle dallage, la SCI avait assigné les interve-nants à la construction en réparation desdésordres. Avec un autre intervenant char- de la maîtrise d'œuvre et l'entreprisechargée des fondations, l'architecte avaitété condamné à payer à la SCI 625000,avec une responsabilité retenue à hauteurde 25 %.L'architecte contestait la décision au motif,selon lui, que sa mission était limitée a l'éta-blissement du dossier de permis de construi-re et sa présentation et que les désordresétaient liés à la mise en œuvre d'un remblaiimpropre à l'usage prévu et qui avait étémis en œuvre par le maître d’ouvrage. Maisl'arrêt d'appel est confirmé:« Mais attendu qu’ayant retenu, à bondroit, que M. B., auteur du projet architec-tural et chargé d’établir les documents dupermis de construire, devait proposer unprojet réalisable, tenant compte descontraintes du sol, la cour d’appel, qui aconstaté que la mauvaise qualité des rem-blais, mis en œuvre avant son intervention,était la cause exclusive des désordres com-promettant la solidité de l’ouvrage, en aexactement déduit […] que M. B. engageaitsa responsabilité décennale ».Le pourvoi est rejeté.Observations:Il résulte de cet arrêt que,dès lors que l'architecte auteur du projets'est vu confier l'établissement du dossierde permis de construire, il ne peut invo-quer le caractère limité de sa mission pouréchapper à sa responsabilité. De façonpositive, il doit proposer un projet réali-sable, tenant compte des contraintes dusol. En l'espèce, la multiplicité des interve-nants avait sans doute contribué à la dilu-tion des responsabilités (outre l'interven-tion du maître d'ouvrage pour faire poserle remblai, une autre personne était char-gée de la maîtrise d'œuvre).Construction de maisonindividuelleRéception judiciaire. Mentionmanuscrite sur les travaux à char-ge du client(Civ. 3e, 21novembre 2019, n°984, FS-P+B+I,rejet, pourvoi n°14-12299)Les clients d'une société de construction demaison individuelle, Les Castors audois,refusaient de payer une somme réclaméepar le constructeur et de procéder à laréception. Le constructeur avait obtenu unedécision judiciaire fixant la réception judi-ciaire sans réserve. La décision est confir-mée:« Mais attendu que les dispositions appli-cables au contrat de construction de mai-son individuelle, qui n’imposent pas uneréception constatée par écrit, n’excluentpas la possibilité d’une réception judiciaire;qu’ayant relevé que M. et MmeB. n’avaientpas réceptionné amiablement l’ouvrage,aucun écrit n’ayant été formalisé, la courd’appel a pu prononcer la réception ».Un autre argument tenait à la mention rela-tive au coût des travaux restant à charge dumaître de l'ouvrage, mention prévue parl'article L 231-2 du CCH. Le pourvoi est éga-lement rejeté sur ce point:« Mais attendu qu’ayant relevé que la noti-ce descriptive comportait le montant destravaux restant à la charge du maître del’ouvrage en les détaillant, ainsi que la men-tion manuscrite du maître d’ouvrage repre-nant le total de ces travaux, la cour d’appel,devant laquelle M. et MmeB. ne fondaientpas leur demande de nullité du contrat surl’absence de cette mention apposée de lamain de chacun des deux époux, a pu reje-ter leur demande en paiement au titre deces travaux ».Observations:1. Réception judiciaireSelon les clients, la réception judiciaire nepouvait pas être prononcée judiciairementau motif que la loi (art. L 231-6 IV du CCH)impose une réception par écrit. La courd'appel avait observé que ce texte vise lagarantie d'achèvement et précise que lagarantie cesse lorsque la réception a étéconstatée par écrit mais non que la récep-tion doit être constatée par écrit. Elle enavait déduit que le constructeur confrontéau refus de réception amiable de sonJURISPRUDENCE
client, pouvait demander la réception judi-ciaire en application de l'article 1792-6 ducode civil.2. Clause manuscriteLa loi impose la mention dans le contratdes travaux dont le maître d'ouvrage seréserve leur exécution, avec leur coût, etfaisant l’objet d’une clause manuscrite spé-cifique par laquelle le maître d'ouvrage enaccepte le coût.La jurisprudence peut être stricte pourassurer la protection du maître de l'ouvra-ge. En voici un exemple. Une cour d'appelavait fait état d'une attestation, produitepar le constructeur et émanant du maîtred'ouvrage indiquant que le lot couvertureétait hors du contrat, la cour avait doncestimé qu'il s'en était réservé l'exécutionpour une toiture en chaume, et que lecontrat devant être exécuté de bonne foi,le maître d'ouvrage ne pouvait pas contes-ter le prix forfaitaire convenu. Or le contrat ne comportant pas la men-tion manuscrite, selon laquelle le maître del'ouvrage accepte d'en supporter la char-ge, la Cour de cassation avait jugé que cestravaux devaient être pris en charge par leconstructeur (Civ. 3e, 13 nov. 2014, n°13-18937).Dans cette nouvelle affaire, la Cour de cas-sation valide le contrat qui comportait laclause, mais laisse entendre que le maîtred'ouvrage aurait pu se prévaloir de l'ab-sence de clause manuscrite, de chacun desépoux.A retenir:A retenir: La réception judiciairepeut être ordonnée pour un contrat deconstruction de maison individuelle.Servitude de passageQui peut s'en prévaloir?(Civ. 3e, 14novembre 2019, n°918, FS-P+B+I,rejet, pourvoi n°18-21136)Une SCI avait consenti une servitude de pas-sage sur une parcelle au profit d'une SCCVconstruisant une résidence. Sur la parcelleconstituant donc le fonds servant, la SCIavait ensuite consenti un bail à construc-tion. Le locataire y avait construit unimmeuble.Le syndicat des copropriétaires de la rési-dence estimait alors que la construction dece nouvel immeuble faisait obstacle à l'exer-cice de la servitude et avait assigné la SCI etsa locataire pour obtenir la suspension destravaux. Le syndicat était d'une part devenupropriétaire d'une parcelle (EV 520) etbénéficiaire d'une convention d'occupationpour une autre parcelle (EV 505) apparte-nant à la commune sur laquelle était édifiéesa résidence.Sa demande est jugée irrecevable, ce queconfirme la Cour de cassation:« Mais attendu que la cour d'appel a rete-nu, souverainement, que le seul passage àpied et en véhicule convenu à l'acte du28mars 1997 concernait la parcelle EV 505et, à bon droit, que le syndicat, simple occu-pant, n'avait pas qualité pour se prévaloirde la servitude de passage;D'où il suit que le moyen n'est pas fondé;Par ces motifs: rejette ».Observations:En défense, la société quiavait construire l'immeuble sur le fondsservant se prévalait du fait que le syndicatdes copropriétaires (demandeur) n'étaitpas propriétaire de la parcelle du fondsdominant.La convention invoquée concernait la par-celle dont elle n'était pas propriétaire maisdont elle avait l'usage en raison d'uneconvention précaire consentie par la mairiedevenue propriétaire. Il s'agissait d'unespace engazonné dont la mairie se réser-vait le choix d'un usage ultérieur. Ellen'était donc pas propriétaire du fondsdominant.La Cour de cassation confirme le raisonne-ment selon lequel le simple bénéficiaired'une convention d'occupation ne peut seprévaloir d'une servitude de passage.A retenir:Un simple occupant ne peut passe prévaloir d’une servitude de passage.Chemin d'exploitationUn usage exclusivement destinéà la communication entre lesfonds(Civ. 3e, 14novembre 2019, n°919, FS-P+B+I,rejet, pourvoi n°18-20133)L'Office national des forêts avait acquis en1971 l'emprise d'une voie menant à uneforêt domaniale et desservant plusieurshabitations et installations. L'ONF avait assi-gné les propriétaires riverains en requalifi-cation de la voie en chemin d'exploitationet en condamnation des riverains à partici-per à ses frais d'entretien. La cour d'appelavait rejeté cette demande au motif qu'il nes'agissait pas d'un chemin d'exploitation caril était utilisé par d'autres utilisateurs queles riverains. La Cour de cassation confirmela décision:« Mais attendu qu'ayant relevé que le che-min était utilisé par les usagers d'unedéchetterie signalée par un panneau, parles randonneurs et les cyclistes orientés pardes guides officiels du parc régional du Ver-cors vers une aire de stationnement servantde point de départ à des circuits balisés etpar le service de défense de la forêt contreles incendies, la cour d'appel en a exacte-ment déduit que ce chemin, qui ne servaitpas exclusivement à la communicationentre les fonds riverains et à leur exploita-tion, ne pouvait être qualifié de chemind'exploitation;D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ».Observations:Avant 1971, date de sonacquisition par l'ONF, le chemin apparte-nait aux propriétaires des fonds traverséset avait été cédé pour un franc symboliqueavec engagement pour l’État de l'entrete-nir.Les chemins et sentiers d'exploitation sontdéfinis par le code rural (art. L 162-1) com-me « ceux qui servent exclusivement à lacommunication entre divers fonds, ou àleur exploitation. »C'est le terme « exclusivement » qui trouveici toute sa portée. Si le chemin sert àd'autres usages, comme en l'espèce à ladesserte d'une déchetterie et d'un parc destationnement pour randonneurs, l'usagen'est plus exclusivement réservé à la com-munication entre les fonds et il ne peutplus être qualifié de chemin d'exploitation. Autorisations d'urbanismeDemande excessive de piècescomplémentaires(CE, 6eet 5echambres, 13novembre 2019,n°419067)Une personne avait déposé une déclarationpréalable pour la réfection d'un hangar. Lemaire s'y était opposé. Le Conseil d’État vali-de son refus sur le fond: le projet qui por-tait sur un bâtiment délabré et consistait àlui mettre une couverture en plaques ondu-lées, à reprendre le pignon, à mettre en pla-ce une porte et un volet, devait être regar- comme une reconstruction soumise àpermis de construire.Or il avait été demandé au pétitionnaire:- une notice indiquant les matériaux utilisés,- le dossier d'évaluation des incidences pré-vu à l'article R 414-3 du code de l'environ-nement.S'agissant des pièces à fournir, le Conseild’État cite les articles R 423-23, R 423-22, R423-38, R 423-39, R 423-36 et R431-16 ducode de l'urbanisme et statue sur les consé-quences de cette demande:2décembre20193JURIShebdoimmobilierllSERVITUDES- URBANISMEJURISPRUDENCE
moyenne et 14% dans une métropole. Or,la politique actuelle favorise les métro-poles…Le maire revendique son rôle pourle logementLes élus sont unanimes à constater que lethème du logement est une des premièrespréoccupations de leurs administrés. ABondy, les rendez-vous de sa maire, Sylvi-ne Tomassin sont à 90% consacrés à cethème. La maire de Bondy demande unrééquilibrage territorial en faveur de l’estparisien.A Suresnes, le maire Christian Dupuyobserve que la réduction de loyer de soli-darité impacte fortement, de 60%, lacapacité d’investissement des bailleurssociaux. A Suresnes, le bailleur social a puconstruire 200 logements au lieu de 500.L’histoire de Val-de-Reuil, que rappelle sonmaire, Marc-Antoine Jamet, explique sasituation particulière. Équipée pour140000 habitants, elle n’en compte que16000. Il a fait baisser le taux de loge-ments sociaux, 93% en 2001, à 55%,aujourd’hui, afin de loger la classe moyen-ne. Il observe avoir pu trouver des finance-ments, grâce aux programmes de renou-vellement urbain, mais que leur volumes’est fortement contracté, de Bartolone àBorloo pour arriver aux seuls 222 pro-grammes d’action cœur de ville l’équilibre.Il en conclut: la ville n’est pas une prioritépolitique.Pour Yannick Borde, maire de St Berthevindans l’agglomération de Laval, la politiquenationale ne fait pas confiance aux terri-toires. A Laval, des entreprises hésitent às’implanter, redoutant ne pas y trouver desalariés. La politique en faveur de métro-polisation n‘est pas bonne. Propos confir- par Christian Dupuy, qui rappelle queles HBM furent construits sur les anciennesfortifications de Paris, à proximité desusines de l’époque.Le député Jean-Luc Lagleize stigmatise lespropriétaires fonciers qui s’enrichissent endormant. Il déplore que les élus n’aientpas davantage de culture du foncier etprédit, autour des gares du Grand Paris,une gentrification. Les centres-villes étantdésormais réservés aux plus riches et àceux qui peuvent obtenir un logementMichel Mouillart (professeur d’économie àParis X) donne le ton des débats avec desombres prévisions. Il égrène les signauxd’alerte. Exemple: le “miracle du crédit”,le taux d’apport personnel requis par lesbanques est tombé en dix ans de 24% à14%.Sous l’effet de la baisse des soutienspublics, le niveau de la construction flé-chit. Les mises en chantier devraient êtrede 407000 en 2019 et tomber à 385000 en2022.A qui profite la baisse de laconstruction?Qui profit de cette situation? Réponse deMichel Mouillart: l’État. Le nombre debénéficiaires des aides personnelles aulogement par exemple en témoigne: de6,4millions de ménages en 2017, il esttombé à 5,6millions en 2019 et devaitreculer à 5millions en 2020.Par ailleurs, 16% des ménages emprun-tent avec un financement bancaire dépas-sant 100% du coût de l’opération et 22%entre 95 et 100%. Or la transposition deBâle IV va impacter le financement de cesménages. Avec une poursuite d’une faiblecroissance, le chômage devrait augmenteret la demande se fragiliser.Michel Mouillart pointe enfin le décalageentre les attentes des Français et les choixpolitiques : 45% veulent habiter dans unecommune rurale, 41% dans une ville2décembre20194JURIShebdoimmobilierllTROPHÉESLOGEMENT& TERRITOIRESImmoweek décerne les 10e trophées Logement & TerritoiresEric Tréguier, Yannick Borde, Jean-Luc Lagleize,Sylvine Tomassin, Christian Dupuy, Marc-Antoine Jamet,Catherine BocquetAu cœur des débats: le rôle des maires dans la politique du logementet la capacité d’action des bailleurs sociaux confrontés à des missionstoujours plus nombreuses et des moyens en baisse.« Si cette demande de pièces complémen-taires tend à la production d’une pièce quine peut être requise, elle est de nature àentacher d’illégalité la décision tacite d’op-position prise en application de l’articleR. 423-39 du code de l’urbanisme, sans quecette illégalité ait pour effet de rendre lepétitionnaire titulaire d’une décision impli-cite de non-opposition.Dans le cas le pétitionnaire, en réponseà la demande de pièces complémentaires, afourni une pièce qui a été indûmentdemandée car ne figurant pas sur la listelimitative des pièces prévue par les disposi-tions des articles R. 431-36 et R. 431-16 ducode de l’urbanisme [précitées], cette irré-gularité n’est pas, par elle-même, de natu-re à entraîner l’illégalité de la décision del’autorité administrative refusant de fairedroit à la demande d’autorisation. Toute-fois, l’autorisation d’urbanisme n’ayantd’autre objet que d’autoriser la construc-tion conforme aux plans et indicationsfournis par le pétitionnaire et l’autoritéadministrative n’ayant, par suite, pas à véri-fier l’exactitude des déclarations dudemandeur relatives à la consistance de sonprojet à moins qu’elles ne soient contre-dites par les autres éléments du dossierjoint à la demande tels que limitativementdéfinis par les dispositions précitées, l’admi-nistration ne peut légalement refuser l’au-torisation demandée en se fondant sur laconsistance du projet au vu d’une pièce nerelevant pas de cette liste limitative».L'arrêt conclut que l'administration nes'étant pas fondé sur ces deux documentslitigieux pour s'opposer à la déclarationpréalable, la décision est régulière.Observations:L'administration n'est pasen droit de demander des pièces qui excè-dent la liste limitative prévue par lestextes. Cette règle est fréquemment réaf-firmée mais l'intérêt de cet arrêt est de seprononcer sur les conséquences de sa vio-lation. Elles sont au nombre de deux:- Le simple fait de demander une pièce quine relève pas de la liste autorisée n'est pasde nature à entacher le refus d'autorisa-tion d'illégalité. Cet arrêt en fournitl'exemple puisque le refus d'autorisationest validé.- Si le refus du permis est fondé sur laconsistante du projet tel qu'il est révélépar la pièce litigieuse, le refus est illégal.Cet arrêt devrait inciter les services instruc-teurs à ne pas dépasser la liste des piècesqu'ils peuvent exiger du pétitionnairepuisque s’ils se prévalent d'une informa-JURISPRUDENCEtion tirée de la pièce qui n'est pas sur laliste, pour refuser un permis, leur décisionsera entachée d'irrégularité.A retenir:Pour refuser une autorisationd'urbanisme, l'administration ne peut passe prévaloir d'une pièce qui ne figure pasdans la liste limitative prévue par lestextes.
social, les classes moyennes sontcontraintes de s’en éloigner.Face aux divers niveaux administratifs etpolitiques, qui tirent à hue et à dia, Marc-Antoine Jamet, pragmatique, invite àdévelopper la capacité à construire tantavec des promoteurs privés que desbailleurs sociaux.Pourtant, ajoute Christian Dupuy, lesmaires sont en principe mis de côté par leprésident du territoire. Mais la règle estcontournée car le président délègue sacompétence… aux maires. Autant leur lais-ser la compétence logement, conclut-il.Yannick Borde demande des outils decontrôle du foncier. Une des propositionsdu rapport de Jean-Luc Lagleize est denature à y répondre: attribuer aux com-munes la recette de l’imposition sur lesplus-values immobilières car ce sont ellesqui financement les équipements quigénèrent la plus-value. Sylvine Tomassinconfirme qu’il faut remettre le maire aucœur du débat. C’est un des enjeux duprojet de loi 3D que prépare JacquelineGourault, ajoute Jean-Luc Lagleize, afin demettre la politique du logement au plusprès des territoires.Faire plus avec moins de moyens?Pour le logement social, comment fairemieux avec moins de moyens? Nadia Bouyer (Seqens) explique que lecoût de la construction a augmenté, lesplafonds de loyer beaucoup moins et lesAPL moins encore. La solvabilité des loca-taires est donc moindre. Cette divergences’est accrue avec la mise en place de la RLS.Serge Contat (RIVP) voit une révolutiondans la demande, liée au vieillissement dela population et à l’accroissement de lademande de logements en PLAI.Côté investisseurs privés, Valérie Maréchal(Swiss Life) dément l’idée qu’ils aientdéserté le secteur du logement.La France a la grande chance d’avoir 600opérateurs de logements sociaux, seréjouit l’ancienne ministre du logementEmmanuelle Cosse, ce qui permet derépondre à la demande lorsque les acteursprivés ne sont plus au rendez-vous. Elleajoute que la RLS est délétère et pointe lacontradiction des pouvoirs publics: on exi-ge toujours plus des acteurs du logementsocial (renouvellement urbain, constructionen zone dense, rénovation énergétique…)avec des moyens toujours plus contraints.Elle redoute que les chiffres des agrémentspréparés pour 2020 soient les pires connusdepuis 15 ans.Or ajoute Emmanuelle Cosse, si on ne logepas les travailleurs, ils seront contraintsd’accepter d’être logés par des marchandsde sommeil. La demande de logementsexplose et on voit même des salariés par-tant à la retraite demander, pour la pre-mière fois, un logement social. Elle ajouteque la difficulté est aggravée par la capta-tion de nombreux logements par les plate-formes d’hébergement touristiques, y com-pris dans le logement social.Changer de regard sur le modèleéconomique André Yché (CDC Habitat) invite à prendrede la hauteur dans la réflexion. Il suggèrede revoir le mode de représentation dumonde en matière d’économie politique.Ce mode a été conçu pour une économieindustrielle. Or l’économie est désormaistertiarisée, ce qui pousse à la métropolisa-tion. Ce qui est désormais déterminant,c’est la structuration de l’habitat. L’investis-sement dans l’habitat et l’urbanisme, quiétait conçu comme résiduel doit désormaisêtre considéré comme productif pourl’économie des territoires. Ces investisse-ments sont au cœur de l’économie duXXIesiècle. Valérie Maréchal observe qued’autres pays ont davantage recours austatut locatif. En Suisse, 80% des habitantssont locataires. La piste de dissociation dufoncier et du bâti doit davantage êtreexplorée. Pourtant, rétorque EmmanuelleCosse, cette dissociation existe déjà, le rap-port de Jean-Luc Lagleize se limite à vou-loir en étendre l’application.Difficile gestion du foncierSerge Contat (RIVP) indique que des inves-tisseurs achètent des logements à Parissans regarder le prix, afin de faire de lalocation meublée, ce qui creuse l'écart avecle prix qu’un bailleur social peut offrir pourconstruire. Il ajoute qu’il faudrait davanta-ge anticiper la gestion du foncier autourdes gares du Grand Paris.En termes de gestion des locations, AndréYché ajoute qu'il faudrait sans doute allervers un modèle qui tienne davantage comp-te du taux d’effort des locataires, au lieu etplace d’un modèle basé sur un loyer fixe.Emmanuelle Cosse observe que les investis-sements du Grand Paris vont enrichirquelques propriétaires et qu’il faut mettrefin au système des enchères de foncier parles autorités locales qui contribue à fairemonter les prix. Il faudrait accroître le rôleet la capacité d’intervention des établisse-ments publics fonciers. Elle cite le cas decertains secteurs de Seine-Saint-Denis l’arrivée du tram chasse certaines popula-tions. L’effort de désenclavement ne profi-te pas à ceux auquel il était destiné.Nadia Bouyer soulève une difficulté pra-tique: l’instruction des agréments. Certainsdossiers donnent lieu à agrément, d’autresnon; ce système conçu comme un outil decontrôle de la capacité financière desbailleurs devient un outil de blocage.Serge Contat confirme qu'il y a une explo-sion de la demande de logements sociaux.Un nouveau type de fondsValérie Maréchal indique que Swiss Lifepropose un nouveau type de fonds à sesinvestisseurs. 80% de l’épargne est inves-tie dans des produits de rendement clas-siques procurant 4% de rentabilité et les20% restant sont investis dans des opéra-tions de promotion ou d’acquisition depetites unités de logements d’insertion.Elles sont confiées à Habitat et Humanismeou au Samu social. Swiss Life a déjà levé100millions d’euros sur ce fonds.Mais il se heurte parfois à l’hostilité desmaires; Emmanuelle Cosse explique que lacause invoquée par l’autorité locale esttoujours technique, mais que l’objectionest politique. Elle conclut son propos endéniant toute attitude plaintive et affirmeque faire du logement c’est faire vie com-mune…2décembre20195JURIShebdoimmobilierll Eric Tréguier, Nadia Bouyer, Serge Contat,Valérie Maréchal, Emmanuelle Cosse,André Yché, Catherine BocquetParmi les lauréats des Trophées Logementet territoires. En voici deux:Hugues Perinet-Marquet, professeur dedroit à Paris II, prix du jury,dont Philippe Pelletier, prési-dent du jury, a souligné letalent pour former de jeunesétudiants aux arcanes du droitimmobilier. L’animateur du master de droitimmobilier s’est réjoui de contribuer ainsiau service de l‘intérêt général.Un trio de jeunes talents architectes:Clothilde Buisson, Gwenaëlle Rivière etClara Pioltatto, qui allient le réemploi dematériaux et la lutte contre le mal loge-ment.Retrouver la liste complète des lauréats surImmoweek.frTROPHÉESLOGEMENTETTERRITOIRERENCONTRE
Lors du débat politique du congrès de laFNAIM à Paris le 25novembre, Jean-LucLagleize, présente la mesure phare de sonrapport: la création d’un nouveau type dedémembrement de propriété basé sur lebail emphytéotique. Il permettrait à uneSEM de détenir le foncier et à un particu-lier de détenir le bâti. Mais son droit seraitrechargeable et non limité à l’échéance dubail. Le député plaide aussi pour un pla-fonnement des honoraires des agencesdans le cas une transaction est prévuealors qu’il est certain que le bien va êtrepréempté car situé dans un périmètre d’in-tervention d’une SEM par exemple.S’agissant de l’idée de Mickaël Nogal deconfier à un organisme public la détentiondes dépôts de garantie, Jean-Luc Lagleizejuge préférable de les confier à l’agentimmobilier, rejoignant ainsi l’option desprofessionnels eux-mêmes et celle del’autre députée invitée de la FNAIM, Valé-rie Gomez Bassac qui observe que, s'il n’estpas bon que le dépôt de garantie soitdétenu par le bailleur, il est plus souplequ’il soit confié à l’agence.Quant à l’idée de créer un fichier des loca-taires ayant eu des impayés de loyers, Valé-rie Gomez-Bassca pointe le risque de por-ter atteinte au droit au logement.Permis de louer, fausse bonne idéeSur le permis de louer, Jean-Luc Lagleizeestime que c’est une fausse bonne idée caril est contourné; les marchands de sommeillouent à des personnes en “situation diffi-cile” contre un paiement en espèces, sansdemander de permis. Les deux députéssont par ailleurs du même avis sur la néces-sité de laisser les élus locaux décider dansquels secteurs il convient d’appliquer desmesures d’aide comme le dispositif Pinel.Non à la tarification des actesDans son discours au ministre, le présidentde la FNAIM, Jean-Marc Torrollion annon-ce d’emblée qu’il déposera un recourscontre le décret de plafonnement deshonoraires. Pour le même motif “nous nevoulons pas de la tarification des actes”, ilcritique également le projet de fixer unmontant maximum de 380 pour leshonoraires de remise d’un état daté. Ilajoute qu'il vaudrait mieux encadrer lataxe foncière que les honoraires ou lesloyers! Sur ce point, il souhaiterait quel’État engage à une transparence dans lesmodes de fixation des valeurs locatives. Ilpropose que pendant 20 ans, les travauxde rénovation énergétique ou de sortie del’état d’indécence du logement, ne soientpas intégrés dans une réévaluation de lavaleur locative. Le président Torrollion cri-tique aussi la perspective de taxation desplus-values liées à des investissementspublics car tout investissement a précisé-ment pour but d’enrichir le pays.Critique du rapport NogalJean-Marc Torrollion voit deux défautsdans le rapport Nogal. Il est d’abord para-doxal de vouloir faire de l’agent immobi-lier un tiers de confiance tout en refusantde lui faire confiance dans la détention dudépôt de garantie. Mais surtout, la FNAIMs’inquiète des conséquences économiquesde la mise en place d‘un mandat de ges-tion avec garantie, sur la santé financièredes petites entreprises. “Il n’appartient pasà Nogal de nous dicter l’avenir de noscomptes de résultat” martèle Jean-MarcTorrollion. La FNAIM s’insurge égalementcontre l’idée de confisquer une partie duprix de vente des logements classés F ou G:Jean-Marc Torrollion n’apprécie pas qu’onfustige les passoires thermiques. Il récusece terme, car leurs occupants font ce qu’ilspeuvent avec ce qu’ils ont.Le regard du président de la FNAIM estplus nuancé sur la copropriété: il approuveglobalement le texte de l’ordonnance,même s’il regrette l’abandon de la mise enplace du plan pluriannuel de travaux. Ilapprouve la création de règles spécifiquespour les petites copropriétés et la facultéouverte aux syndics de proposer des pres-tations en dehors de leurs missions figu-rant au mandat. Il rend enfin hommage àla présence d’Hugues Périnet-Marquet, quiconfère de la crédibilité au CNTGI.Lucere DefendereIl présente alors au ministre le nouvelinsigne de la profession, qui, tel le caducéedes pharmaciens, permettra d’identifier laprofession. Cet insigne reprend l’image de ladéesse Vesta, symbolisant la protection dufoyer et affiche les mots “Lucere defende-re”, témoignant la volonté des profession-nels d’éclairer et de défendre leurs clients. Al’occasion de l’imminent cinquantenaire dela loi Hoguet, début janvier, Jean-Marc Tor-rollion demande au ministre de consacrerréglementairement cet insigne.Dans le climat de défiance qui se répand,Julien Denormandie approuve l’ambitiondes agents immobiliers d’apporter éclaira-ge et défense à leurs clients et les qualifiede “tiers de confiance de proximité”. Leministre rappelle d’abord les réformesengagées, comme les sanctions pénalesinstituées à l’encontre de ceux qui se pré-valent sans droit de l’appellation d’agentimmobilier, ou encore, la lutte contre lesmarchands de sommeil et le bail mobilité.Vers une consécration du plan plu-riannuel de travauxPour la copropriété, il insiste sur le nou-veau système de passerelle qui permettrade faciliter la prise de décisions en assem-blée. Quant au plan pluriannuel de tra-vaux, et considérant que c’est un outilindispensable, Julien Denormandie s’enga-ge à introduire sa création lors de la pro-chaine loi de ratification de l’ordonnance.Le ministre entend aussi lutter contre lavacance et va annoncer une prime pour larénovation. Il rappelle être tenu deprendre des décrets pour des lois votées,même s’il a des réserves sur le fond, expli-quant avoir ainsi signé le décret Pinel deplafonnement des honoraires. Quant autarif sur l’état daté, il précise son entrée envigueur (juin prochain) et l’examen ulté-rieur de son application pour voir s’ilconvient de le modifier.Sur le rapport Nogal, le ministre en reven-dique l’origine. Il ajoute qu’il faut luttercontre la perte de confiance et renforcer lerôle de l’intermédiation. Julien Denorman-die observe la bonne idée de mettre enplace ce caducée de la profession maisévoque des “considérations juridiques”pour éluder la réponse à la demande dereconnaissance officielle.Bulle spéculative et taux négatifUn bel échange d’économistes enfin sur lemarché. Ingrid Nappi-Choulet (Essec) pointele risque d’une bulle spéculative sur le mar-ché parisien du logement, tandis que Nico-las Bouzou observe que de belles etgrandes maisons ne trouvent pas preneurs à30000 en bordure de la forêt desVosges et il invite les acquéreurs à se méfierdes dangers d’une éventuelle offre de prêtà taux négatif. Le principe même de ce prêt,qui signifie que l’avenir est plus certain quele présent, est un non-sens. Loïc Cantin(FNAIM) ajoute que le code civil proscrit deconsentir un prêt à taux négatif 2décembre20196FNAIMJURIShebdoimmobilierll RENCONTREAvec la création d’un insigne, le congrès de la Fnaimvalorise l’image des professionnelsValérie Gomez-Bassac (députée) Loïc Cantin(Fnaim) et Jean-Luc Lagleize (député)
Regrettant de devoir s’exprimer en l’absen-ce du ministre, le président de l’UNIS quicélébrait les dix ans de l’Union le22novembre au Grand Palais, ChristopheTanay a commencé par les points positifs:l’ordonnance sur la copropriété est satisfai-sante sur le fond. Les syndics pourrontgérer dans de meilleures conditions et lescontentieux devraient se réduire. L’objectifde rénovation des logements devrait êtreplus facilement atteintSatisfecit aussi pour l’ouverture que per-met l’ordonnance sur les missions du syn-dic, hors mandat. Une concertation exemplaireLe travail a été apprécié également dans samise en œuvre. La concertation au sein duCNTGI et le travail avec la direction desaffaires civiles et du sceau ont été exem-plaires.L’UNIS regrette toutefois l’abandon duplan pluriannuel de travaux, sur décisiondu Conseil d’État, sans qu’on n’en connais-se les motivations. Les syndics demandentdes mesures fortes, ce qui serait en phaseavec la future interdiction de louer despassoires thermiques à compter de 2028,ainsi que le prévoit la loi Energie et climat.Avec le rapport Nogal en revanche, vien-nent les points de friction. L’idée d’unegarantie totale de paiement des loyers,assumée par les agents immobiliers, nesatisfait pas l’UNIS qui juge qu’elle favorisepar trop les grandes entreprises et consti-tue une entrave aux PME. L’UNIS demandede conserver une liberté de choix de lagarantie du bailleur.Vers une contestation judiciaire dunouveau type de mandat?Rendre obligatoire un mandat de gestionavec garantie va modifier le modèle degestion des entreprises et l’UNIS pointe unrisque que les agents deviennent inféodésaux compagnies d’assurances.L’inquiétude est telle que Christophe Tanayindique que certains envisagent de deman-der une compensation à l’État pour la per-te de valeur de leur fonds de commerce,comme cela a pu être fait en 1981 lors desnationalisations.En revanche, l’UNIS rejoint la préoccupa-tion des pouvoirs publics pour lutter contreles discriminations ou la lutte contre lesmarchands de sommeil.Le rapport Vuilletet a posé le problème deredéfinition de normes, l’UNIS n’est pasopposée à l’idée de nouveaux transferts decompétence en matière de logements,mais souligne qu’il faut aussi de la stabilité,notamment en matière fiscale.Christophe Tanay défend le principe de lacaution, qui est un outil de solidarité fami-liale Elle doit être maintenue, au moins enfaveur d’un proche.L’UNIS préconise de créer un fichier desincidents de paiement pour les profession-nels de l’immobilier, afin de repérer leslocataires de mauvaise foi. Il faut remettrele professionnel au cœur de la procédureet restaurer la clause pénale.L’avenir du dépôt de garantieS’agissant de la proposition de consignerles dépôts de garantie, l’UNIS pointe unecontradiction: comment vouloir faire del’agent immobilier un tiers de confiance etlui retirer la faculté de détenir le dépôt degarantie ?Quant au permis de louer, il pose des pro-blèmes en zones tendues par certainsbailleurs retirent leur mandat de gestioncar le délai de mise en location est troplong. Ces propriétaires louent alors endirect… sans demander de permis. L’UNISdemande que les professionnels soientexemptés de l’obligation de demander unpermis de louer.Des tiers de confianceEn l’absence du ministre, c’est le député deHaute Garonne qui a défendu les proposi-tions de son rapport.“Je veux vous aider à devenir des tiers deconfiance “indique Mickaël Nogal qui pré-cise défendre dans les prochains jours uneproposition de loi à l’Assemblée.Sur le dépôt de garantie, le député obser-ve que la pratique se généralise de ne paspayer le dernier mois de loyer. Il proposedonc de le consigner pour apaiser la rela-tion locative. Il ne s’agit pas de le suppri-mer, mais de mieux encadrer les modalitésde sa restitution.Quant au régime de la caution, le députéconsidère que c’est un système injustesocialement (car il bénéficie en priorité auxménages aisés) et inefficace juridiquement.Elle est certes gratuite mais n’est pas acces-sible à tous, il faut donc la limiter.Mickaël Nogal explique sa volonté demettre en place une intermédiation avecsécurisation totale. Il ajoute avoir uneambition forte pour la profession et que saproposition permettra aux petits cabinetsde concurrencer les grands.Liberté de tarifRépondant à une question de ChristopheTanay, le député répond que le législateurne fixe pas de tarifs et qu’il ne fera pasdavantage demain.Le nouveau mandat qu’il propose s’appli-quera aux nouveaux contrats à partir dejanvier2021 et non aux mandats en cours.Lors d’un renouvellement, le mandatairepourra proposer le nouveau type de man-dat. Le bailleur pourra choisir entre unegestion directe, sans garantie ou une ges-tion intermédiée sécurisée qui comporteraune obligation de résultat avec un paie-ment du loyer à date fixe. Mais la loi n’im-posera aucune stratégie d’entreprise,chaque professionnel restant libre de sesprestations. L’UNIS objecte que si l’adminis-trateur de biens est responsable des inci-dents de paiement, cela l’incitera a êtreplus sélectif pour choisir ses locataires. Enréponse, le député annonce d’autre outils.Un problème de confianceParmi les chiffres de l’étude IPSOS présen-tée par l’UNIS ce 22novembre, citons celuide l’indice de confiance des professionnelsà l’égard des politiques: 97% d’entre euxestiment ne pas être soutenus par les pou-voirs publics. Par ailleurs, 60% des Françaisont plutôt une bonne image des profes-sionnels de l’immobilier et le taux de satis-faction de ceux qui ont été en relationavec un professionnel est de 72%.Les défis des professionnelsIpsos observe que, dans un contexte de cri-se de confiance, ce chiffre est plutôtencourageant et devrait inciter les profes-sionnels à faire œuvre de pédagogie.Enfin, parmi les principaux défis cités parles professionnels pour les prochainesannées, arrivent en tête: les changementslégislatifs affectant la profession et lesmarchés immobiliers, puis les difficultés àrecruter de nouveaux collaborateurs etenfin, l’impact du digital. 2décembre20197UNISJURIShebdoimmobilierllL’UNIS et Mickaël Nogal à couteaux tirésRENCONTRELe député de Haute Garonne a réussi la performance d’abord de se faire huerpuis de se faire applaudir, lors du congrès de l’UNIS sous la verrière du GrandPalais ce 22novembre. Une rencontre quelque peu électrique.Christophe Tanay, président de l’UNISMickaël Nogal, député LaREM de Haute Garonne
2décembre20198JURIShebdoimmobilierllContrôle fiscalSuite des débats à l’Assemblée sur le PLF2020 avec l’article 57 qui autorise l’adminis-tration fiscale à collecter et à exploiter lescontenus librement accessibles publiés surinternet. L’autorisation est donnée à titreexpérimental. Le vote d’un amendement(n°2558) interdit que ces opérations soientsous-traitées. Un autre amendement(n°2564) indique que le contrôle fiscal à l’is-sue de la collecte des données ne devra pasêtre lancé de façon automatique par un algo-rithme. Après divers autres amendements,l’article 57 a été voté.L’article 58 permet une validation tacitepour certains contribuables de leur déclara-tion fiscale. Christine Pires-Beaune indiqueque cela va concerner 10millions de foyers.Jean-Paul Dufrègne en conteste le principeau motif que cela va supprimer la règle duconsentement à l’impôt. Mais son amende-ment de suppression (n°1508) a été repous- et l’article a été voté.Révision du PinelL’amendement n°2939, adopté, modifie l’ar-ticle L 312-1 du CCH pour étendre le champdu PTZ aux acquisitions de droits réels dansle cadre d’un bail réel solidaire. Même suc-cès pour la prolongation du dispositif “Cos-se” qui permet une déduction de 15% à85% en cas de location à prix abordable(amendement n°2571). Sarah El Haïry soutient l’amendementn°2987 qui tend à sécuriser le dispositif IR-PME pour les foncières solidaires. Il a étévoté.(AN débats, 13novembre2019, 2eséance).Le 14novembre, Émilie Cariou a proposé deprolonger le dispositif Malraux pour desopérations de restauration menées dans desquartiers qualifiés (notamment le program-me de requalification des quartiers anciensdégradés et le PNRU). Son amendement(n°2572) a été voté.Barbara Pompili propose de limiter lechamp du dispositif Pinel aux seuls loge-ments collectifs (amendement n°1286). Syl-via Pinel observe que le dispositif est zoné eta été recentré sur les zones tendues. L’amen-dement n°1286 a été retiré mais le 1287,qui prévoit le recentrage du Pinel sur lesseuls bâtiments collectifs, à compter de 2021,a été voté, contre l’avis du ministre.Même succès pour François Jolivet qui pro-pose l’extension du dispositif Denormandiedans l’ancien. Ce dispositif étant actuelle-ment destiné aux rénovations, il vise uneextension aux travaux d’amélioration, com-me ceux qui sont éligibles au PTZ dans l’an-cien, à compter du 1erjanvier 2020 (vote del’amendement n°2982, modifié pour enréserver l’application aux acquisitions àcompter de 2020).Un zonage défini localementSylvia Pinel demande au Gouvernement larédaction d’un rapport sur le zonage.Gérald Darmanin le juge inutile car un rap-port sur le dispositif Pinel a été remis ce14novembre aux parlementaires, faisantsuite à un rapport sur le PTZ. L’amende-ment n°2575 a été rejeté.Toutefois, le Gouvernement préconise uneexpérimentation en Bretagne de la fixationdu zonage au niveau local, dans une com-mune ou une partie de commune. Sonamendement (n°2938) a été adopté, en dépitde fortes critiques sur le choix de limiter l’ex-périmentation à une seule région et sur lapossibilité de faire un zonage pour une par-tie de commune.Thibault Bazin propose par ailleurs d’accor-der plus de facilité de paiement des imposi-tions attachées à un permis de construirecontesté judiciairement. Son amendementn°2908 a été rejeté, le ministre soulignantque l’administration n’exerce aucune actionde recouvrement pendant la durée de l’ins-tance juridictionnelle.Jean-Félix Acquaviva demande le retour dela TVA à 5,5% au lieu de 10% dans le loge-ment social. Mais il n’a pas été suivi (rejet del’amendement n°2854).(Débats AN 14novembre2019, 1eséance).Sous-indexation des APLA l’article 67, de nombreux députés criti-quent le choix de supprimer l’indexation desprestations sociales (APL notamment) enfonction de l’inflation et de les indexer de0,3% seulement. Jean-Paul Dufreigne pro-pose ensuite de recentrer le dispositif de laRLS aux seuls locataires bénéficiant del’APL. Il n’a pas été suivi (rejet de l’amende-ment n°2287) et l’article 67 a été voté.Financement du Grand ParisGérald Darmanin demande d’affecter à lasociété du